où tout n’est qu’or, acier, lumière et diamants, resplendit à jamais, comme un astre inutile, la froide majesté de la femme stérile. 35F — 18A — 9E
Ses lèvres sont décousues, laissant fuir un souffle pâle dans la nuit noire. La Navnik bouge rapidement malgré l’engourdissement généré par les températures de plus en plus basse ; son corps est gelé, sa bouche pâteuse et presque insensible. Ses coussinets sont durs, constellés de petites brèches qui vont se mettre à saigner dès que le gel qui les recouvre aura fondu. Le temps commence ses caprices, les réveillant dans la douleur. Par crainte sans doute de voir ses muscles fondre à cause des exercices plus rares, Cersei a laissé le territoire Inkyva dans son sillage. Ces derniers temps, à cause de tous les changements opérés avec l’avènement de Finwë, sa présence est souvent requise au campement ; on lui demande d’accomplir de petites tâches qui s’éloignent un peu de ses attributions normales. Elle a notamment eu l’occasion de se joindre à sa mère et deux autres chasseurs pour rabattre un troupeau d’ongulés qui voulait passer la frontière — on s’assure de maîtriser les déplacements des grosses proies pour en garder toujours quelques-unes sur le territoire, évitant la famine si dangereuse durant l’Hiver.
Autant dire que, si occupée, Cersei n’a pas eu beaucoup d’occasions pour s’éclipser et vagabonder. Ce n’est pas quelque chose qu’elle aime faire, d’ailleurs ; mais c’est bon, de temps à autre, de prendre du recul et s’éloigner. Elle pense souvent à ce que la mort de Nilaya et la promotion de Finwë signifient pour elle ; de l’espoir ? Non, pas vraiment. Inkyva n’est pas son rêve, loin de là. C’est en Navnik que la guerrière se revoit sans arrêt. La situation ne lui plaît pas — mais on ne lui laisse pas réellement le choix. Elle veut croire, cependant, que les choses ne sont pas vouées à rester comme elles sont. Un jour, Sekmet et Navnik réaliseront leurs différences et voudront naturellement récupérer leur indépendance si précieuse. Elle soupire.
Les paysages ont bien changé depuis que ses pattes ont commencé à fouler le sol, beaucoup plus tôt dans la matinée. Son ventre grogne doucement. Un autre détail qui l’ennuie profondément avec la dernière saison de l’année : le nombre exponentiel de calories brûlées pour le moindre effort demandé à son corps. Car ça veut dire manger plus pour alimenter ses muscles en énergie, or la viande est plus rare à cette période. Elle se retrouve donc asthénique, voyant ses congénères se changer peu à peu en fantômes paresseux et mous. C’est énervant. Tout geste est esquissé au ralenti, le rendant prévisible pour un ennemi. Les ruines humaines se détachent étrangement du monde blême. Elles sont grisâtres et portent des odeurs peu familières malgré le temps qui a passé depuis qu’elles ont été abandonnées. Ici, la nature ne semble pas réellement pouvoir reprendre ses droits. Les rues bétonnées sont fendillées par endroit mais restent globalement peu abîmées. Comme si le temps s’était arrêté. La Navnik pose ses membres avec prudence sur la poudreuse fraîche. Les souvenirs du camp de tanières en peaux sont encore très présents dans son crâne, lui rappelant sans cesse de se méfier des Humains dont la cruauté n’égale que l’ingéniosité. Ils piègent tout, empoisonnent parfois les proies qu’ils laissent exprès à la hauteur des animaux afin de les endormir et de les utiliser à leur guise. Les rumeurs vont bon train sur leurs agissements perfides.
Aussi n’est-elle pas étonnée de voir un congénère bloqué. Elle se rapproche doucement, balayant les environs des yeux pour être sûre que ces abominations ne sont pas dans les environs et annonce sa présence d’un raclement de gorge. Cersei devine à son odeur que c’est une femelle. Elle paraît d’ailleurs assez jeune, probablement proche d’elle en âge. Mais plus… chétive. Presque malingre, comparée à la fille d’Argent qui se démène si durement pour prendre du muscle et du gras. Elle parvient à croiser son regard dont les couleurs sont dissemblables. Elle reconnaît sans mal la teinte morne d’un œil aveugle, mais demeure silencieuse devant la nuance vermeille du second. La seule personne de sa connaissance ayant des prunelles rouges réside chez Agmark. Elle lui adresse un salut de la tête, remarquant enfin la source des ennuis de la louve : un piège humain qui a encerclé l’un de ses antérieurs. Ces horreurs ont un mécanisme pernicieux qui ne paraît pas d’accord pour lâcher le maladroit qui a le malheur d’y poser une patte.
— Je peux m’approcher ? Je vais t’aider.
Sa voix est presque caressante, d’une grande douceur dans la pénombre. Elle attend la permission, consciente que beaucoup d’autres loups n’apprécient pas, comme elle, les individus qui envahissent leur espace personnel.
[HP : Je me suis permise de dire, du coup, que Kahn est coincée dans un piège humain. J’espère que ça ne te dérange pas ; c’est plus pour expliquer que Cersei s’intéresse à elle et lui vienne en aide. Tu n’as pas à t’en faire, ça ne laissera pas de blessures dans ton profil.]
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Mer 12 Déc - 18:18
Dans un monde sans haine 6 x 7 x 7
Avez-vous déjà vu de la neige? C'est un spectacle magnifique de ce que l'on dit. Personnellement, je ne la vois pas vraiment, je la ressens surtout! Car oui, sa blancheur immaculée quasi sans ombrage ne me permet pas de profiter de ses beaux reliefs recouvrant les arbres, mon iris ne me permettant que d'observer les ombres, les formes... Je découvre donc pour la première fois la sensation du froid sur mes coussinets. Au début c'est étrange, mais je me surprend à me prendre au jeu. Quel jeu? Celui de la faire craquer sous mes pattes, grincer, couiner! J'adore ça et même si j'avance à tâtons au départ, un peu perplexe, perdue, voilà que je cours désormais comme une dératée la gueule grande ouverte et la langue pendante! Je me sens plus vivante que jamais!
Je cris, je hurle! Inconsciente du danger? Oh oui, vous pouvez me le dire, mais en même temps, cette sensation que le monde sous vos pattes n'est qu'un immense nuage de coton en vaut la chandelle! Maman m'aurait sûrement tapé sur les pattes, demandé de me concentrer sur la chasse, mais personnellement, découvrir le monde m’intéresse bien plus que de chasser, surtout qu'en ce moment, je n'ai pas trop de mal à percevoir les ombres sur un fond blanc quand j'en vois!
Après des heures à courir comme la jeune adulte que je suis, la queue battant derrière moi tel un métronome prit de frénésie, je remarque que les arbres ont laissé place aux bâtiments. Vestiges humains, ils sont tels des dieux divins, ils demeurent, se brisent par petits morceaux avec le temps, mais nous surplombe de leur immensité. Je n'ai jamais rencontré d'hommes, je n'en connais pas la forme. Maman me disait qu'ils se tenaient sur deux pattes, et utilisaient leurs antérieurs pour blesser avec des armes brillantes cracheuses de feu. C'est assez dingue quand on y pense, mais ne les ayant jamais vu, ni sentis, il est dur de les craindre! C'est donc à cause de ma témérité, qu'en errant parmi les décombres, ma patte se retrouve soudainement coincée par quelque chose de dur, de froid. Surprise, je laisse échapper un couinement avant de réellement ressentir une douleur sur mon antérieur. Prise de panique, je me relève tant bien que mal, mais je ne parviens pas à me défaire de la prise de cet étau sur ma patte. L'angoisse lentement se fraye un chemin dans mon esprit. Est-ce un animal? Est-ce un monstre? Plus je bouge et plus je souffre. Mes cris sont comme une alarme, j'essaye d'appeler à l'aide mais qui viendrait m'aider? Moi qui suis seule depuis tant de temps...
Après plusieurs heures qui me semblent être une éternité, je ne bouge plus. Je suis debout tel un soldat mort les yeux ouverts. Je commence à avoir peur pour ma vie, ma survie, et en même temps, je pense à ma mère. Elle me disait que la mort n'était que la suite de la vie, alors, peut être la retrouverais-je elle aussi dans cette autre vie? C'est alors qu'une ombre traverse mon champ de vision. Je la suis, les oreilles droite sans bouger pour autant. Elle est grande, élancé, et ses teintes me font penser à celles du corps sans vie de ma mère, souvenir resté à jamais gravé dans ma mémoire.
— Je peux m’approcher ? Je vais t’aider.
— Je n'ai pas besoin d'aide, je m'en sors très bien seule.
Après une courte pause durant laquelle la voix féminine s'est tue, je me rends évidemment compte que mes propos sont ridicules. Détournant le regard, gênée, je finis pas lâcher:
— Enfin... Vous savez ce que c'est? dis-je en désignant l'ombre difforme qui maintient ma patte au sol.Je... Je ne vois pas ce que c'est...
Vaincue par l'ignorance, mes oreilles s'affaissent sur le sommet de mon crâne. La fierté n'a pas sa place dans un moment comme celui-ci ...
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Elle reste là, similaire à une déité taillée dans le marbre veiné d'or. Ses yeux argentés suivent les mouvements frémissants de la louve, observant de quelle façon ses poumons font danser ses poils sombres en se gorgeant d'air. Elle reluque à nouveau les nuances déconcertantes de ses prunelles, cherche une espèce de raison au carmin qui trône là, rappelant l'eau rouge qui coule dans leurs veines. Tout lui évoque la faiblesse, la chose si honnie, si détestée ; les formes anguleuses de son corps rachitique que la famine a sans doute souvent hanté, les reflets presque ternes de sa fourrure frappée par la lumière de la Lune ; son odeur lui rapporte que la femelle est seule. Pas de meute, pas de compagnon. Sur sa peau réside seulement son propre parfum. Il est un peu passe partout mais pas désagréable — un savant mélange d'humidité et des relents sucrés de la sève. Bien droite, Cersei dévisage sa congénère. C'est peut-être une habitude motivée par sa méfiance naturelle. Il faut tout savoir. Il faut tout comprendre.
La réponse cinglante la laisse perplexe. La Navnik plisse les cils, reluquant sa congénère sans savoir comment réagir. Par le dédain en lui rappelant qu'elle est complètement coincée et que, sans son aide, la mort va venir très rapidement la chercher ? Ou alors se moquer ? La seconde option lui ressemble le plus, mais c'est stérile. Sans compter que l'ennemi de la jeune solitaire est aussi le sien : l'Homme. Elle soupire, penche la tête de côté et pèse encore un peu le pour ou le contre. Elle n'a cependant pas à réfléchir longtemps car l'autre revient sur sa décision. Cersei passe alors de la simple méfiance au scepticisme pur. Elle ne sait vraiment pas ce qu'elle veut, celle-là. La guerrière hausse les épaules, grave un air beaucoup plus froid — c'est le prix à payer quand on la rabroue une fois — sur son visage angélique et lâche un nouveau soupir. Il résonne plus fort que son prédécesseur et signale son agacement.
Elle renonce néanmoins à la posture belliqueuse et aux sarcasmes. Elle s'avance lentement vers la louve, passe à côté d'elle et s'arrête au niveau du membre piégé. Elle étudie un moment le mécanisme. Elle en a déjà vu des semblables sur le territoire, et en a désactivé quelques-uns. Les idées commencent à abonder dans son crâne et la Navnik entame des recherches visuelles. Il lui faut un bâton.
— C'est un piège., que l'Ombre annonce simplement. Les Humains en ont posé beaucoup et se servent de ça pour pas mal de choses. Ça peut attraper des proies mais aussi des prédateurs.
Cersei hésite. Elle a évidemment des questions mais la douleur doit être cuisante — quoique anesthésiée par le vent gelé, sûrement ; il vaut mieux la sortir de là avant de commencer une conversation profonde. Elle recule d'un pas, peu bruyante dans la neige. Elle a l'habitude de se déplacer le plus discrètement possible en toute circonstance.
— Essaye de ne pas trop bouger. J'en ai pour cinq minutes, j'ai juste besoin de trouver de quoi faire un levier. Ne fais aucun bruit jusqu'à mon retour. Les Humains sont peut-être encore dans les parages.
Se prenant aux mots, la jeune guerrière s'éloigne à grandes foulées. Si au début l'idée d'un bâton lui semblait la plus adaptée, il faut se rendre à l'évidence : la ville est peu végétalisée. Elle va devoir dégoter un outil chez les Hommes. De souvenir, le camp dans lequel Midona, Torak et elle se sont glissés en regorgeaient. Pourquoi pas celui-là ? Elle s'enfonce prudemment dans la première tanière. Les murs sont solides, pas comme les peaux qui constituent le nouveau repaire des Humains. Elle se demande ce qui les a poussé à partir, d'ailleurs. Ces maisons-là offrent plus de confort et sont protégées du l'air glacé. Elle s'engouffre dedans. C'est obscur et il faut de nombreuses minutes à ses yeux pour s'habituer. L'odeur de moisissure et de bois noyé prend à la gorge, menaçant de la faire vomir. C'est nauséabond ; et c'est probablement pour ça que les Bipèdes se sont cassés. Elle n'a plus qu'une envie, au passage : les imiter. Elle fouille brièvement les environs. Par chance, la Navnik trouve une longue barre en métal brillant. Elle le serre entre ses crocs et sort aussi vite de l'infâme trou puant qu'elle y est entrée.
Elle retrouve son chemin jusqu'à la louve, glisse la tige en fer dans les mâchoires du piège laissé légèrement entrouvert par la patte qui y est dévorée ; elle referme ensuite sa propre bouche sur l'autre extrémité et commence à tirer vers le haut en y mettant toutes ses forces. Le geste n'a d'abord aucun effet, puis les joints bougent et grincent. Après de longues minutes d'un effort si intense qu'il lui blesse les commissures des lèvres, Cersei parvient à ouvrir un peu les crocs argentés. Juste assez pour que sa congénère puisse en sortir sa patte. Elle grogne en guise de signal et lâche son outil.
Elle exhale un soupir et s'étire. Voilà une bonne chose de faite. Mais une autre lui trotte franchement dans la tête.
— Comment tu as pu ne pas le voir, d'ailleurs ? C'est aussi visible qu'une truffe noire sur un loup blanc.
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Jeu 13 Déc - 11:15
Dans un monde sans haine 6 x 7 x 7
Je ne perçois pas les expressions de mes congénères. Leurs gueules, leurs yeux, les lueurs qui brillent à l'intérieur, rien. Pourtant, cela ne me manque pas. Je n'ai jamais pris ma faiblesse pour un handicap car même si je perçois tout de même les mouvements des oreilles, de la queue, ou même la position du corps et à peu près les nuances qu'il arbore, je suis capable d'entendre mieux que quiconque certains détails que beaucoup de loups oublient de percevoir. Les battements d'un cœur effréné, une respiration saccadée, une intonation... Oui, tout cela me permet de mettre une expression sur la faciès de mes congénères. Et je sais, d'expérience, que celle-ci hésite désormais quant à ce qu'elle doit faire de moi... Mes oreilles, instinctivement, dansent sur le sommet de mon crâne. J'observe à ma façon, j'attends, j'analyse.
Mon propre cœur semble battre comme celui d'une biche que l'on a pris en chasse. Pourtant, je pensais ne jamais ressentir la peur de nouveau, car qui a t-il de pire que de perdre sa seule famille?! Est-ce alors de l'adrénaline? Oui, sûrement. Celle que provoque la souffrance de cet étau sur ma patte, celle de savoir si oui ou non, la mort viendra me voir ce soir.
Un frisson parcourt mon corps quand la louve me frôle. Je n'ai plus l'habitude de ce genre de contact. A vrai dire, ça ne me débecte pas, c'est plutôt ... chaud, agréable. Elle s'adresse à moi, m'explique de quoi il est question. Un piège? Si ma mémoire est bonne, maman m'en a déjà parlé par le passé et pourtant, ce détails si crucial s'est fait la malle de ma mémoire. Je ne réponds pas, trop absorbée à "contempler" ma comparse. Ses ombres, de plus près, sembles douces. Pourtant, son corps arbore une odeur puissante, celle d'une meute. Je n'en ai jamais croisé jusqu'à aujourd'hui, ainsi c'est à "ça" que ça ressemble? Mais malgré le musque des autres animaux avec qui elle vit, ou même ceux qu'elle chasse, je perçois une odeur sucrée, une note fruité. Une sorte de charme naît doucement dans les tréfonds de mon esprit. Elle ne doit pas être beaucoup plus vieille que moi, vu les notes légères de sa voix encore innocente, et pourtant, elle me rappelle ma mère...
Soudain, elle disparaît. Ses "5 minutes" me semble être une nouvelle éternité et je me mets à grelotter. Ainsi donc la neige n'a pas que des avantages... J'écoute les échos que le vent me fait parvenir. Elle est discrète, presque imperceptible mais mon ouïe affinée par mon propre handicape me permet de la suivre sans vraiment la voir. Quand elle revient, je la laisse agir, n'étant pas capable d'aider, je me contente de focaliser mon attention sur ses mouvements, grognements et la pression du piège de ma patte. C'est ainsi qu'une fois desserré, je retire ma patte avec hâte, bien contente de pouvoir enfin lécher la petite plaie qui a été créer par le métal froid m'écrasant.
— Comment tu as pu ne pas le voir, d'ailleurs ? C'est aussi visible qu'une truffe noire sur un loup blanc.
Je laisse passer un peu de temps après sa question car n'ayant jamais vraiment évoqué le sujet avec quiconque, je ne sais pas comment présenter la "chose"...
— Alors y'avait un ours, un bon gros coup de patte, et mon oeil a fait pschiiiit, puis plus rien. Quand j'me suis réveillée je voyais plus que des formes floues, des ombres tout ça tout ça quoi. Mais ça veut pas dire que je suis faible pour autant. Après tout, même coupée la tête du loup peut encore mordre non?
Je souriais à ma congénère, étirant mes babines en un large rictus risible, fière de moi et de la réplique bien placée que je viens de lui balancer, bombant le torse tandis que ma patte me fait encore grimacer intérieurement.
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Si la voix est celle d’une adulte, les mots quant à eux sont empreints d’un esprit juvénile. Elle s’exprime avec une simplicité presque déconcertante, au point que Cersei en reste silencieuse. Elle l’observe. Elle la reluque sans vergogne, ne comprenant pas vraiment ce qu’elle est censée ressentir dans ces moments-là. De la compassion ? Du dégoût ? Ou seulement un désintérêt profond ? C’est sans doute bizarre de se poser la question ; les autres — qui sont normaux — n’ont pas besoin de tergiverser. Ils éprouvent un sentiment, voient naître une émotion et les comprennent. Elle, c’est plus timoré. Elle sent bien qu’une chose remue dans ses entrailles. Quelque chose qui ressemble à de la pitié, mais Cersei n’est pas convaincue que ce soit approprié dans une telle situation.
Et puis, peu importe comment la Navnik évalue la femelle, elle est faible. Elle n’a aucune force. Son corps est tout maigrichon, proche du point de rupture. Elle pourrait la briser d’un seul et unique coup de crocs, ce qui est en soi très affligeant pour la guerrière. Y a-t-il réellement une possibilité de survie pour des loups si mal dotés par la nature ? L’autre n’est-elle pas vouée à mourir de faim ou aux mains des Humains avec son handicap qui l’empêche vraisemblablement de discerner les dangers qui planent. Elle ne dit rien, se contente de regarder la louve bomber le poitrail avec une fierté que Cersei reconnaît ; c’est une chose qu’elle-même s’amuse à faire si souvent pour donner à ses proches une impression de grandeur et de force. Il y a une saveur douceâtre qui embrase son cœur — une sensation de familiarité qui l’oblige à ranger sa trop mauvaise langue au placard.
— Mh… Elle hésite un peu. Viens avec moi. Je vais m’occuper de tes blessures une fois qu’on sera hors de portée des Hommes.
Elle prend un ton calme et doux. Un ton qu’elle-même ne pensait pas posséder il y a encore quelques mois mais qu’elle a peu à peu développé au contact des louveteaux dont sa sœur s’occupe. Elle l’effleure à peine en la précédant, s’engouffrant à un rythme lent dans les ruelles désertes. Elle a les sens déployés, s’assurant qu’aucune menace ne plane. Au bout d’un moment, la jeune guerrière trouve une maison qui paraît moins délabrée et plus salubre que les autres. Elle entre en poussant la porte qui grince légèrement, indique à sa congénère de la suivre mais se rappelle que l’autre ne voit rien ou presque. Elle lâche un soupir. Ça ne va pas être facile.
— Suis-moi bien. Fais attention où tu poses les pattes, le sol est peut-être instable.
Par chance, aucun incident n’est à déplorer. Elle découvre un large canapé plus ou moins épargné par l’humidité et s’allonge dessus, invitant sa congénère à l’imiter. Une fois installées face à face, la guerrière amenuise la distance entre elles jusqu’à pouvoir lécher les plaies qui saignent encore un peu. Elle le fait soigneusement en veillant à ne pas la blesser davantage.
— Je m’appelle Cersei, au fait. Je suis une guerrière de la meute Inkyva. Tu viens d’où ?
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Sam 15 Déc - 9:18
Dans un monde sans haine.
Kahn & Cersei
« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
— Mh… Viens avec moi. Je vais m’occuper de tes blessures une fois qu’on sera hors de portée des Hommes.
Il est étrange de voir que la louve face à moi persiste à m'aider. Cela doit bien faire huit lunes que je suis seule et que personne ne s'en soucis. Huit lunes à observer le ciel sans vraiment le voir car lui seul est témoin de mon existence, lui et mes proies bien sur. Je finis par hausser les épaules, et à la suivre. Son ombre se distingue plutôt bien avec la lumière de la neige. Je ne peine quasiment pas à voir le mouvement de ses oreilles sur le sommet de son crâne. Elles sont agités, sans doute est-elle quand même un peu sceptique quant à mon cas.
—Suis-moi bien. Fais attention où tu poses les pattes, le sol est peut-être instable.
Je souris, étirant mes babines de par et d'autre de ma gueule. Pas de soucis chef, je ne vais pas te lacher d'une semelle! Me rapprochant de la louve à la voix délicieuse, nos poils se frôlent de nouveau. Elle s'engouffre un peu plus parmi les ombres et je commence à plisser mes yeux, instinctivement, pour mieux percevoir sa silhouette qui doucement se mêlent à la noirceur de la maison. Mes sens la sens m'échapper après un arrêt, il semble qu'elle ait pris de la hauteur en sautant sur quelque chose. Je l'imite. Puis, contre toute attente, elle se met à me lécher comme le faisait ma maman. Ma tête recule et mes oreilles se plaquent en arrière à son contact, même mes babines se sont retroussées par réflexes, mais quand sa langue chaude et rappeuse parcourt mes plaies c'est une sensation étrange qui s'invite en moi. C'est comme si mon corps se baignait dans une rivière chaude et agréable. Comme si, enfin, je retrouvais le contact apaisant de ma maman lorsque j'étais loupiotte, inquiète. Mes oreilles immédiatement se mette à jouer les girouette tant c'est apaisant, mes yeux eux, se ferment lentement pour me laisser envahir par tout ce qu'elle provoque en moi. Si je pouvais ronronner, croyez moi que je ne m'en cacherais pas mais au lieu de ça, je me tasse un peu plus dans mon épais manteau d'hiver pour garder ma chaleur et me reposer un peu.
— Je m’appelle Cersei, au fait. Je suis une guerrière de la meute Inkyva. Tu viens d’où ?
— Ma maman m'appelait Kahn mais elle est morte quand j'étais petite. L'ours.
C'est la première fois que je parle de moi à quelqu'un et si au début je ressens un pointe de tristesse, sans doute à cause de ses léchouilles qui me ramollissent le cerveau, je finis par m'ébrouer et reprendre contenance, ça suffit les envoûtements!
— J'habite partout où je vais, c'est plutôt cool. Mais dis moi, tu es plutôt douce pour une guerrière, j'pensais que tu serais comme cet ours moi, plutôt brute épaisse que... Qu'un loup qui vient m'aider! C'pas contre toi hein! C'est juste que d'habitude on m'ignore alors une vraie guerrière... Fin, j'aurai pas cru. T'es cool quoi.
Je détourne le museau, un peu gêné. Je n'imagine pas un seul instant que je puisse l'offenser et pourtant, tenir de tels propos... Ma maman m'aurait sans doute remise à ma place mais ayant fini ma croissance seule, j'ignore tout de la bonne attitude à tenir en compagnie de mes compères...
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Elle surprend une réaction vive de la part de la louve. Un mouvement de recul, presque instinctif et violent. Un geste de peur ? La Navnik n’est pas sûre. Si la crainte a rôdé dans les veines de sa congénère, elle n’y reste pas longtemps. Elle la sent se détendre et pousse un soupir de soulagement. Au moins, la louve ne paraît pas souffrir assez fort pour que ça lui nuise réellement. Elle continue de soigner délicatement la blessure. Elle pince la plaie pour en rapprocher les bords, les obligeant à se toucher pour recouvrir la partie à vif par les chairs encore saines. Il faut éviter les infections, après tout. Cersei hésite à ramener la solitaire à proximité des terres Inkyva pour éventuellement demander une faveur à l’un des guérisseurs de la meute ; mais elle se ravise. Elle ne connaît pas la môme. Elle ne sait pas si elle ne va pas lui attirer des ennuis et précipiter sa disgrâce.
Kahn commence à raconter son histoire. Intriguée, la Navnik l’écoute avec attention. Elle est vraiment toute seule ? Complètement seule ? Elle n’arrive pas à l’imaginer. Par quel miracle une gamine peut-elle survivre à un drame pareil, jeune et isolée, sans personne pour veiller sur elle ? Elle prend alors conscience de sa grande chance d’être née au cœur d’une meute, avec deux parents en bonne santé et assez forts pour ne pas succomber à leurs ennemis. Elle évoque sa liberté, essayant peut-être d’adoucir son sort en mettant en avant un droit de disposer de son corps comme il lui plaît. Cersei n’est pas comme elle. Elle ne rêve pas. Elle n’a pas l’ambition de voir son âme se répandre partout, loin de là ; elle préfère la servitude, obéir à un Alpha qui la protège en échange et qui assure la sécurité de sa lignée.
Elle éclate de rire en écoutant les paroles somme toute très enfantines. Son front se barre d’un pli décontenancé. Jamais les guerriers n’ont reçu si peu d’égard qu’à ce moment précis où ils sont comparés à des ours se jetant aveuglément dans la mêlée ; qu’elle soit constituée d’ennemis ou d’alliés. Elle hausse les épaules en souriant, pose doucement sa patte sur le sommet du crâne de Kahn -une punition assez douce en fait- et se décide à l’instruire.
— Les vrais guerriers sont comme moi. Ils savent quand aider, quand sévir et quand se battre. Un soldat prête allégeance à un Alpha, il doit être capable d’obéir et de se contrôler pour ne pas mettre son dominant dans l’embarras. Ceux qui frappent tout le monde et sont sanguinaires ne peuvent pas appartenir à une meute ; ils sont seuls et voués à le rester. Aucun clan n’adoptera jamais un paria à moitié aliéné.
Elle esquisse un sourire malicieux et se penche pour chuchoter près de l’oreille de la jeune louve.
— En revanche, si la liberté t’ennuie un jour… Je suis sûre que mon Alpha sera ravie de t’accueillir.
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Mer 19 Déc - 13:20
Dans un monde sans haine.
Kahn & Cersei
« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
J'écoute avec un intérêt grandissant, les paroles de la louve aux ombres face à moi. Elle est sage, et me fait penser à ma maman. Ma queue frétille doucement derrière moi, je me sens réellement apaisée. C'est un peu comme si ma mère avait laissé une partie d'elle en Cersei, est-ce seulement possible?
— Tu me fais penser à ma maman. Elle était gentille, comme toi, et c'était la seule à m'apprendre des choses. Dis, tu crois que je peux avoir une autre maman? Je... Je t'avoue que des fois, j'ai l'impression de devenir "zin zin". La solitude c'est pas si mal, mais... Quand je te vois, enfin, te "vois", et t'écoute, je prends conscience que j'ai du retard. Beaucoup. Mais, je sais que si quelqu'un m'apprend, je serai sage, et j'écouterai!
Je bombe le torse, redresse mes oreilles sur le sommet de mon crâne pour lui prouver que moi aussi, peut être un jour, j'aurai l'étoffe d'une vraie guerrière! C'est d'ailleurs étrange comme sensation... Un mélange de bien être de me savoir entourée et aidée. J'ai envie de rester à ses côtés. Oui, pour sur, j'aimerai qu'elle me garde avec elle. Et pourtant, au fond de moi, une petite alerte sonne. Cette alerte qui me hurle de ne plus aimer, de ne plus m'attacher de peur d'être à nouveau la source des malheurs de quelqu'un.... Mais il est bien difficile d'écouter la voix de la sagesse, et de la raison qui résonne en moi quand on est si seule depuis longtemps... Mais avant qu'elle ne me réponde, je me redresse, et gonfle le pelage tout en posant mes yeux handicapés sur son être:
— Mais même si je vois mal, même si je suis jeune, je sais que j'ai un grand pouvoir en moi, de vraies capacités! Je te promets que je te prouverai que j'en vaux la peine! Je te rendrai fière! Je serai gentille et obéissante, enfin, d'autant que je le peux mais je te promets d'être une louve digne de la guerrière puissante que tu es, Cersei!
Ma queue n'est plus que frénésie tant je suis excitée à l'idée d'avoir enfin quelqu'un à chérir, et à aimer. Je ne serai plus cette petite louve timide et oisive, non, je promets d'être forte, et de prouver mes capacités, et peut être qu'un jour... qui sait... Je rejoindrais une meute, une vraie!
où tout n’est qu’or, acier, lumière et diamants, resplendit à jamais, comme un astre inutile, la froide majesté de la femme stérile. 35F — 18A — 9E
Elle renonça à observer le beau visage abîmé de la deuxième louve pour reluquer la pénombre. Elle avait déjà repéré le bâtiment en meilleur état que les autres quelques heures plus tôt. Il était légèrement en retrait des hautes tours explosées, ce qui le rendait sans doute plus sûr et sécurisant. Au pire, si des Hommes déboulaient maintenant, les deux femelles n’auraient qu’à se glisser à l’étage supérieur. Une fenêtre éclatée donnait sur un tas de bûches coupées qui faisaient un escalier relativement acceptable pour fuir. Pourtant, tout était très calme. Cersei se demanda si ce n’était pas lié à la nuit perpétuelle. Les Humains avaient paru désordonnés et perdus lors de sa mission avec Torak et Midona. Ils tapaient un peu au hasard en lançant des regards effrayés vers les ombres. Ils n’y voyaient peut-être pas grand chose dans l’obscurité ? Tant mieux ! Ils étaient vulnérables et à leur merci jusqu’au retour du soleil. Elle se promit de soulever ce point avec Finwë. Même si la guerrière doutât que son Alpha était animée par de telles pensées vengeresses, il lui était sûrement possible de planter dans sa tête l’idée qu’ils puissent profiter de la faiblesse humaine pour les terroriser. La peur les obligerait à partir tôt ou tard.
Elle se reconcentra sur Kahn dont les paroles avaient un doux parfum d’incohérence. Cersei ouvrit de grands yeux en l’écoutant. Elle hésita un long moment à parler, la laissant vider son sac. La solitude devait beaucoup lui peser. La guerrière ne s’imaginait pas devenir solitaire un jour. Elle avait un rang, des choses à accomplir. Une utilité. Cela la rassurait énormément, lui donnait un but pour se lever tous les jours. Elle ne comprenait pas que l’on puisse sciemment renoncer à toutes ces choses pour une vie insécurisante, où le danger venait aussi bien des autres solitaires, des prédateurs, des Hommes, des meutes, de la famine… Elle n’était même pas bien sûre de comment une louve « handicapée » ait pu atteindre l’âge de Kahn. Ça n’avait pas de sens.
Son enthousiasme réchauffa un peu le cœur pétrifié de la guerrière Navnik. Elle lui sourit doucement, même en sachant que la jeune femelle ne pouvait pas le voir. Elle soupira gentiment, prenant un air faussement ennuyé. En réalité, avoir une apprentie - même plus âgée qu’elle - ne la gênait pas, loin de là. Ça avait quelque chose d’assez excitant. Peut-être qu’elle semblerait plus valeureuse aux yeux des siens si elle formait quelqu’un. En plus, Cersei avait le sentiment que Kahn ne mentait pas en disant être prête à écouter et obéir.
— D’accord. Mais ce ne sera pas facile, je te préviens ! Je vais être impitoyable comme le monde le sera toujours avec toi. Je ne passerai pas au-dessus des erreurs. Je te reprendrai encore et encore tant que les gestes que je demanderai ne seront pas parfaitement exécutés. Je m’en fiche que tu voies mal. Tu es un loup, tu es forcément capable de représenter une menace pour quelqu’un. Tu compenseras tes yeux par une autre force ; j’en suis intimement persuadée.
Sa queue commença à frétiller dans son dos, signe que la bonne humeur de Kahn l’avait contaminé.
— Dors un peu. Je te guiderai jusqu’aux terres de ma meute après. Tu pourras t’installer à proximité pour que je te retrouve le plus souvent possible.
Elle s’étira ensuite, presque féline, avant de se redresser. Elle poussa gentiment la jeune louve pour se glisser entre elle et le dossier du canapé. Elle déposa après sa tête au-dessus de la sienne, l’encourageant à se coucher confortablement pour se reposer. La route était longue, encore plus si il leur fallait chasser un peu pour le bien de Kahn. Elle la trouvait affreusement maigre. Par chance, la petite venait de se trouver une protectrice avec quelques talents en chasse.
[On peut clore le RP là-dessus, je pense, et en ouvrir un autre si ça te tente ? ]