Pandora en avait fait des conneries en quatre mois d'existence, mais jamais d'aussi grosses que celle dans laquelle elle s'était embarquée. Elle avait désobéi aux ordres de nombreuses fois, était allée à l'aventure seule ou accompagnée de ses acolytes aussi irréprochables qu'elle en esquivant la surveillance des adultes à plusieurs reprises. Mais ça ? Jamais. Et pourtant elle était en train de la faire, cette connerie énorme qui lui vaudrait probablement une punition encore jamais imaginée si ses parents venaient à être au courant. La jeune louve n'avait pas écouté Éole lorsqu'il lui avait dit de ne pas y aller. Elle avait ignoré les avertissements de son frère et l'avait laissé à la tanière, lui disant bien avant de sortir que si il répétait quoi que ce soit il ne serait plus son frère. Elle savait qu'il resterait silencieux. Du moins, aussi longtemps que sa mère ne lancerait pas l'un de ses interrogatoires interminables au bout desquels il finissait toujours par craquer. Mais cela lui laisserait largement le temps d'accomplir sa mission. Pandora avançait la tête et la queue hautes, le regard brillant d'impatience, l'adrénaline parcourant tout son corps l'obligeant à marcher d'un pas rapide, trottinant presque. Un vent chaud soufflait à travers les arbres, la brise venant caresser son pelage de jais et chatouiller ses vibrisses, apportant à sa truffe les senteurs caractéristiques de la forêt. L'odeur forte de la sève, celle humide de la tourbe et celle plus appétissante d'un lapin ayant foulé ce sentier peu de temps avant elle. Seuls les chants de quelques oiseaux au-dessus d'elle et le bruissement des feuillages venaient troubler le calme qui régnait en cet endroit. Bientôt, le ruissellement d'une rivière au loin vint s'ajouter à la douce symphonie de la nature. Ils approchaient de leur destination. Le louveteau s'arrêta et se retourna vers ses deux compagnons de route, un large sourire éclairant son visage. «On y est presque, allez !, lança-t-elle avec enthousiasme. Si Onérixia semblait aussi excitée qu'elle à l'idée de leur exploration, bien qu'elle semble d'une humeur variable, Azazel, lui, semblait aux portes de l'agonie. La petite louve savait d'expérience que son ami n'était pas aussi actif que le reste d'entre eux, et que la perspective du chemin qu'ils venaient de parcourir avait dû le terrifier lorsqu'Onérixia et elle avaient insisté pour qu'il les accompagne. Mais finalement, il était allé jusqu'au bout malgré sa réticence, traînant parfois le pas mais suivant tout de même le rythme de manière étonnante. Pandora reprit la tête dès qu'ils eurent rejoint sa position. Maintenant elle le sentait, plus fort que tout le reste. Le marquage des Agmark. Ils venaient de traverser la frontière. L'aventure venait de commencer. A partir de maintenant il n'y avait pas de retour en arrière, ils devaient aller jusqu'au bout. Cependant, si la jeune louve était surexcitée par le fait de braver tant d'interdits, elle n'était pas stupide. Elle redoubla de vigilance, promenant son regard sur les alentours avec attention, avançant désormais d'un pas lent et mesuré pour faire le moins de bruit possible. Si ils se faisaient repérer, il n'y aurait que deux issues possibles: soit celui qui les découvrait était gentil et compréhensif et reconduirait trois louveteaux égarés jusqu'à la frontière, soit il était au contraire dérangé et mauvais et alors Pandora doutait de revoir sa famille un jour. Mais l'heure n'était pas aux spéculations effrayantes. Ils venaient d'atteindre la rivière qu'ils entendaient depuis un moment. Le cours d'eau, assez large, traversait la forêt de part en part, leur barrant la route. Pandora se pencha au-dessus de la surface agitée. Elle y vit son propre reflet: son museau fin, ses oreilles dressées, ses yeux dont la couleur se fondait à la perfection dans celle de son miroir. La petite louve s'arracha à sa contemplation lorsque ses camarades arrivèrent à ses côtés. Elle leur désigna l'autre rive du museau. -On va devoir traverser. Normalement on ne devrait avoir à nager qu'au milieu, mais le courant n'est pas trop fort, on aura pas de problème.», leur annonça-t-elle. Puis, sans attendre leur approbation, elle avança dans l'eau. Un frisson lui parcourut le corps lorsque celle-ci, glaciale, pénétra son pelage encore quelque peu duveteux. Elle ne ralentit pas cependant, et continua sa progression jusqu'à ce que le niveau atteigne son poitrail. Là, elle bondit de l'avant, s'immergeant jusqu'au menton dans la rivière. Pandora battit instinctivement des pattes, donnant des coups puissants pour avancer. Son corps fendait l'eau à une vitesse respectable pour un individu de sa taille et de son âge. Il fallait dire qu'elle avait eu de nombreux entraînements à force de tomber dans le lac en contrebas de la cascade près du camp. Le louveteau traversa sans grande difficulté. Elle s'extirpa de l'eau sur la berge, puis s'ébroua bruyamment, envoyant des gouttelettes arroser l'herbe autour d'elle. Elle prit place en s'asseyant un peu plus loin, attendant Azazel et Onérixia. Son pelage détrempé dégoulinait à ses pattes, la faisant grelotter légèrement. Elle observait ses amis, son regard bleu fixé sur la rivière, toute son attention portée sur eux.
On avait pas fait trois pas que je me suis déjà mis à regretter d'avoir accepté de les suivre. Et il n'y a à peu près pas eu un seul moment du trajet où je ne l'ai pas regretté de plus en plus. Et puis Neeven n'est même pas venu. Je suis tout seul avec Pandora et Oné et il sera même pas là avec moi pour essayer de les arrêter si elles veulent faire quelque chose d'encore pire que ce qu'elles ont déjà prévu. Rien que l'idée fait peur. Enfin, de base, rien que l'idée de ce qu'elles veulent faire est déjà super flippante, mais si il se passe quelque chose d'encore plus imprévisible en chemin...
J'ai mal aux pattes, en plus. Non, j'ai pas mal aux pattes, j'ai mal absolument partout. Aux pattes, aux épaules, au dos, aux coussinets. J'ai l'impression d'avoir mal jusqu'au bout de mes poils tellement je suis fatigué. Un frisson a descendu le long de mon échine quand on a franchi la frontière. C'est ça, d'espionner des autres meutes en étant en expédition? Ca donne pas envie! Je veux pas faire espion plus tard, j'ai décidé en regardant devant avec appréhension. De toute façon, espion c'est trop fatiguant. Et ce qui est fatiguant fait aussi mal au dos.
J'ai eu un mouvement de recul quand l'avant du groupe s'est arrêté, anxieux. « On va devoir traverser. Normalement on ne devrait avoir à nager qu'au milieu, mais le courant n'est pas trop fort, on aura pas de problème. » a clamé Pandora, beaucoup trop sûre d'elle pour me rassurer. Traverser? Nager? J'ai fait quelques pas à pour me rapprocher avant que mon visage ne se décompose en apercevant la rivière. On va devoir passer à travers ça? On va tous se noyer! Ou être emportés par le courant. Ou être attaqués par une bestiole. Parce qu'on est pas sur le territoire de la meute donc il peut se passer n'importe quoi et aucun adulte viendra nous aider. Quel genre d'animaux dangereux il y a dans une rivière? Une fois, j'ai entendu un adulte de la meute parler d'une de ses chasses et comment il avait fuit un crocodile deux fois plus gros que lui qui voulait le manger alors qu'il chassait dans l'eau. Je ne sais pas à quoi resssemble un crocodile, mais si il est aussi gros, c'est que c'est un animal très effrayant. Il doit être très poilu et avoir plein de dents et de griffes et de cornes et être carnivore. Peut-être même qu'ils mangent des loups. J'ai pas envie de savoir ce que ça fait d'être un lapin moi!
J'ai dégluti en voyant Onérixia s'engager dans l'eau devant moi. Peut-être qu'il y a des crocodiles dans cette rivière... Mais si ils sont très gros, on devrai les voir arriver, parce que l'eau n'a pas l'air très profonde. J'ai inspiré un grand coup avant de m'engager derrière ma soeur, le coeur battant. L'eau est gelée, en plus! J'ai accéléré malgré ma peur, transi de froid, et j'ai lâché un couinement de surprise en sentant le sol se dérober sous mes pattes en arrivant au milieu. La mémoire de la dernière fois que j'ai fini à l'eau est revenue à moi un instant avant que je me mette à battre des pattes, un peu par instinct, pour avancer vers l'autre rive où Pandora nous attend déjà. Je me suis traîné à côté d'elle en tremblotant, trempé jusqu'aux os, en jetant des regards anxieux aux alentours. J'ai cette impression qu'il y a des loups affamés cachés derrière chaque tronc d'arbre, prêts à nous sauter dessus d'un instant à un autre. Que feront-ils à une bande de louveteaux Inkyva qui se baladent hors du territoire? Ils auraient moyen de neutraliser la majorité de la nouvelle génération de la meute en un seul coup... Et si ils sont aussi mauvais qu'ils le disent tous, ils ne se gêneront pas pour ça!
L’Effigie du Traître avait d’abord refusé tout lien avec ce plan qu'elle jugeait de connerie pure et dure, prenant exemple pour une fois sur cette carpette d'Éole. Le cerveau de la traîtresse avait malheureusement pu trouver un argument de taille : le fait de découvrir le monde. Onérixia n'était pas intéressé par les choses futiles et la petite loupiote malgré son jeune âge ne s'amusait que très rarement, préférant monter son plan dans les moindres détails. Mais partir en expédition pour voir jusqu'où le monde allait : n'était-ce pas quelque chose d'important ? De plus avec Pandora elle ne risquait rien : la petite aux yeux pers qu'elle considérait comme son garde du corps personnel pourrait soûler n'importe qui avec ses 61 paroles à la seconde. Et elle semblait débrouillarde la Mystère du Temps, la voir gigoter dans tous les sens s'avèrent être très fatigant pour Onérixia qui était habitué à une portée des plus calmes.
La loupiote d'ébène marchait entre Pandora et Azazel, les laissant se prendre tous les coups en cas de danger. Enfin, elle allait bien évidemment aider son frère qui comptait beaucoup trop pour elle pour qu'elle puisse le laisser se faire dérouiller mais encore une fois Pandora était bien assez grande pour qu'elle daigne à lever la patte pour elle. Gardant sa posture royale et humble, la queue de la Traîtresse était envahis de spammes trahissant son excitation. Bébé Oné' fronça la truffe quand l'odeur des Agmark envahit ses narines. C'est une odeur disons... spécial. Elle préférait la sienne et celle de sa meute la petite, mais à force on s'y habituera. Marchant en regardant autour d'elle les yeux plissés, elle eut une pensée pour Neeven qui cette fois était rester. Elle n’aimait pas sortir sans ses deux frères l'impératrice, mais il valait mieux que le Paradis Sinistre reste auprès de leur mère, il la ralentira et elle ne se rendra même pas compte qu'ils n'étaient plus là. Elle aimait sa mam' Onérixia, plus que tout au monde, mais c'était dur de ne pas avoir une vraie conversation avec elle. Si au moins elle avait un papa avec qui parler, avec qui jouer, avec qui discuter de ses rêves de pouvoirs... Baissant légèrement la tête elle se ressaisit bien vite et leva le menton. Une Reine ne devait jamais montrer ses sentiments.
-On va devoir traverser. Normalement on ne devrait avoir à nager qu'au milieu, mais le courant n'est pas trop fort, on aura pas de problème.
...C'est dans ces moments-là qu'elle avait envie de la taper la Traîtresse. Traverser cette rivière ? Se mouiller ? ça ne lui posait pas de problème, Onérixia était plutôt du genre courageuse. Le problème était Azazel. Elle n'allait surement pas l’abandonner dans ce territoire miteux. Regardant Pandora se transformer en joli poisson sans son accord l'ébène plaqua ses oreilles contre son crâne et émit un claquement de langue désapprobateur. Elle allait devoir la dresser son amie. Jetant un coup d'oeil à son frère, elle soupira l'impératrice avant de se jeter à l'eau. Elle était glaciale et en quelques secondes elle avait réussis à l'engourdir. Mais la noiraude aux yeux ambrés ne se laissas pas dévorer par l'étendus transparente et en s'assurant qu'Az la suivait de près elle continuait à battre des pattes rapidement. Sa petite taille était assez handicapante mais elle ne se laissait pas abattre et atteignit la rive d'en face. Première chose qu'elle fit c'est de s'ébrouer violemment en envoyant de l'eau un peu partout. C'est décider elle détestait être trempée ! Grinçant des dents elle foudroya du regard Pando sans trop de raison. C'était ça Onérixia, une adorable petite louve bipolaire.
- " Bien, on avance discrètes et si on tombe sur quelqu'un d'assez faible on le ligote, s'il est assez fort on se cache. " elle posa son regard doré sur les deux " Compris Pando ? On. Attaque. Pas. "
Elle ne voulait pas revenir avec la carcasse sans vie de la seule femelle de son âge dans la meute. Même si ça coûtait de le dire elle l'aimait bien la Mystères du Temps. Mais fallait le dire à personne.
- " Vous inquiétez pas, je suis sûr que les Agmark sont des carpettes. "
Pourtant elle sera la première à faire ses yeux de biches blessées et sa petite fragile. Hypocrite ? Absolument. Trompez l'ennemi c'est sa spécialité, elle s'appelait pas Effigie du Traître pour rien. Tss.
J'aime bien cette forêt. Il y a toujours des trucs intéressants à faire dedans, autorisés ou pas d'ailleurs, comme de ramener tous les louveteaux de la meute en même temps pour aller jouer dans la rivière et leur prouver que je suis le meilleur nageur de toute la meute. Enfin, Reika et Eiko m'ont suivi, les deux autres je sais pas vraiment, je sais pas si Fenrir avait spécialement envie de venir mais son frère en avait l'air et ils sont venus tous les deux au final, donc ils ont intérêt à rester avec moi maintenant! Et à m'écouter aussi parce que c'est moi qui ai eu l'idée donc c'est moi qui doit donner des ordres. Et aussi parce que je les défendrais si on tombe sur des ennemis. J'espère qu'on va tomber sur des ennemis. On pourra les vaincre et les faire prisonnier et les ramener à Véga et toute la meute sera fière de nous!
Je me suis figé quand j'ai senti une odeur portée par le vent, non sans lâcher un couinement de surprise quand un autre louveteau m'a percuté par l'arrière en me voyant m'arrêter aussi brusquement. Une odeur suspecte. J'ai reniflé et re-reniflé l'air, suspicieux, sans arriver à cacher mon début d'excitation face à cet évènement imprévu. « Des intrus! » j'ai murmuré, peut-être un peu trop fort pour un vrai murmure. Des Inkyva! Il y a des Inkyva sur le territoire! Ma queue s'est mise à remuer à toute allure en regardant vers l'origine de l'odeur. « Il faut qu'on les arrête! Sinon ils vont envahir le territoire et voler nos proies et attaquer la meute et nous kidnapper! » Et je n'ai pas attendu l'aval du reste de l'expédition pour partir sans attendre vers les envahisseurs, en faisant plus ou moins attention à là où je marchais pour ne pas non plus faire trop de bruit.
J'ai essayé la technique de Fenrir pour ne pas les alerter de notre présence, en m'approchant d'eux, enfin même si elle n'eest pas très efficace parce que je fais beaucoup de bruit quand même. Ils sont trois. Trois louveteaux! Et on est cinq, on ne peut que les battre! Mon excitation a pris le pas sur le reste et je me suis jeté hors de ma cachette, le torse bombé et la queue haute pour leur faire peur. « Vous êtes en territoire Agmark! » j'ai crié, en essayant d'être menaçant. « Je vous ordonne de vous arrêter tout de suite sinon on va vous attaquer et vous vaincre et vous faire prisonnier des Agmark! » En plus ils sont tous mouillés, ils font encore moins peur comme ça. On va leur montrer que les Agmark sont les meilleurs!
Reika détestait désobéir aux adultes. Lorsque ses frères lui avaient proposé de les suivre dans leur escapade en dehors du campement, elle avait essayé de les convaincre que ce n'était pas une très bonne idée... Leur père les avaient déjà bien suffisamment mis en garde des nombreux dangers qui rodaient dehors. Elle ne voulait pas qu'il leur arrive malheur, mais comme d'habitude, ils n'avaient rien voulu entendre. Elle avait fini par accepter de les suivre, lorsqu'ils avaient commencé à la menacer de partir sans elle. La petite louve aimait se sentir en sécurité avec les adultes, mais elle aimait encore d'avantage rester avec Alek et Eiko. Leur présence était rassurante, et elle savait qu'elle serait encore plus inquiète à attendre leur retour plutôt qu'en les accompagnant. En plus, leur père n'aurait pas manqué de lui demander ou étaient passés ses frères. Elle ne voulait pas mentir, ni dénoncer leur bêtise.
Suivant Alek de très près, la petite louve ne se sentait pas rassurée. Elle lançait des regards de droite à gauche, espérant que rien de dangereux de s'en prenne à eux... Elle ne vit pas lorsque son frère pila soudainement devant elle. Se cognant la tête contre l'arrière train d'Alek, Reika poussa un petit gémissement de douleur. La pression monta en elle lorsqu'elle comprit qu'il avait capté une présence non loin d'eux.
- Des intrus! Il faut qu'on les arrête! Sinon ils vont envahir le territoire et voler nos proies et attaquer la meute et nous kidnapper!
Attaquer la meute ? Les kidnapper ? Elle voulut lui dire qu'ils feraient mieux de fuir plutôt que de s'attaquer à ces intrus, mais il était déjà parti en trombe en direction de l'odeur. Reika le suivit à contrecœur, ne s'éloignant pas trop de lui. Elle fut rassurée de constater qu'il ne s'agissait que de louveteaux de leur âge. Et ils n'étaient que trois.
- Vous êtes en territoire Agmark! S'écria Alek. Je vous ordonne de vous arrêter tout de suite sinon on va vous attaquer et vous vaincre et vous faire prisonnier des Agmark!
Reika imita son frère, dressant sa queue haute et montrant ses petits crocs. Elle n'avait aucune envie de se battre, et elle espérait qu'ils les intimideraient suffisamment pour les dissuader d'approcher d'avantage. D'un autre coté, est-ce qu'ils avaient vraiment besoin de se battre ? Ils n'étaient que des louveteaux, et il y avait fort à parier que ceux-là non plus n'étaient pas sensés être là.
Fenrir trottinait joyeusement à la suite de ses amis. Il avait d'abord hésité à suivre les autres quand ces derniers lui avaient dit qu'ils partait à l'aventure, puis s'était décidé à les accompagner lorsqu'il avait su qu'ils ne sortiraient pas du territoire Agmark. Après tout il était comme les autres louveteaux, il adorait jouer avec ses camarades. Il était juste un peu plus sage et raisonné que les autres, voilà tout. Et au moins, si ils avaient un problème, il pourrait aller avertir son père qui viendrait les aider. Il n'était peut-être pas le plus rapide de tous mais avait une bonne endurance pour son âge qui lui permettait de se fatiguer beaucoup moins vite. Pour l'instant, la journée s'annonçait très bien. Toute la petite troupe de cinq louveteaux progressait dans la forêt à une bonne allure. Alek menait le groupe, comme toujours, mais Fenrir le laissait faire sans protester. Il était fort et n'aimait pas qu'on le contredise. Même si ce n'était que du jeu, le jeune Agmark préférait ne pas avoir à essuyer une défaite si il venait à contrarier Alek. Ce serait inutile et humiliant en plus de cela. Et de toute façon, se battre ne l'intéressait pas. Ce qui l'intéressait plus, en revanche, c'était la petite louve blanche qui le suivait de près. Sa sœur Reika. Fenrir ne l'avait vu qu'a de très rares occasions, la femelle préférant habituellement rester loin du groupe de mâles turbulents que formaient ses deux frères et Dägr. Il la comprenait dans un sens. Tous trois étaient de véritables nids à ennuis, et lui-même ne jouait pas souvent avec eux. Il préférait de loin les leçons de chasse de son père ou les histoires de sa mère. Quoi qu'il en soit, Fenrir aurait bien aimé faire plus ample connaissance avec Reika. Malgré sa timidité évidente, elle semblait être gentille et peut-être pourrait-elle devenir son amie ? Ainsi l'un comme l'autre pourraient s'amuser ensemble pendant que les trois autres feraient leurs bêtises, au lieu de s'ennuyer chacun de leur côté. Reika se retourna vers le reste du groupe pour s'assurer qu'ils suivaient et Fenrir lui adressa un sourire hésitant, sa queue se balançant faiblement en signe de sympathie. Puis la louve se cogna dans Alek, qui venait de s'arrêter brusquement, et Fenrir reporta son attention sur lui avec un regard interrogateur. «Des intrus! Il faut qu'on les arrête ! Sinon ils vont envahir le territoire et voler nos proies et attaquer la meute et nous kidnapper !, lâcha ce dernier. Fenrir n'eut pas le temps de réagir. Alek se précipita en direction de l'odeur qu'il venait à son tour de repérer, suivi de près par sa sœur et son frère. Fenrir hésita un moment. Les suivre ou aller avertir les parents ? Il finit par se décider et bondit sur les traces des autres. Si il y avait des intrus, il préférait autant ne pas rester tout seul au milieu de la forêt. Au moins ensemble auraient-ils une chance, même infime, de s'en sortir. La voix d'Alek résonna droit devant lui, et Fenrir accéléra le pas pour rejoindre ses amis. -Vous êtes en territoire Agmark ! Je vous ordonne de vous arrêter tout de suite sinon on va vous attaquer et vous vaincre et vous faire prisonnier des Agmark !» A quoi jouait-il ? Provoquer les intrus ? Il était fou ! Cependant, la panique du louveteau redescendit d'un cran lorsqu'il vit les intrus de ses propres yeux. Ils étaient trois. L'un au pelage tricolore, les deux autres à la fourrure plus noire que la nuit. Ils dardaient leurs regards mauvais sur les Agmark. Et pourtant, ces derniers ne fuyaient pas. Car les intrus n'étaient pas plus hauts qu'eux. Fenrir posa son regard ambré sur le plus grand, un mâle qui n'avait franchement pas l'air convaincu par les airs menaçants qu'arboraient ses amis. Que faire ? Fenrir les observait d'un air intrigué, cependant ses oreilles couchées sur son crâne et ses pattes piétinant le sol témoignaient de sa nervosité.
Eiko suivait le petit groupe de louveteaux avec un petit air amusé. Malgré son jeune âge, le petit loup blanc était de nature plutôt calme. Calme ne veut pas dire sage cependant ! Il partageait la passion de son frère pour les explorations interdites ! Malgré la menace des hommes, les deux frères aimaient découvrir le monde qui les entours. Or cette fois, les deux compères n'étaient pas seuls. En effet, Reika, Fenrir et Därg les avaient accompagnés. Reika, leur jeune sœur, les suivait courrament dans leurs explorations, elle n'allait jamais bien loin sans eux de toute façon... Mais Fenrir et Därg, ces deux '' fils à papa '' bien sages, n'allaient pas souvent défier les règles avec eux.
Eiko n'aimait pas vraiment les deux mâles. Il les trouvait trop raisonnables, bien élevé et poli, ils l'exaspérait ! Mais peut être était-ce également une certaine forme de jalousie ?
En effet, Fenrir et Därg avaient leur deux parents pour les chérir et leur donner tout l'amour que demandent des louveteaux. De plus, leurs parents n'étaient pas n'importe qui : Actéon, grand chasseur, et Nailah, l'unique nourrice. Eiko, Alek et Reika n'avait pas eu la chance d'être aimé par leur mère. Cet dernière les avait abandonnés après les avoir mit au monde. Les trois louveteaux avaient donc été élevés par leur père, Eren, un simple apprenti guerrière et leur grand-mère, Véga, qui était quant à elle l'Alpha Agmark. Faisant des trois petits des héritiers, par le sang de leur très chère et aimée mère...
Perdu dans ses pensées moroses, le petit loup blanc se prit les pattes dans une racine qui dépassait au sol. Il grogna de mécontentement et se rattrapa des justesse. Sa fierté l'ordonnant, il jeta un rapide regard circulaire pour vérifier que personne n'avait surprit sa maladresse. Alek marchait devant avec entrain, suivi de près par Reika qui était elle même suivie par Fenrir. Eiko fronça les sourcils, contrarié. Il n'aimait pas du tout la façon dont le tricolore regardait sa sœur. Si tu t'imagines avoir la moindre chance avec ma sœur tu rêves ! Elle est pas assez bien pour toi l'fayot... Il lui faut un quelqu'un de courageux et de téméraire, pas un lèche botte comme toi !
Le blanc fixa quelque instant son camarade avec une moue désapprobatrice. Il se montrait assez protecteur désormais. Depuis qu'il savait que sa mère n'était ni morte ni incapable de les rejoindres pour x raison mais qu'elle ne voulait juste pas d'eux, le louveteaux se montrait plus aigrie. Il ne riait plus autant et vivait assez mal un tel rejet. Il s'était fait un devoir de s'occuper de son frère et sa sœur autant que possible pour ne pas qu'il ressente le vide qu'avait créé Kira. Un vide qu'il ressentait lui même.
« Des intrus ! lâcha brutalement Alek. Il faut qu'on les arrête ! Sinon ils vont envahir le territoire et voler nos proies et attaquer la meute et nous kidnapper ! »
Eiko releva rapidement la tête et regarda son frère. Il s'était brusquement arrêté, si bien que Reika n'avait pu l'éviter et n'avait pu faire autrement que de le percuter. Avant qui quiconque ne puisse prononcer le moindre mot, Alek s'élança en contrebats vers la rivière qui coulait non loin. Aussitôt, Reika bondit à sa poursuite avec une mimique apeurée. Därg suivit à son tour et Eiko se mit à courir dans cette direction. Il dépassa Fenrir qui semblait hésiter. Pfff... Et ça se dit courageux ! Il aurait du rester entre les pattes de sa mère celui-là !
Tout excité par l'initiative d'une nouvelle aventure, le louveteau rejoint rapidement Alek et Reika devant la rivière. Il ne se posa même pas la question de l'identité des inconnus, inconscient ou téméraire ? Probablement un peu des deux...
« Vous êtes en territoire Agmark ! s'écria autoritairement le louveteau. Je vous ordonne de vous arrêter tout de suite sinon on va vous attaquer et vous vaincre et vous faire prisonnier des Agmark ! »
Des louveteaux... Trois petits loups à peine plus âgés qu'eux leur faisaient face. Et quel trio ! Un mâle pas plus épais qu'une brindille, tout dans la hauteur. A croire qu'on les nourris pas leur meute de pacotille ! Une louve plus petite qu'Eiko lui même -et c'est pour dire- qui semble absolument surexcitée, tout le contraire du mâle qui semble plus énergique qu'un escargot mort... La dernière n'est pas bien grande non plus. Alek la dépasse de plus bons centimètres alors qu'il n'est pas spécialement grand pour son âge... Ajoutez à cela deux prunelles jaunes pisses qui semble mourir d'envie de vous décapitez et vous obtenez un résultat aussi effrayant qu’hilarant. Eiko renifla d'amusement et se redressa. Il jeta un regard hautain et méprisant aux trois '' intrus ''. Ils n'avait absolument aucune crédibilité aussi trempé ! Il devait certainement avoir traversé la rivière car leur pelage dégoulinait encore d'eau et leur donnait un air tout maigre et chétif. Eiko gonfla son épaisse fourrure blanche -héritage paternel- et tendît la queue en signe de défi.
« Tient, des poules mouillées ! Votre maman ne vous a jamais dit que les aigles ne volent pas avec les pigeons ? Retournez dans votre basse-cour avec tout les spécimens de votre espèce avant de perdre vos plumes... »
Le petit blanc avait un ton railleur et arrogant. Il savait se montrer insupportable autant qu'adorable, tout dépendant de ses envies, or, il avait bien rarement envie de se montrer agréable en ce moment, et certainement pas avec des Inkyva !
Azazel traversa le premier, et une fois sur la même rive que Pandora, il jeta des regards inquiets aux alentours. Onérixia suivit en râlant, et elle lança un regard meurtrier à son amie, qui baissa la tête et coucha ses oreilles sur son crâne en signe de paix. «Bien, on avance discrètes et si on tombe sur quelqu'un d'assez faible on le ligote, s'il est assez fort on se cache. Compris Pando ? On. Attaque. Pas., dit finalement Onérixia. Est-ce qu'elle était en train de lui donner des ordres ? Pandora faillit protester mais l'autre petite la coupa dans son élan. -Vous inquiétez pas, je suis sûr que les Agmark sont des carpettes. Pandora acquiesça et s'apprêtait à reprendre sa marche lorsque tout se déclencha soudainement. Trop absorbés par leur discussion, les Inkyva n'avaient pas été assez prudents. Ils entendirent d'abord des pas. Des loups approchaient en courant. Et ils étaient nombreux à en juger par le vacarme qu'ils provoquaient. Pandora fixa l'origine du bruit, les yeux écarquillés et les oreilles aplaties sur son crâne. Elle ne recula pas cependant. Elle ne se laisserait pas intimider, oh que non ! Et tandis que tous trois étaient figés dans l'attente, les Agmark sortirent en bondissant des fourrés. Et Pandora passa de la peur à stupéfaction. -Vous êtes en territoire Agmark ! Je vous ordonne de vous arrêter tout de suite sinon on va vous attaquer et vous vaincre et vous faire prisonnier des Agmark !, hurla le premier. Il était assez musclé. Plus que la petite en tout cas. Il arborait un pelage blanc, comme les deux autres d'ailleurs, et avait des yeux d'une couleur que Pandora n'avait encore jamais vue. Rouge. Il aurait pu être impressionnant. Mais c'était un louveteau. Certes, plus grand qu'elle en taille, ce qui n'était pas difficile à accomplir, mais plus petit qu'Azazel, donc probablement plus jeune aussi. A sa gauche se tenait une femelle blanche elle aussi, au regard ambré, qui malgré son expression mauvaise empestait la peur et l'indécision. Alors que Pandora allait examiner l'autre mâle, un quatrième louveteau se pointa avec quelques secondes de retard. Brun celui-ci, et tellement trouillard qu'il ne tenait pas en place. Aucun doute qu'il décamperait dès que la louve ferait un pas dans sa direction. Après cette interruption, le troisième blanc s'avança. Il essayait de paraître plus impressionnant. Ce qui, de l'avis de Pandora, était un pur échec. Avec son duvet de petit tout juste sorti de la tanière il ne faisait peur à personne. -Tient, des poules mouillées ! Votre maman ne vous a jamais dit que les aigles ne volent pas avec les pigeons ? Retournez dans votre basse-cour avec tout les spécimens de votre espèce avant de perdre vos plumes..., dit ce dernier d'une voix qui irrita immédiatement Pandora. Non mais il se prenait pour qui celui-là ? Elle mourrait d'envie de lui clouer le bec, mais l'avertissement d'Onérixia lui revint en mémoire. Cependant, ce n'était que des louveteaux. Dont deux qui partiraient probablement en courant dès le premier signe de menace de leur part. Et c'était eux qui avaient commencé, elle ne ferait que se défendre. Pandora s'avança d'un pas sûr vers le groupe. Sa queue battait l'air avec violence tandis qu'elle s'arrêtait à seulement quelques centimètres du mâle qui avait parlé en dernier. Elle le fixa de son regard bleu glacial, une lueur féroce dans les yeux. -Et la tienne ne t'a pas dit qu'il fallait la boucler face à plus fort que soi ?, rétorqua-t-elle. Tout le monde sait que les Agmark ne sont que des bons à rien ! La preuve, où sont vos sentinelles ? Parce que si c'est vous, je suis sûre qu'on peut vous vaincre en une seconde et prendre le contrôle de la meute !» Elle esquissa un large sourire provocateur, les regardant tour à tour d'un air effronté. Elle savait que l'un d'eux allait perdre patience d'une seconde à l'autre, mais lequel ? Peu importe, elle n'attendait que le début des hostilités pour prouver qu'elle pouvait se battre mieux que quiconque.
Et puis, tout d'un coup, ma panique s'est avérée justifiée. J'ai senti tous mes muscles se figer en entendent quelque chose approcher. Approcher très très vite, même. Et mes pensées partir en vrille en comprenant que ça veut dire qu'on était repérés. Et qu'ils allaient nous attaquer et nous tuer, ou nous enlever, ou un truc pire encore... J'ai réussi à déglutir à grand peine en voyant qu'au moins, ceux qui nous avaient trouvés en plein milieu de leur territoire n'avaient pas l'air bien menaçants non plus. Peut-être qu'on peut s'enfuir avant qu'ils ne trouvent des renforts, si on court assez vite. Enfin, si ils courent assez vite, parce que moi je cours pas vite. Et si ils m'abandonnaient en s'enfuyant? Et que je devais affronter les Agmark seul?
J'ai raté le sens précis des menaces des deux petits blancs, trop occupé à paniquer intérieurement sur toutes les façons possibles que la situation dégénère totalement, jusqu'à ce que Pandora prenne la parole. " Et la tienne ne t'a pas dit qu'il fallait la boucler face à plus fort que soi ? Tout le monde sait que les Agmark ne sont que des bons à rien ! La preuve, où sont vos sentinelles ? Parce que si c'est vous, je suis sûre qu'on peut vous vaincre en une seconde et prendre le contrôle de la meute ! " J'ai senti mes oreilles se rabattre encore plus sur mon crâne en l'entendant parler. En fait, elle ne compte même pas s'enfuir. Elle veut se battre. Contre eux! Ils sont plus nombreux que nous, et ils ont le soutien de leur meute, et ils sont sur leur territoire, et... Et plein de raisons qui font qu'on ne devrai vraiment pas risquer un affrontement. De toute façon, je pense que c'est jamais une bonne idée de risquer un affrontement, même si on me traite de poule mouillée quand je le dis (alors que j'ai raison, pour une fois).
Mon regard a fini par croiser celui du seul tricolore dans l'escouade qui nous menace, qui n'a pas l'air bien plus rassuré non plus. Peut-être que eux ne voudront pas tous se battre. Peut-être beaucoup. J'ai reculé à côté d'Oné, en essayant de cacher le tremblement de mes pattes mal assurées. " Vous... Vous ssallez pas vous battre, hein? " j'ai chuchoté à son oreille, à peine assez fort pour être compréhensible. Elle n'est pas aussi suicidaire que Pando, hein?
Contenu sponsorisé
The great war - ft Azazel, Onérixia, Alek, Reika, Eiko et Fenrir