Chasse continue - SOLO

Renn & /

Renn ne connaissait pas ces terres. Ses pattes n'avaient encore jamais foulé cet endroit, et pourtant elle savait qu'elle trouverait ce qu'elle cherchait ici. La nature lui parlait. Les arbres, le vent, les rochers, la terre, tous lui apprenaient tout ce qu'elle voulait savoir. Elle avait appris dès son plus jeune âge à écouter la forêt, et elle pouvait en décrypter tous les signes que beaucoup ignoraient. Elle avait vu les petites empreintes presque invisibles d'une souris dans une flaque de boue plus tôt. Elle avait aussi repéré les éclats d'une noisette que le rongeur avait entamé en s'arrêtant près d'un petit buisson de baies. Renn avait reniflé ces dernières et en avait gobé quelques unes en voyant qu'elles étaient comestibles. Puis elle avait repris sa traque. Elle s'approchait de la souris, elle l'avait compris en voyant un rapace tourner plus haut dans le ciel non loin. Lui aussi la chassait. Mais le faucon, d'une taille inférieure à celle de la louve, ne s'oserait pas à descendre si près. Il lui laisserait cette proie ou s'en emparerait si elle venait à échapper à Renn. Telle était la loi du plus fort. La loi de la nature. Un bruissement léger attira l'attention de la louve. Un animal à l'ouïe moins développée ou moins expérimenté ne l'aurait pas remarqué. Mais Renn n'était ni l'un ni l'autre. Elle s'immobilisa et retint son souffle. Patienta ainsi jusqu'à ce qu'un second bruissement ne vienne à elle, lui permettant ainsi d'identifier la position et la direction de l'animal. Elle progressa lentement, à pas feutrés, se dirigeant vers le rongeur qu'elle devinait se trouver juste derrière le tronc d'un arbre mort dont le vent faisait grincer les branches noircies. Le vent était avec elle aujourd'hui, il ne trahirait pas sa présence, ce qu'il lui indiqua en soufflant une bourrasque face à elle qui lui amena par la même occasion l'effluve du rongeur. Renn contourna l'arbre. Vit la souris, qui se nettoyait la tête en léchant ses petites pattes avant de les frotter derrière ses oreilles rondes. La louve se figea, puis adressa un remerciement silencieux à la forêt pour cette proie et une excuse à l'intention de cette dernière, qui ne se doutait pas une seconde que sa fin allait survenir d'un moment à l'autre. Le temps sembla s'arrêter, tandis que Renn se concentrait. Son regard émeraude était rivé sur sa proie, ses pattes se fléchirent sans un bruit, ses muscles se bandèrent, puis d'une impulsion qui la propulsa en avant, elle bondit en direction du rongeur. Une foulée fut tout ce dont elle eut besoin pour atteindre sa proie. Elle se jeta dessus et écrasa la souris de ses pattes avant, puis fit craquer la nuque fragile d'un claquement de crocs, ôtant la vie à l'animal. Elle entrepris d'enterrer sa proie sous un petit monticule de terre, dont elle nota mentalement la position pour venir la rechercher plus tard, puis continua sa traque un peu plus loin.

Les pas de Renn la conduisirent à une zone qu'elle aurait préféré éviter. Les marais s'étendaient devant elle, les étendues d'eau malodorante frémissant de temps à autre au passage d'un poisson ou d'un batracien. D'ailleurs, ce fut un batracien qui attira l'attention de la louve. Une énorme grenouille se tenait sur un rocher non loin d'elle, et la louve se plaqua au sol pour mieux l'observer. Ce n'était pas une proie dont elle raffolait, mais faire la difficile n'était pas dans ses options. Elle devait se nourrir si elle voulait survivre, et dans la dure vie de solitaire, n'importe quoi ferait l'affaire. Et elle savait qu'elle ne pourrait compter sur Kayn pour l'aider. Oh son frère savait chasser comme tout autre loup, mais elle se débrouillait bien mieux que lui, et surtout, elle se doutait qu'il ne la nourrirait pas si elle venait à en avoir besoin. Il garderait ses proies pour lui. Ce que Renn comprenait, bien qu'elle soit prête à le sauver de la famine, au contraire de lui, si cela venait à se produire.
La louve se concentra de nouveau sur sa proie, dont le thorax se gonflait et se dégonflait au rythme de ses coassements. Elle s'avança d'un pas vers le batracien, mais fit une erreur qu'elle n'avait pas prévue, trop plongée dans ses pensées. Pourtant, son mentor lui avait répété de nombreuses fois à quel point la concentration était importante pendant la chasse, que l'esprit devait être vide et que seule la proie devait l'occulter. Mais Renn avait oublié. Elle s'était laissé distraire, et alors que sa patte s'enfonçait dans la terre humide avec un bruit de succion, la grenouille bondit en bas de son rocher. Renn se maudit mais ne perdit pas de temps. Elle avait encore l'occasion de rattraper son échec. Abandonnant la discrétion qui ne lui était plus d'aucune utilité, elle s'élança à la suite de sa proie. A grandes foulées, elle tentait de rattraper son retard sur le batracien, qui à son opposé, était habitué au terrain boueux qu'il traversait. Renn devait faire un effort considérable pour ne pas déraper, ses griffes ne pouvait s'accrocher à rien tandis qu'elle courait avec détermination. Si la grenouille paraissait plus lente, ce n'était qu'une illusion, car à chaque bond elle parcourait le double de la distance que la louve atteignait en une foulée, aussi agile que soit celle-ci. Cependant, Renn ne se laissa pas décourager et elle n'abandonna que lorsque le batracien disparut dans l'eau dans un dernier bond pour la survie, se mettant hors de sa portée. Il était dans son élément désormais, elle n'avait plus aucune chance de l'atteindre. Elle se stoppa en dérapant dans la boue et fit demi-tour, son pelage roux tacheté de brun par les gerbes qu'elle avait soulevé en galopant au milieu des marais. Elle aurait plus de succès le lendemain. Renn se dirigea vers la souris qu'elle avait tué plus tôt pour la récupérer.

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Renn & /

Renn était face à une impasse. La piste l'avait menée jusqu'au terrier du lapin qu'elle traquait, mais celui-ci était protégé par en entrelacement de ronces. Un passage au milieu de la végétation permettait à un petit animal de s'y glisser sans se blesser, bien que quelques touffes de poils brunes soient coincées dans les épines à plusieurs endroits. Un lapin pouvait donc passer. Pas Renn. Pourtant elle le sentait, juste là. Il n'avait pas pris la peine de s'enfoncer plus loin dans le boyau de terre, sachant pertinemment qu'elle ne pouvait l'atteindre. Mais Renn avait faim, et elle ne pouvait se résoudre à abandonner aussi facilement. Elle observa les ronces sous tous les angles, et y décela ce qu'elle cherchait. Une branche à nu, qui avait été rongée par un autre animal et dont les épines avaient donc été enlevées. Une prise idéale pour tout animal sachant que les ronces formaient souvent un groupe inextricable dont toutes les branches étaient liées et pouvaient être tirées à l'unisson. Renn s'empara de la branche, plantant solidement ses crocs dans le végétal. Puis elle arqua son dos et tira. Elle tirait pas à-coups, ses pattes tendues en avant lui permettant de prendre du recul, ses griffes se plantant dans la terre pour ne pas qu'elle glisse. D'abord ses efforts furent vint, et elle ne fit que s'épuiser à la tâche, mais bientôt le bouquet de ronces frémit et des mottes de terres roulèrent à ses pattes tandis qu'une racine émergeait petit à petit à l'air libre. Renn redoubla d'effort, tirant avec plus de puissance, grondant en resserrant sa prise. Elle fut récompensée lorsque les remparts qui protégeaient le terrier se déracinèrent enfin. Elle envoya d'un mouvement de tête les ronces s'écraser plus loin avant de plonger sa tête dans le trou et de claquer des mâchoires. Cependant, le lapin avait dû s'enfoncer plus loin en sentant l'entrée trembler, et elle n'attrapa que du vide. La solitaire entreprit de creuser à grands mouvement l'entrée du terrier, envoyant la terre s'éparpiller derrière elle tandis que ses pattes s'agitaient avec frénésie dans le sol, ses muscles lui permettant d'en arracher des morceaux à l'aide de ses griffes. C'était peine perdue, le lapin était trop loin. Mais Renn était loin d'être bête, et elle connaissait l'art de la chasse. Elle délaissa l'ouverture qu'elle venait d'agrandir, n'oubliant cependant pas de la reboucher entièrement pour que plus rien n'entre ou ne sorte de là. Puis elle se dirigea plus loin d'un pas sûr.

Toutes les créatures qui s'abritaient dans des terriers les bâtissaient presque tous de la même manière. Renn l'avait appris par son mentor lors de sa première leçon de chasse, lorsqu'il lui avait demandé de débusquer un rat. Il y avait l'entrée principale, celle que la louve venait de reboucher. Puis une sortie de secours, que les proies gardaient en cas de menace, ce que Renn représentait. Elle suivit le terrier sur la longueur, frappant puissamment des pattes sur le sol en avançant. Si son pas était sourd, il n'y avait que de la terre. Si il résonnait, c'était qu'un passage était au-dessous. Ainsi, elle suivit la piste jusqu'à parvenir à la fameuse sortie, creusée ingénieusement sous les racines d'un arbre qui la dissimulait pour les moins attentifs. Renn l'avait trouvée cependant. Elle s'apprêtait à se placer en embuscade quand elle vit un éclair de fourrure en sortir. Suivant son instinct, elle s'élança à la suite du lapin qui l'avait devancée. Courant à toute allure, la chasseuse bondissait à la suite de sa proie. Ses pattes martelaient le sol avec puissance tandis que son corps élancé s'étirait à chaque foulée, faisant travailler tous ses membres. Le lapin était rapide. Elle l'était encore plus. Elle rattrapa bientôt le rongeur, bondissant agilement au-dessus d'une branche avant d'arriver à son niveau. Puis, d'une impulsion de ses membres postérieurs, la louve se jeta sur l'animal. Elle atterrit sur le lapin, qui fut écrasé sous son poids, ce qui l'arrêta net dans sa fuite. Le choc lui brisa la colonne vertébrale, et Renn se hâta d'adresser une pensée silencieuse à l'âme de la petite créature avant de la soulager de sa souffrance en lui tordant la nuque d'un coup rapide et précis. Elle aurait de quoi se nourrir aujourd'hui grâce à lui.

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Renn & /

Renn s'avança dans la forêt bordant les marais. Elle se mit en condition de chasse, ses sens aux aguets, laissant la nature lui parler et lui indiquer la position de sa première proie. Les arbres murmurèrent, et lui apportèrent le chant d'un moineau. La louve leva la tête vers la canopée et remercia les branches et les feuilles, avant de se diriger d'un pas silencieux vers l'oiseau. Elle traversa encore deux bosquets avant de parvenir à destination et de voir le moineau, perché haut dans les branches d'un sapin imposant. Aucune chance pour Renn de l'attraper ici, les loups étaient loin d'être de bons grimpeurs et même le plus agile n'arriverait pas à sauter assez haut pour l'atteindre. Cependant, l'espoir de Renn se ranima quelque peu lorsqu'elle vit le moineau descendre en planant, se poser quelques secondes au sol pour ramasser l'une des quelques baies qui traînaient là, puis remonter sur son perchoir en quelques battements d'ailes. La louve comprit qu'il s'agirait donc d'un jeu de patience. Elle contourna le tronc du sapin, de manière à bien garder le vent de face. L'odorat des oiseaux était certes médiocre, mais elle préférait ne pas prendre de risques. De plus, les fortes bourrasques soufflant aujourd'hui pourraient la trahir en emportant ses poils roux dans le champ de vision du moineau. La louve se camoufla au mieux dans l'herbe haute, dissimulant sa fourrure flamboyante sous les plus hauts brins. Puis elle riva son regard sur les baies restantes et ne broncha plus, attendant que l'oiseau redescende. Ses muscles étaient bandés, tendus et prêts à se déployer le moment venu. Elle était aussi immobile qu'un rocher, seule sa respiration faisait osciller ses flancs de manière presque imperceptible.
Soudain, un gazouillement au-dessus d'elle, puis un bruissement qu'elle reconnut. Il arrivait. Et effectivement, la seconde d'après le moineau se tenait au sol et s'avançait en sautillant vers l'un des mets juteux qui y gisait. Renn ne perdit pas une seconde. D'un commun accord, ses muscles la propulsèrent en avant, poussant sur ses pattes et lui donnant une grande impulsion. Son corps s'étendit de toute sa longueur pour couvrir un maximum de distance et la louve jaillit des fourrés sans autre forme d'avertissement. Renn se concentra et avança sa tête vers le moineau. Au moment-même où elle atterrissait, elle claqua des mâchoires et ses crocs se refermèrent sur l'oiseau, qui périt sur le coup.

La solitaire se dirigea vers les marais pour s'abreuver. Elle trouva heureusement un petit coin d'eau moins poisseux que les autres et se pencha pour en laper la surface. Cependant, elle s'arrêta juste à temps pour voir une ondulation à l'endroit-même qu'elle se préparait à troubler. Un petit poisson nageait en cercle dans l'étendue d'eau. Renn s'immobilisa et retint son souffle. Elle savait que les animaux aquatiques étaient capables de sentir la moindre vibration dans leur milieu naturel, expirer ferait fuir sa proie. Elle se recula lentement, puis s'autorisa à respirer de nouveau lorsque sa truffe fut loin de la surface. Elle observa longuement les mouvements du poisson et la trajectoire qu'il répétait. Il était coincé dans la petite mare, séparé du reste du marais par une fine bande de terre. Il devrait attendre les prochaines pluies et la hausse du niveau de l'eau pour s'échapper de cette prison. Mais Renn ne lui en laisserait pas le temps. Elle s'approcha de nouveau de la mare et se pencha, l'une de ses pattes avant en l'air, prête à frapper à tout moment. Le poisson passa à son niveau, et la louve envoya un puissant coup de patte dans l'eau, s'éclaboussant au passage. Raté. Le poisson nagea frénétiquement de l'autre côté. Renn s'accroupit en attendant qu'il se calme, ce qui prit plusieurs longues minutes, puis se redressa doucement lorsqu'elle le vit reprendre ses tours. Elle procéda de la même manière, frappa l'eau de nouveau, en vain. Il lui fallut encore cinq essais pour enfin sentir une masse rencontrer ses griffes et voir un éclat argenté émerger de l'eau pour retomber sur la terre ferme. Le poisson frétillait dans l'herbe, tentant de retourner vers le marais. La louve se jeta sur lui et planta ses crocs dans la chair de sa proie, maintenant une prise ferme jusqu'à ce qu'elle cesse de bouger.
Elle remercia la nature pour cette nourriture et s'éloigna des marais.

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Renn & /

Renn errait dans le marais. L'odeur d'une loutre attira son attention non loin d'un petit étang. La louve rousse s'avança jusque là en silence. Elle contourna l'étendue d'eau et se cacha dans un buisson non loin de sa proie. La louve attendit quelques instants que le moment opportun se présente, puis elle jaillit de sa cachette et bondit vers la loutre. Celle-ci se glissa aussitôt dans l'eau et s'éloigna à la nage. Renn réfléchit rapidement puis, sans même s'arrêter, elle sauta le plus loin possible depuis la rive, atterrissant dans l'eau lourdement, soulevant des gerbes d'eau tout autour d'elle. La louve battit des pattes avec puissance, se propulsant à l'aide de ses amples mouvements, son corps glissant à la surface en ondulant. Elle avait les yeux rivés sur la loutre. Mais celle-ci était dans son élément, pas la louve. Renn n'avait jamais été une bonne nageuse, aussi décida-t-elle de faire demi-tour après avoir nagé pendant de longues minutes. Elle savait qu'il valait mieux rebrousser chemin dès que la fatigue se faisait ressentir, ou alors elle risquerait la noyade. Renn se hissa de nouveau sur la terre ferme, dégoulinante. Elle s'ébroua et reprit sa traque.

Renn se dirigea vers un endroit plus rocheux. Un amas de pierres assez haut se dressait face à elle, formant presque une petite montagne. En haut, des petits gazouillements résonnaient, signifiant la présence d'un nid. La louve jaugea la situation, puis s'engagea dans la montée. Lentement, s'assurant de la stabilité de la roche à chacun de ses pas, elle grimpa à la seule force de ses pattes. Ses muscles la tiraillaient tandis qu'elle se hissait de plus en plus haut. Elle s'agrippait à l'aide de ses griffes, profitant des anfractuosités de la roche pour prendre ses appuis. De longues minutes passèrent pendant lesquelles la louve continuait son ascension. Cependant elle se retrouva bientôt face à une impasse. La corniche précédente se trouvait hors de portée. Renn connaissait ses limites, et elle savait qu'exécuter un saut aussi risqué ne la mènerait qu'à la chute. Alors elle redescendit, prudemment. La descente fut plus aisée, bien qu'elle doive veiller à toujours avoir les pattes bien tendues pour ne pas glisser. Ce fut épuisée qu'elle posa enfin de nouveau les pattes au sol.

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Renn s'approcha d'une large mare où nageaient de nombreux poissons. La louve se tapit au sol et fléchit les pattes. Elle se concentre sur le mouvement de ses proies, se prépara, puis d'une grande impulsion effectua un saut à la verticale, retombant les pattes antérieures les premières dans l'eau, espérant y coincer un poisson. Mais ce fut un échec. Cependant, la solitaire n'abandonna pas pour autant. Elle recommença sa manœuvre. Attendre le bon moment. Bondir avec toute l'agilité qu'elle possédait. Atterrir dans l'eau en visant un poisson de ses griffes. Les essais s'enchaînèrent, s'accumulèrent. Les pattes de Renn devenaient plus douloureuses à chaque saut lorsque, finalement, elle parvint à s'abattre sur un poisson. Sans hésiter une seconde de plus, elle se jeta sur sa proie et planta ses crocs dans la chair juteuse, avant de sortir de la mare.

Alors qu'elle séchait dans une mare de soleil, Renn sortit de sa rêverie lorsqu'un mulot passa littéralement sous son museau pour filer plus loin. Par réflexe, la louve se redressa aussitôt et s'élança à la poursuite du petit rongeur. Elle courut à toute allure, puisant dans son endurance pour rattraper sa proie. La louve galopait en accélérant sa course, tentant d'être la plus rapide possible en élargissant ses foulées. Elle traversa tout le marais à la suite du mulot, zigzagant entre les zones boueuses pour ne pas s'enliser, ses pattes martelant le sol humide en envoyant de petites gouttelettes à chacun de ses pas. Son corps élancé lui procurait plus de célérité, mais son endurance arriva bientôt à sa limite. Renn força encore un peu sur ses pattes, jusqu'à l'épuisement. Elle abandonna alors la course et laissa le rongeur filer.

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A peine arrivée, Renn aperçut un lapin non loin. Elle s'en approcha en rampant, dans le plus grand des silences. Puis, lorsqu'elle fut assez proche, elle s'élança en direction du rongeur, qui fila vers le sous-bois. La louve le suivit à toute allure, galopant derrière le petit animal. Elle s'engagea dans le sous-bois et bondit au-dessus des obstacles avec agilité. Un tronc d'arbre, une souche, un rocher, Renn sautait par-dessus chaque obstacle à l'aide des impulsions données par ses puissantes pattes. Elle bondissait à travers les arbres avec célérité, rattrapant petit à petit le rongeur. Un autre tronc se présenta face à elle, et la louve prit appui sur ses postérieurs pour sauter en étendant son corps au maximum. Elle plana au-dessus du tronc et atterrit souplement de l'autre côté, pour reprendre sa course aussitôt. Lorsqu'elle franchit de nouveau un tronc d'arbre d'un bond spectaculaire, elle perdit malheureusement sa proie de vue et dût abandonner la poursuite.

Plus loin, la louve avisa un moineau perché dans un arbre. L'oiseau se tenait sur une branche assez basse pour qu'elle puisse l'atteindre. Renn se dirigea avec la plus grande discrétion jusqu'à être sous la branche, où l'oiseau piaillait sans se méfier d'elle. La louve rassembla ses pattes, banda ses muscles et prit une grande inspiration. Elle fléchit ses pattes, se préparant à bondir. Attendit que le moineau regarde plus loin. Puis, elle poussa sur ses membres et se propulsa en l'air à l'aide d'une puissante impulsion générée par ses muscles. Elle se tendit vers le haut, déployant tout son corps pour atteindre la branche. L'oiseau commença à battre des ailes pour prendre son envol. La louve se tenait à la verticale, s'élevant toujours avec son bond agile. Mais le moineau fut plus rapide, et lorsque la louve claqua des mâchoires, ses crocs se refermèrent uniquement sur la branche, qui craqua et céda, entraînée par la louve. La solitaire se réceptionna lourdement au sol et lâcha la branche. Elle aurait plus de chance un autre jour.

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Renn arriva de nouveau dans le marais. Depuis qu'elle y chassait, elle commençait à connaître l'endroit et pouvait s'y orienter avec plus de facilité désormais. Elle commença sa recherche de proies, levant le museau pour capter les senteurs que lui apportait le vent. Elle trouva satisfaction dans l'odeur d'un écureuil. La louve commença sa traque, suivant la piste avec concentration. Cette dernière la mena jusqu'à un petit bosquet de saules, qu'elle examina avec attention. Bien souvent les écureuils se dissimulaient à la cime des arbres, mais ici sa proie n'était pas visible. Ce ne fut qu'en baissant les yeux qu'elle remarqua la fourrure rousse caractéristique du rongeur près d'un buisson de baies. Le petit animal était en train de se goinfrer et de stocker des petits fruits dans ses bajoues. Profitant de cette distraction, la louve se plaqua au sol et entreprit de ramper lentement vers sa proie. Elle contourna le tronc d'un saule et se dissimula dans les hautes herbes. Le vent était de son côté et soufflait de face. Du moins, jusqu'à ce qu'une brise en sens inverse ne vienne souffler sur son pelage et apporter l'odeur de la louve aux narines sensibles de l'écureuil. Celui-ci s'immobilisa, lâcha la baie qu'il tenait entre ses petites pattes et fila immédiatement. Sans plus attendre, Renn bondit hors de sa cachette et s'élança à sa suite. Par chance l'écureuil ne bondit pas dans les saules et continua à sautiller vers un bosquet plus loin, laissant à Renn une unique chance de l'attraper avant qu'il ne se mette hors de sa portée. La louve accéléra sa course, élargissant ses foulées et galopant avec entrain à la suite du rongeur. Elle courut ainsi derrière l'écureuil jusqu'au bosquet suivant, mais sa célérité ne fut pas suffisante et l'écureuil bondit et se hâta de grimper jusqu'en haut d'un pin avant qu'elle ne puisse l'atteindre. Renn tenta de grimper à son tour à l'aide de ses puissantes griffes, en vain. Elle retomba sur ses pattes avec agilité et abandonna le rongeur.

Renn se rendit de nouveau dans la partie humide des marais. Un gazouillis attira son attention sur un rouge-gorge qui sautillait et nettoyait ses plumes dans une flaque. L'oiseau insouciant chantait de temps en temps de bonheur en s'ébrouant. C'était une nouvelle opportunité pour la chasseuse. Elle rampa vers l'oiseau, le regard rivé sur lui. Ses pattes se posaient avec délicatesse sur le sol, sans un bruit. Ses muscles encore peu développés roulaient sous son pelage à chacun de ses pas. Elle s'approcha en rampant de la flaque, dos à l'oiseau. Se figea lorsqu'il fut sur le point de se retourner, retenant son souffle. L'oiseau lui fit face. Tout se déclencha soudainement. Renn s'élança à toute allure vers l'avant, dérapant dans la terre. Elle courut le plus vite possible vers sa proie qui s'apprêtait à s'envoler, ses pattes martelant le sol avec toute la puissance qu'elle déployait dans ses mouvements. Elle parvint au niveau de l'oiseau, qui avait déjà commencé à battre des ailes et s'était élevé d'un petit mètre. La solitaire rassembla ses pattes sous elle, banda ses muscles et sans s'arrêter, se propulsa à l'aide d'une grande impulsion vers l'oiseau devant elle. Elle étendit son corps fin vers l'avant, tandis que son saut l'amenait vers le rouge-gorge dont la fin allait arriver dans une seconde. La louve claqua des mâchoires et ses crocs se refermèrent sur le corps frêle de l'oiseau. Un craquement se fit entendre tandis que l'animal mourait sur le coup. Renn termina son grand bond en se réceptionnant avec souplesse au sol, l'oiseau dans la gueule.

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Alors qu'elle était à la recherche d'une proie, Renn vit un éclat roux passer dans les fourrés non loin. Humant l'air, elle reconnut l'odeur d'un renard. La louve s'approcha de sa position en rampant le plus silencieusement possible, rampant au sol. Finalement, elle retrouva le canidé dans une petite clairière, où il fouillait un terrier de souris. La louve s'approcha du renard en toute discrétion. Elle ne savait pas si elle avait les compétences nécessaires pour s'en prendre à ce prédateur, mais ça valait le coup d'essayer. Lorsqu'elle fut assez proche, Renn bondit vers l'animal. Elle atterrit sur son dos, roulant au sol avec sa proie qui gesticulait et glapissait. La louve tenta de planter ses griffes dans la chair du renard mais celui-ci lui échappa de justesse, se glissant hors de son emprise. Les deux canidés se firent face en grondant. Renn attaqua. Elle fonça sur le renard à toute allure et le bouscula d'un puissant coup d'épaule. L'animal roula au sol mais se redressa immédiatement, empêchant la louve de le plaquer au sol. Elle chargea une seconde fois, rata sa cible et fit un bond agile sur le côté pour éviter les crocs du renard. L'affrontement s'éternisa. Renn enchaînait les coups de force brute et les esquives. Le renard, lui, usait de son agilité pour l'éviter ou se redresser immédiatement pour ne pas se faire tuer. Finalement la louve bondit sur l'animal et tous deux se mêlèrent dans un chaos de crocs et de griffes. Des touffes de fourrure rousse volèrent en tous sens tandis que la louve labourait le ventre du renard de puissants coups de pattes, ses griffes ouvrant la chair fragile à cet endroit. Mais l'animal se défendit, et il mordit Renn à l'encolure. Pas assez fort pour la blesser, mais suffisamment pour lui faire mal. Avec un jappement de douleur, la louve lâcha prise et le renard fila aussitôt le plus loin possible, lui échappant.

Renn se relevait en grondant lorsqu'un couinement attira son attention. Du terrier qu'était en train d'examiner le renard à son arrivée, sortait la tête d'une souris, qui se montrait maintenant le danger passé. Enfin, pas exactement. Le rongeur sortit à l'air libre sans remarquer la louve. Grave erreur. Mais lorsqu'il s'en rendit compte, Renn s'était déjà postée à l'entrée de son trou, lui empêchant toute retraite. N'ayant d'autre choix, la souris fila à toute allure. Renn s'élança à sa suite. Elle courrait à grande vitesse, agrandissant ses foulées qui étaient de plus en plus larges et couvraient un maximum de distance. Ses muscles s'activaient à l'unisson, son corps entier s'étendait vers l'avant. La louve galopait, ses pattes la propulsant à l'aide de puissantes impulsions. Elle avait les yeux rivés sur le rongeur qui zigzaguait dans l'herbe. Il était rapide et sa petite taille l'avantageait. La louve exécuta un virage serré pour le suivre, puis accéléra de nouveau. Elle coursa la souris ainsi pendant de longues minutes, ne parvenant pas à l'attraper. Malheureusement, le rongeur se glissa soudainement dans un autre terrier et la louve n'eut d'autre choix que d'abandonner sa chasse, épuisée par cette course qui avait mis son endurance à rude épreuve.

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Renn & /

Renn était tapie dans les hautes herbes, observant de son regard émeraude la biche qui se trouvait à quelques mètres de là. Est-ce qu'elle était capable d'abattre une telle proie ? Elle allait bientôt le savoir. Elle s'approcha encore, rampant au sol, sans un bruit. La biche broutait paisiblement, ne se doutant pas de sa présence. Renn banda ses muscles, s'apprêtant à bondir sur la croupe de l'animal lorsque le vent tourna. La biche la repéra immédiatement et bondit de l'avant, prenant la fuite. Renn se redressa et s'élança derrière elle à toute allure. Le cervidé était rapide et agile, il prit donc la voie la plus complexe pour tenter de semer le prédateur. Renn accéléra l'allure en voyant une souche droit devant. Elle prit son élan, fléchit les pattes puis se propulsa par-dessus. Elle reprit sa course une fois l'obstacle passé, et galopa jusqu'au suivant, que la biche sauta avec aisance. De ses pattes puissantes la louve prit une grande impulsion qui lui permit de franchir à son tour le tronc d'arbre. Renn était agile, et elle se servit de cela pour continuer la poursuite. Elle sauta par-dessus un rocher, puis deux autres troncs d'arbre, son corps s'étendant vers l'avant à chaque bond, la louve atterrissant avec souplesse de l'autre côté de chaque obstacle. Malheureusement Renn manquait de vitesse et son endurance s'épuisait. Elle ralentit l'allure après un dernier saut, puis s'arrêta, fatiguée. Elle n'avait pas encore les capacités pour attraper une telle proie.

Plus loin, la solitaire repéra un terrier de musaraigne. Elle plaça sa truffe à la sortie et huma les odeurs de la terre. La musaraigne s'y trouvait encore, c'était sa chance. La louve entreprit de creuser avec ardeur. Presque mécaniquement, ses pattes avant grattaient le sol avec puissance, envoyant des gerbes de terre derrière elle. Ses griffes s'enfonçaient dans la terre pour s'y agripper et arracher des portions des parois du terrier. Les muscles de la louve chauffaient et roulaient sous son pelage tandis que sa force lui permettait d'accélérer le rythme de ses pattes. Bientôt l'entrée du terrier s'élargit, puis la louve creusa en profondeur pour en suivre le chemin. Elle entendait les petits cris de terreur que poussait la musaraigne tandis qu'elle s'approchait de plus en plus d'elle à chaque coup de patte plus puissant que le précédent. Finalement, Renn l'aperçut et gratta le sol frénétiquement pour abattre les quelques centimètres de terre la séparant de sa proie. Lorsque le rongeur acculé tenta de fuir, il fut interrompu par un grand coup de mâchoires, et les crocs de la louve se refermèrent avec force sur le petit corps déjà sans vie.

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