Pour ce deuxième jour de chasse, je me sentais prête à enfin conclure par une victoire. La journée précedente l'accablante vérité de mon inefficacité me rongeait de honte. J'avais besoin de me prouver de quoi j'étais capable. De ce fait, c'est à nouveau sur mon nouveau territoire de chasse que je laissais mon adorât parcourir les parfums fugaces. Je n'avais pas faim. Et pourtant, mon ventre grognait d'envie d'assouvir une faim plus importante. Celle de tuer. Depuis toujours, je possédais ce désir profond et inébranlable de meurtre. Mon côté belliqueuse ne faisait que cacher cette partie sadique et implacable de ma personnalité. J'aimais la mort. J'étais sa lionne et sa messagère. J'aimais tuer. La fringance d'un petit gibier se faufila entre mes narines. Mes pupilles se dilatèrent sous l'effet insatiable de mon appétit. À présent, je courrais à vivre allure laisse mon torse se mouvoir au relief du terrain. Les pattes repliés, le corps bas, les épaules élancés, j'utilisais ma force et mon agilité pour me faire le plus discrète possible. Et puis de ma vision de lynx, je la vis. Cette souris qui ne demandait qu'à être cueilli. Sa mâchoire mastiquait une graine tandis que son esprit était ailleurs, moi, je me devais d'agir. Je me stoppai, effleurai et contournai les brindilles sur ma route. Me confondre. Mes muscles bandés, j'étais prête à lui bondir dessus tel un lion. Tous mes sens aux aguets, je commençai à contenir ma respiration devenue calme. À contrario de mon coeur qui battait à mille et une lieues.Et un craquement.
Ce simple bruit eut le temps d'alerter ma proie de son prédateur. La souris s'en alla, l'air de rien.
Qui avait osé me défier ?
D'un air las et blasé, je tournai la tête et mes yeux s'écarquillèrent. Un lapin. UN PUTAIN DE LAPIN. Il était la proche, pas du tout en alerte. Et je me maudis de ne pas avoir senti son odeur plus tôt. Ma bouche fut pâteuse. Il n'était pas plus loin que la souris plus tôt.
D'un pas lent et concentré, j'avançai dans sa direction. Je devais absolument l'approcher. Soudain, il commença à courir. Moi sur ses talons, je galopais à travers la neige lourde et poudreuse. Il passa sous un tronc alors que je le talonnais de quelques mètres. Je bondis sur l'arbre échoué et sautai au dessus afin de gagner cette distance qui me manquait tant. Mon saut réussit et je m'écrasai juste derrière son postérieur. Je balançai ma patte en avant griffant sa peau soyeuse. Il perdit l'équilibre et roula sur le côté. Mes crocs vinrent attraper son coup dans une sanglante morsure coupant d'un seul coup toute vie à son corps.
Son dernier souffle heurta ma joue.
Ses yeux horrifiés me fixèrent une dernière fois.
Et la vie elle-même s'en alla.
Je l'avais tué.
Et qu'est-ce que ce ça m'avait manqué.