Il était enfermé depuis des semaines. Il ne pouvait pas dire combien parce que le temps passait différemment dans la cage. Les jours prenaient l’allure de mois et les secondes avaient l’air éternelles. Il était à bout de souffle, le jeune mâle. Le monde lui manquait. Il pensait à Nala et aux filles tous les jours, fatigué par leur absence et par les nuits sinistres qu’il passait loin d’elles. Sans qu’il ne le remarque véritablement, Sonveen s’était attaché à ces femelles-là ; probablement car elles ne ressemblaient en rien à l’archétype de la louve acariâtre et creuse. Elles avaient toutes les trois une personnalité unique, les rendant presque « agréables » à fréquenter. Pourtant, voilà des jours qu’il ne les avait pas vu. Il commençait à se demander si la mère avait réussi à nourrir ses mômes sans encombre, et si elle-même était en bonne santé. Il avait le cafard, le jeune mâle. Il avait peu à peu vu s’effacer son tempérament de tête brûlée, cessant de se jeter à corps perdu contre les grilles rouillées de sa cage. Cela ne servait à rien. Il n’en était pas devenu docile pour autant, montrant toujours les crocs lorsque les Humains entraient dans son champ de vision — mais il assurait sa survie en gobant ce qu’ils étaient prêts à lui céder. Ses muscles avaient perdu en tonus et pendouillaient mollement, atrophiés par le manque d’exercice.
Ce qui le blessait le plus, cependant, ce n’était pas vraiment l’isolement. C’était surtout ces expériences qu’ils menaient sur lui. Ils abîmaient sa peau en y plantant des aiguilles, en y collant des perfusions étranges. Et on l’étudiait. On le touchait. On le caressait. On le poussait sans arrêt dans ses derniers retranchements, lui envoyant des doses folles d’anesthésiant pour qu’il ne se rebiffe pas. Il ne pouvait pas bouger, ni mordre ou vociférer, sa langue était continuellement pâteuse et lourde. La seule chose qu’il était autorisé à faire se résumait à regarder. Profondément marqué par cela, le jeune mâle ne pouvait rien faire d’autre que se tasser en espérant que les choses changent.
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Dim 2 Déc - 14:05
11F 18A 10E.
YOU CAN'T TAKE ME
Les Humains venaient de moins en moins souvent l’ennuyer. Ils semblaient ailleurs, comme perturbés. Il passait de plus en plus de temps seul avec lui-même, les autres cages demeurant vides — ce qui était déjà étrange, d’ailleurs. Au moment de son arrivée, ils étaient nombreux à attendre un salut quelconque. Il n’y avait plus personne désormais. Les autres loups capturés plus tard avaient peut-être été transportés à un autre endroit ? Quelque chose en Sonveen en doutait sérieusement. Il observait les allées et venues de ses gardiens ; des gardes qui devenaient moins régulières. Ça lui donna l’idée saugrenue d’une évasion. Après tout, ces cages ne pouvaient pas être si résistantes que cela. Lentement mais sûrement, il commença à ronger ses barreaux et à se balancer lourdement sur la porte. Jusqu’au jour où, tel un miracle, le loquet céda et la porte se déroba. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il était libre de ses entraves. Après quoi, il s’appliqua à rester discret et à sortir le plus vite possible de cet Enfer. Il ne s’arrêta de courir qu’une fois profondément enfoncé dans la forêt, slalomant sur ses jambes faibles. Il rejoignit aussitôt Nala et les deux gamines à l’endroit où il les avait laissé : le terrier.
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