elle était très décidée, Niflheim. elle avait trouvé sa voie aux côtés de la jolie Oracle, savait que les guérisseurs lui ressemblaient. que ce destin lui était réservé, du moins. elle imaginait sans trop de peine le rire moqueur de Pandora qui rappelerait à qui veut l’entendre que leur lignée ne contenait pas de guérisseurs — elle arguerait peut-être même que fuir le combat était honteux. étrangement, avec les semaines, Niflheim découvrait que l’avis de son aînée la laissait parfaitement indifférente. elle ne la haïssait pas mais ne l’admirait pas non plus. elle avait arrêté de lui courir après depuis leur dernière altercation à la cascade, ayant gravé ces souvenirs dans son crâne de manière indélébile. elle ne voyait pas l’intérêt de se forcer alors que la noire ne voulait pas de sa compagnie.
elle préférait encore passer du temps avec son mentor — ou plutôt son futur mentor —, sa sœur jumelle, ses parents et les mâles qui n’avaient jamais été que tendresse avec elle depuis sa naissance. elle soupira de contentement contre le ventre chaud de sa mère. il sentait encore le lait même si les jumelles avaient commencé à se nourrir de viande régurgitée. elles avaient donc encore l’occasion de téter de temps à autre, plus par nostalgie qu’autre chose. la présence de sa sœur à ses côtés la rassurait toujours énormément. elle adorait Ingrid, même si elle lui demandait souvent de jouer à la « bagarre ».
elle s’approcha de la gueule maternelle pour lécher gentiment le menton poilu, mordiller ses oreilles inertes ou malmener ses paupières du bout de la langue mais Midona demeura obstinément silencieuse. elle dormait profondément. les jumelles n’étaient pourtant pas très turbulentes mais Ingrid aimait bien filer en douce dès que les aînés avaient le dos tourné. pour une fois, cependant, la petite exploratrice se révéla être Niflheim. elle laissa la tanière dans son sillage après s’être assurée que sa mère pionçait vraiment ; elle avait en tête de rejoindre Oracle, encore une fois. elle y allait souvent en prenant garde de ne pas être suivie. elle n’avait pas encore annoncé à ses proches son souhait de devenir guérisseuse. elle craignait leurs réactions.
elle avait presque atteint le repère de la louve au pelage un peu roux quand un craquement dans son sillage attira son attention. elle leva le visage, les narines dilatées, et chercha le parfum de l’espion. elle reconnut l’odeur douceâtre de son frère aîné, Torak, et se rassura. elle refusa néanmoins de mener son expédition à terme, mimant de jouer avec les branches aux alentours. elle lâcha un rire nasal en se roulant dans la terre, lançant et récupérant un bout de bois en espérant tromper son monde. elle se doutait néanmoins qu’il voudrait savoir pourquoi elle était là plutôt que dans la tanière. il y avait du bois mort devant chez eux aussi.
« halloween »