Torak se pencha sur la surface du lac, observant son reflet. Museau fin, oreilles bien droites, yeux ambrés brillant d'intelligence, fourrure d'un blanc immaculé ondulant au vent, il disposait d'une beauté que personne ne pouvait nier. Couplé à son talent naturel et à ses aptitudes extraordinaires, nul doute qu'il était le mâle idéal dont devaient rêver toutes les louves de son âge. Cependant, cette opinion était remise en question par le fait que du haut de ses dix mois, Torak était toujours seul. Ses charmes ne semblaient pas faire effet sur les louves qu'il avait rencontrées jusque là, à son grand désespoir. L'apprenti se mit à laper l'eau, et son reflet se troubla avant de disparaître sous les vaguelettes causées par le mouvement régulier de sa langue. L'eau glaciale revigora le jeune Inkyva, qui en prit de grandes gorgées avant de se redresser, désaltéré. Il s'étira longuement, tendant ses pattes antérieures devant lui et plantant ses griffes dans la terre, en retournant quelques mottes. Puis, il ouvrit la gueule et poussa un bâillement à s'en décrocher les mâchoires, tellement bruyant qu'il songea qu'il n'avait plus aucun espoir de trouver la moindre proie ici pour passer le temps. Dans son ennui, le mâle commença à longer le lac, avançant au petit trot sur la berge. Il finirait bien par trouver quelque chose d'intéressant. Le soleil brillait haut dans un ciel sans nuages, réchauffant de ses rayons la fourrure de Torak. Heureusement, son épais poil d'hiver avait laissé place à celui, plus court, qu'il arborait pendant la saison chaude, lui évitant d'être trop incommodé par la température actuelle. Malgré cela, il fut bientôt obligé d'haleter. Mais alors qu'il s'arrêtait de nouveau pour boire, une odeur vint lui chatouiller la truffe. Un loup, Inkyva. Encore mieux même, une louve ! Torak eut un court moment d'hésitation, puis se décida la seconde suivante à avancer dans la direction de sa congénère. Il ne connaissait pas l'individu en question, il lui semblait même qu'il n'avait encore jamais senti son odeur au sein de la meute, et pour cause, la louve semblait ne s'être imprégnée de la meute que depuis peu de temps. Une nouvelle ? Parfait, il pourrait faire connaissance et l'aider à s'intégrer ! Si elle le souhaitait, bien sûr. Ce dont Torak ne doutait pas. Qui refuserait un guide aussi beau et aimable que lui ? L'apprenti parvint à un petit bosquet où il sentit immédiatement la présence de l'inconnue. Il s'arrêta et promena son regard aux alentours, tentant de la repérer. Peut-être était-elle timide et n'osait-elle pas se montrer ? «Bonjour ! Je m'appelle Torak, je suis Inkyva aussi.», lança Torak à tout hasard à une fougère. Il espérait qu'elle voudrait bien lui parler. Qui sait, peut-être avait-il trouvé une nouvelle amie ... ou plus si affinités ?