Messages : 132Points : 314Age : 1 anSexe : FemelleRang : GuerrièreBlessure : Maladie : Détails blessures : Aucun symptôme.Dé & bonus possedé : 1 bonus anti-famine
1 Écorce Brune
1 Baie Cœur de Mer
1 Mousse des Marais
1 Toile d'Araignée
1 Miel
+2 dés de chasse bonusIcone :
| | [Défi de rang : Recrue → Combattant] On lit dans ses yeux que c’est son monde pendant que son corps bouge et danse le long des frontières. La barrière est si fine qu’il n’y a qu’un pas à faire pour passer d’un côté ou de l’autre. Alors, les sens étendus à la façon des fils d’une toile d’araignée, Cersei esquisse des petits bonds. Elle entre chez Inkyva, ressort de là, et recommence. Ça ressemble à un ballet — Une valse entraînante et assurément mortelle pour quiconque n’est pas de la meute. Il y a des relents qui traînent. Ceux de ses proches et ceux des Sekmets. Elle a été obligée d’apprendre à les reconnaître pour ne pas accuser un inconnu d’avoir pénétré sur les terres sacrées ; mais c’est pénible de les considérer comme des membres de sa grande famille.
Elle foule le sol gelé de la montagne qui s’élève doucement vers les nuages. Les hauteurs lui plaisent et le climat rude lui rappelle son père ; il lui vend ce rêve illusoire qu’un jour, Cersei elle-même sera aussi dure et impitoyable. Aussi crainte et respectée, également. Elle tremble à l’idée. Il n’y a rien de plus séduisant que le pouvoir conféré par la plus pure des violences — Elle est maîtresse suprême dans un monde où ses congénères sont souvent faibles et viciés. Son trot est rapide, réveillant ses muscles anesthésiés. Ses narines frémissent de toutes les odeurs familières qui lui parviennent ; jusqu’à ce que deux l’appellent. Deux parfums inconnus et étranges. Musqués comme le sien, des notes d’humidité sur les bords. Peut-être ceux de pelages étrangers, gorgés d’eau à cause des pluies récentes. Ses yeux s’étrécissent jusqu’à former deux fentes minuscules et brutales, brillant dans la pénombre. Elle se coule à foulées prudentes dans la direction des intrus, veillant à rester dans le sens inverse du vent pour qu’il ne trahisse pas ses déplacements ; la piste n’est pas compliquée à suivre, ils n’ont même pas tenté de prendre la moindre précaution. L’odeur âcre du sang s’ajoute bientôt aux autres. Elle est prenante et agresse le museau de la jeune guerrière. Elle met un coup de frein en se sachant proche, choisissant d’avancer le ventre à terre. Le sol glacé dépose un peu de saleté dans ses poils mais Cersei n’y prête aucune attention. Elle est entièrement focalisée sur ces deux individus. Elle reconnaît désormais un mâle et une femelle. Ils sont assez jeunes, d’ailleurs. Le mâle est tout juste mature sexuellement, sa camarade pas encore.
Dissimulée soigneusement dans la broussaille, la guerrière observe le couple. Ils dévorent une carcasse à l’odeur dérangeante. Le sang est sec, les mouches ont colonisé les plaies laissées par un prédateur avide. Ce n’est qu’une dépouille abandonnée que des charognards ont décidé de se taper — Malgré les grands risques de tomber malades. Cependant, ce que Cersei ne peut ignorer c’est qu’ils sont sur les terres de sa meute. Ils n’ont pas le droit de s’y tenir. Personne ne les a invité. Elle s’accorde quelques secondes pour réfléchir dans l’obscurité, les neurones énervés. Elle décide de s’éloigner le plus possible sans bruit, prenant à gauche sur de longs mètres. Une fois hors de portée, la Navnik rejette la tête en arrière et pousse un hurlement déchirant, censé alerter ses proches — guerriers et sentinelles — du crime perpétré. Elle retourne ensuite à sa planque initiale. Elle sait qu’ils ne l’y attendent pas, étant donné la direction du cri. Cachée, Cersei se prépare à l’offensive. Les deux loups, comme espéré, se sont éloignés l’un de l’autre à cause de l’alarme. Ils cherchent des yeux la source de leur malheur sans s’arrêter sur le buisson où s’est dissimulée la Navnik. Elle concentre alors autant d’énergie que possible dans ses postérieurs et relâche tout très brutalement dans un saut violent. Elle renverse la femelle, plus maigre et plus petite que son congénère, et lui referme ses crocs sur la gorge peu musclée. Le mâle se stoppe net, la dévisageant avec un air de peur et de colère mêlées. Cersei lâche un grognement sourd en s’accrochant au cou sanguinolent. Elle le sent prêt à attaquer. Le problème étant qu’ils sont plus ou moins à forces égales — Il lui faut donc ruser pour gagner.
— Recule., que sa voix crache dans un souffle rauque et menaçant. Recule ou je la bute.
Il paraît hésiter mais obtempère enfin. Bien. Elle en déduit qu’il est attaché à la louve, de quelque façon que ça puisse être. Un sourire moqueur s’insinue sur ses lèvres ; l’amour rend faible. Céder aux caprices du cœur nous balance face aux pires dangers de ce monde. Elle lève haut la queue, et garde les lèvres découvertes, marquant sa dominance. Son poil hérissé lui confère une allure plus impressionnante, Cersei le sait. Elle se grandit au possible, la gorge de la femelle toujours entre les mâchoires. Elle la secoue brutalement alors que la blessée exhale de petits gémissements effrayés. La queue plaquée contre le ventre et les oreilles couchées, la plus raisonnée des deux paraît se repentir. L’autre, cependant, garde une position ambiguë qui empêche Cersei de relâcher son étreinte dangereuse. Elle accentue sa prise sur la peau qui éclabousse son pelage et arrache un véritable cri déchirant à la jeune louve. Le mâle sursaute et couche les oreilles sur son crâne. Cersei regarde la peur qui naît lentement dans ses yeux écarquillés. Il se tasse et se recroqueville sur lui-même. Elle pleure entre ses canines et supplie à voix basse. Quelque part, au fond de son ventre, la guerrière sent quelque chose se retourner. Elle diminue un peu la pression exercée sur la trachée pour laisser l’air nourrir les poumons de la coupable, lançant un énième regard à son compagnon. Il se tasse sur lui-même.
— Laissez-nous partir, s’il vous plaît.
Cersei marque une pause, lorgnant l’individu avec suspicion. Lentement, ses mâchoires se desserrent et la louve s’écroule lourdement sur le sol. Campée très droite, toujours dominante dans son allure, la guerrière signale au mâle qu’il peut partir d’un coup de queue. Il la dévisage. Sa camarade cherche à se relever pour le rejoindre mais la Navnik n’est pas stupide — Elle écrase la tête blanche de son antérieur droit et réitère une seconde fois son invitation à décamper.
— Et mon amie ? — Elle te rejoindra quand je l’aurai décidé. Dégage. Ma patience a des limites. Il lance un regard vers son amie, puis en direction de la carcasse. — Ça reste ici. C’est à nous. Vous n’auriez jamais dû venir ici pour commencer. Vous êtes stupides, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-mêmes pour ce qu’il vient de se passer.
Elle le tue littéralement des yeux. Elle n’est déjà plus qu’un amas de brutalité latente. Il paraît se résigner et s’éloigne en lançant un sourire navré à sa camarade. Voilà pourquoi Cersei déteste à ce point les mâles : ils sont lâches. Ça rime, d’ailleurs. Si les places avaient été inversées, Cersei se serait battue jusqu’à la mort pour protéger son partenaire. Jamais elle n’aurait cédé. Même si pour ça il lui aurait fallu verser jusqu’à la dernière goutte de sang et vendre son âme au Diable pour continuer à se battre encore.
Elle le regarde disparaître dans les fourrés. Elle craint une attaque surprise — Par prudence, la guerrière patiente un moment qui lui semble interminable avant de retirer sa patte du visage de la louve.
— Terriblement vaillant ton preux chevalier.
Son sarcasme résonne et tout le mépris qui y est logé agresse les tympans de sa congénère. Elle se recroqueville, la moue dépitée et les yeux inquiets. Cersei lui permet de se relever. Elle vacille et chancelle sur ses pattes, mais est bien vivante. L’autre paraît étonnée qu’on la laisse sauve.
— Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ? — Tu te casses et tu ne reviens jamais. C’est aussi simple que ça. Je vais te raccompagner aux frontières. J’espère que ton copain est bien rentré chez lui, sinon c’est toi que j’égorge.
Elle hoche doucement la tête. Cersei lui adresse un signe sec de la queue pour que la louve se mette en route. Elle la dépasse donc et la guerrière lui emboîte le pas. Retourner aux frontières prend un moment durant lequel personne ne cause. La Navnik est préparée à l’éventualité d’une vengeance et reste à l’affût. Ses oreilles tournent dans tous les sens, quêtant le moindre son et son corps a préservé l’allure de pure dominance et d’intimidation ; elle ne peut pas montrer une faiblesse à ce moment précis. Elle doit protéger les siens — Le reste n’a plus d’importance. La barrière olfactive se profile et la louve lâche un soupir de soulagement en remarquant que personne n’y est. Elle foule le sol et se retrouve du bon côté, lançant un regard teinté de mille excuses à Cersei qui demeure là, campée fièrement sur ses quatre membres solides, jusqu’à ce que l’ombre de la femelle ait disparu dans la pénombre. La rancune s’amenuise et l’adrénaline s’éloignent comme l’eau à marée basse. Préoccupée par de possibles représailles, Cersei s’applique à faire un tour minutieux des terres en s’assurant qu’aucun autre solitaire suicidaire n’en a après leurs proies. Elle ne trouve rien et rentre au camp — épuisée et lasse — où son premier réflexe est d’informer son supérieur de ce qu’il s’est passé. Vidée de toute son énergie, la guerrière s’engouffre ensuite dans la tanière familiale sans manger et se couche dans un coin. Les siens dorment déjà, inconscients de ce qu’il s’est passé.
C’est ça, la voie du guerrier.
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