Je ne savais pas que c'était dangereux. Je n'avais même pas eu cette idée, en fait. Je sais juste que j'avais trouvé cette odeur, au milieu de rien, cette odeur que je n'avais presque jamais senti avant. Si, une fois, au garde-manger, mais je n'ai aucune idée de quel genre de proie c'était, et si je ne l'ai vu qu'une fois, c'est sûrement que c'est une proie particulièrement rare, je me suis dit. Et que j'avais de la chance de pouvoir en détecter une, alors que je ne suis même pas apprenti, et que je n'ai jamais rien traqué de ma vie; et que je voulais voir ce que c'était pour m'en souvenir.
Au final, c'est lui qui m'a trouvé. J'ai cherché un peu maladroitement l'origine de l'odeur avant d'entendre quelque chose passer entre les arbres. Crac, crac, ont fait des brindilles. Je me suis caché sous un buisson, le coeur battant, parce que ça avait l'air d'être quelque chose de vachement gros. Le bruit d'un canidé qui renifle l'air, et une ombre rousse à quelques mètres de moi, à l'affût d'une piste. Un coyote, j'ai réalisé, l'odeur, c'était un coyote. Et il se rapproche de moi. Et la panique est lentement montée au fond de moi en essayant de m'en éloigner le plus silencieusement possible.
Je ne m'y étais presque jamais entraîné avant, et je n'avais même pas fait quelques pas que j'ai marché sur des branchages secs. Qui se sont brisé en résonnant dans toute la jungle alentours, et je me suis figé en voyant le coyote lever les oreilles. Tourner la tête. Se diriger vers moi, précautionneux. Il est énorme, énorme à regarder le fourré où je me suis caché, tellement plus gros que moi et tellement effrayant. Tellement grand, et nerveux sur ses pattes fines, excité par la perspective d'une bonne chasse. J'ai fait craquer une autre branchette par inadvertance, et il s'est franchement avancé cette fois, et je n'ai pas beaucoup réfléchi avant de prendre la fuite.
J'ai songé que pour une fois, me balader tout seul non pour ne pas supporter les autres louveteaux venait de m'attirer dans un danger particulièrement épineux. J'ai couru aussi vite que j'en suis capable, sur mes pauvres pattes à peine musclées par l'absence totale d'activité physique dans mes passe-temps, et mon dos qui me fait mal, mal, tellement mal que je voudrais m'arrêter et me laisser tomber par terre, et arrêter de bouger totalement en attendant que la douleur s'en aille - mais il y a un coyote qui me poursuit, un énorme coyote aux dents gigantesques et je ne dois surtout pas ralentir. Et j'ai beau aller aussi vite que j'en suis capable, je sens bien qu'il se rapproche à un rythme effréné, bien plus rapide et endurant que je ne le suis et ne le serais jamais. J'ai plongé dans le premier abri que j'ai pu remarquer - un trou moyennement profond entre les racines d'un arbre plus que centenaire. Je me suis tortillé comme un fou pour en atteindre le bout, aussi loin possible du prédateur, qui s'est mis à tourner autour du tunnel en grognant à la recherche d'un moyen d'atteindre son repas malgré ce virement imprévu de la situation.
Mon soulagement n'a pas duré longtemps - juste le petit moment de flottement qu'il a fallu au canidé pour se mettre à creuser avec ardeur les parois du terrier. Scritch scritch scritch ça fait, ça résonne à mes oreilles et la peur est revenue aussi vite que j'ai réalisé ce qu'il était en train de faire. Je me suis contorsionné pour avancer encore dans le terrier abandonné, franchement terrifié cette fois, avant d'atteindre son bout, une petite chambre un peu plus large qui me donne juste de quoi me retourner pour croiser le regard du coyote alors qu'il projette des quantités inquiétantes de terre derrière lui. Et de le contempler, sidéré, jusqu'à ce que je réussisse à réfléchir de nouveau à un moyen de survivre à cette rencontre.
J'ai levé le museau vers la sortie, un peu instinctivement, et un bruit à mi chemin entre le hurlement et le piaulement, rendu suraigu par la terreur qui passe dans mes cordes vocales de si jeune louveteau, en espérant de toutes mes forces qu'il y a quelqu'un qui erre dans le coin. Crier, gémir, couiner aussi fort que j'en suis capable, et regarder le prédateur se rapprocher lentement mais sûrement de mon abri, avec la terreur qui bat à mes tempes.
Torak arpentait la jungle la tête haute. Sur son visage s'affichait cet air fier que tous connaissaient tellement il l'arborait souvent. Et pour une fois, la fierté du jeune mâle était amplement justifiée. L'apprenti avait fait ses preuves à de maintes reprises ces derniers mois, et était admiré par les autres jeunes de la meute. Il était, disait-on, le meilleur apprenti parmi les Inkyva, et dépasser son propre frère n'était pas pour lui déplaire. Cependant, quelque chose échappait à Torak: pourquoi les femelles ne venaient-elles pas discuter avec un loup aussi fabuleux que lui ? Mais il ne s'en inquiétait pas trop. L'amour viendrait bientôt, il en était sûr ! La gloire apportait toujours l'amour, et il avait la première. En attendant, le regard mauvais de Sokka, celui satisfait de ses parents et ceux émerveillés de Pandora et Éole suffisaient amplement à faire de lui un loup un peu trop vaniteux au goût des autres. Mais bon, après tout, Torak avait toujours été ainsi, on ne pouvait le changer. Le mâle s'éloigna du camp au petit trot, songeant à ramener quelque chose à manger à la meute, histoire d'étoffer encore un peu plus son talent devant les autres. Chasser était une tâche à laquelle il s'était adonnée depuis peu et, comme tout ce qu'il entreprenait, cela avait été un franc succès, et chaque fois qu'il revenait avec une proie dans la gueule, le jeune loup veillait à bien faire le tour de tout le camp en l'agitant devant les yeux de tous avant d'aller la déposer avec les autres dans le garde-manger. Aux aguets, et désormais silencieux et concentré, Torak examinait les alentours avec attention, cherchant une trace de quoi que ce soit de comestible - et pas trop dur à abattre pour son âge. Il rêvait de rapporter un énorme sanglier ou un majestueux cerf à ses congénères, mais si il était un poil arrogant, Torak n'était pas stupide. Il savait qu'il était loin d'avoir la force nécessaire pour chasser de tels gibiers sans courir au suicide. Alors il se contenterait de quelque chose de plus petit. Soudain, les oreilles de Torak pivotèrent sur son crâne. Un bruit entre le hurlement et le cri de terreur retentit droit devant. Un hurlement de louveteau. Un louveteau en détresse. Le sang de l'apprenti ne fit qu'un tour. Il savait à quel point ses deux petits frère et sœur pouvaient s'attirer des problèmes, et aucun doute que l'un d'entre eux était en danger. Il n'y avait pas de temps à perdre. Le loup s'élança d'un bond dans les fourrés en direction du cri. Ses pattes frappèrent le sol avec puissance tandis qu'il courait à grandes foulées, les battements de son cœur retentissant dans son esprit tandis que les pires scénarios y défilaient. Les souvenirs encore trop frais des hallucinations causées par la maladie se mêlèrent à sa panique, et l'image d’Eole gisant dans une mare de sang, ainsi que celle de Pandora agonisant contre lui apparurent beaucoup trop nettes dans sa tête, manquant de le déstabiliser et de le faire trébucher. L'apprenti se reprit, chassant toutes ces pensées macabres de son esprit et accélérant l'allure. Il s'arrêta en dérapant dans la terre lorsqu'il arriva sur la scène. Un coyote assez imposant grattait et déchiquetait frénétiquement les racines d'un vieil arbre. Torak y dirigea son regard et vit une petite masse de fourrure brune qui s'y dissimulait, se recroquevillant le plus loin possible des mâchoires qui la menaçaient. Une vague de soulagement traversa l'apprenti. Ni Pandora, ni Éole. Mais un louveteau Inkyva sans aucun doute, vu son odeur. Le jeune loup se souvint que Pandora ne cessait de parler de ses nouveaux amis, apparemment les petits de Requiem, la louve qui l'avait soigné. Pas le temps de réfléchit plus que cela. Torak se campa solidement sur ses pattes et plaqua ses oreilles en arrière. Il fit gonfler sa fourrure immaculée, qui se dressa sur son dos, et poussa le grondement le plus dissuasif qu'il pût. Aussitôt, le coyote délaissa sa tâche pour se tourner vers lui, prenant une posture tout aussi agressive, bien qu'hésitante. Le loup fit un pas en avant, puis un autre, marchant lentement vers l'autre canidé. Puis, lorsqu'il furent proches l'un de l'autre, le combat s'engagea. Le coyote se jeta vers Torak, qui tenta de l'esquiver d'un bond agile sur le côté. Il y parvint presque, mais ne s'éloigna pas suffisamment, et dès que ses pattes touchèrent de nouveau le sol, il sentit les crocs du coyote s'enfoncer dans sa cuisse. Lâchant un grognement de douleur, il fit volte-face et bouscula l'animal d'un grand coup d'épaule, l'envoyant rouler plus loin. Il s'apprêtait à l'attaquer de nouveau lorsqu'il avisa le louveteau qui rampait hors de son abri. «Non ! Reste là !, aboya-t-il à son intention. Puis une nouvelle douleur à l'encolure le ramena dans l'action, et Torak contre-attaqua aussitôt en refermant sa propre mâchoire sur le crâne du canidé. L'animal relâcha immédiatement sa prise tandis que le loup resserrait sa prise, menaçant de briser la tête du prédateur à tout instant. Cependant, avant même qu'il n'y parvienne, le coyote se débattit sauvagement à coups de griffes, échappant à Torak. Puis, il partit à toute allure parmi les broussailles sans demander son reste. Haletant, le jeune Inkyva l'observa jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Inutile de le poursuivre, il ne remettrait pas les pattes sur leurs terres après cette frayeur. Torak se retourna vers le louveteau. -Maintenant, tu peux sortir., lui dit-il avec un léger sourire. Et me dire ce que tu faisais tout seul si loin du reste de la meute. Tu aurais pu te faire tuer, tu le sais ?» Il prit un air tout à fait sérieux, observant le petit de haut, son regard ambré lourd de reproches.
J'ai senti mon sang se figer dans mes veines en voyant le coyote se détourner brusquement de sa tâche pour arquer son dos, le pelage gonflé et les babines retroussées, les yeux fixés sur une cible hors de mon champ de vision. Je me suis contorsionné pour avoir un autre angle de vision, le coeur battant, juste pour apercevoir un loup blanc à l'odeur Inkyva, que j'ai eu du mal à reconnaître dans ma panique. Je l'ai déjà vu, de loin, en restant près du garde-manger. Il a toujours une proie énorme avec lui, mais il n'est pas chasseur. C'est le grand frère de Pandora et Eole. Et il menace le coyote. Tout seul.
Je suis resté figé en le voyant bondir vers le loup blanc pour engager le combat, avant de me dire que je devrais m'enfuir tant qu'il arrive à le retenir et à détourner son attention de moi. Parce qu'il ne peut pas vaincre un coyote aussi gros, je me suis dit. Il est énorme, et menaçant, et agressif, et lui il est tout seul, et j'ai commencé à me glisser hors du trou, hésitant. Aller chercher de l'aide. Ou lui permettre de s'enfuir. Ou quelque chose, n'importe quoi. « Non ! Reste là ! » Je ne me le suis pas vraiment fait dire deux fois. La sécurité précaire du minuscule abri m'a brusquement semblé bien plus profitable qu'une fuite improvisée loin du prédateur, et j'ai fait marche arrière pour le regarder continuer son combat.
J'ai relevé la tête en le voyant attraper la tête même du coyote entre ses crocs après avoir essuyé une autre attaque, incapable de le quitter du regard. Le canidé qui se débat, s'agite, menacé par l'étau des mâchoires de son adversaire. Sursauter en le voyant se libérer. J'ai fermé les yeux pour ne pas voir la suite du combat, tremblant. Attendre, patienter, et se rendre compte qu'il n'y a plus un bruit, sinon le souffle précipité de l'apprenti venu me secourir. J'ai risqué un coup d'oeil hésitant, avant de les rouvrir en grand en ne voyant plus le coyote. Il s'est enfui. Il a fait fuir un coyote!
Mon air émerveillé n'a pas duré bien longtemps - jusqu'à ce que le vainqueur tourne la tête vers moi et que je baisse les yeux pour esquiver son regard, subitement coupable. C'est ma faute, après tout. Ma faute si il a dû risquer sa vie pour faire fuir le prédateur... « Maintenant, tu peux sortir. Et me dire ce que tu faisais tout seul si loin du reste de la meute. Tu aurais pu te faire tuer, tu le sais ? » Je me suis risqué en dehors de l'abri, tremblant, la queue réfugiée entre mes pattes arrière et le regard vissé au sol. Il s'est écoulé un long moment avant que je ne finisse par m'asseoir pour répondre. J'ai mal au dos. J'ai vraiment mal au dos. J'ai envie de rentrer et m'allonger et dormir avec maman. Et je sens encore mon coeur qui bat tellement vite que chaque pulsation empire encore la douleur, et les tremblements de tout mon corps avec.
« Pardon. » j'ai murmuré en essayant d'enfouir mon mauvais accent le plus loin possible des mots que je forme. J'ai hésité un autre moment avant de reprendre en me demandant quoi répondre à sa question. Je suis obligé d'y répondre, même si je voudrais pas avoir à lui parler, parce qu'il vient de me sauver la vie donc c'est poli de faire un effort. « Ze... Ze... » Faire taire la frustration qui me gagne. « Jze reztais pas avec les sautres louveteaux. I-Ils zont trop efssités. » J'ai reculé un peu en voyant la quantité de salive que je lui ai projeté dessus en essayant de prononcer ce mot. « P-Pardon. » j'ai répété, honteux.
Mon regard a fini par dévier sur les traces qu'a laissé le combat autour de mon abri, et le chemin qu'a emprunté le coyote pour s'enfuir. J'ai réfléchi de nouveau avant d'oser lever la tête pour lui jeter un regard timide, avant de la baisser de nouveau. Il a l'air tellement super intimidant, après s'être battu contre le coyote. Est-ce qu'il se bat contre d'autres loups aussi? D'autres loups d'autres meutes? Comme les Aguemark qui vivent à côté dont les adultes parlent parfois. « Tu... Tu es guerrier? » Si il se bat aussi bien, c'est sûrement qu'il est guerrier. Ou apprenti guerrier. Je sais pas quel âge il a. Il a l'air jeune, mais si il se bat aussi bien, peut-être qu'il est déjà plus apprenti. Je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir vaguement triste à l'idée que je ne pourrais jamais l'être aussi.
Le louveteau s'extirpa non sans difficulté de l'entrelacement de racines sous lequel il s'était abrité. Il tremblait de tous ses membres, et Torak ne savait si c'était à cause de ses remontrances ou parce qu'il avait eu la trouille de sa vie en voyant le coyote se jeter sur lui tout crocs dehors, prêt à dévorer le petit innocent qu'il était. L'apprenti s'inquiéta lorsqu'il vit le rescapé afficher une grimace de douleur tout en s'asseyant face à lui. Le coyote avait-il eu le temps de le blesser avant son arrivée ? Cependant, Torak ne remarqua aucun coup sur son pelage, au contraire du sien qui, auparavant d'une blancheur immaculé était orné de tâches vermeil là où le canidé l'avait mordu. Rien de grave heureusement, mais il veillerait tout de même à montrer cela à un guérisseur pour éviter l'infection. Il avait presque développé une phobie des microbes après avoir attrapé le Mal des Larmes Pourpres. «Pardon., murmura le petit, le sortant de ses pensées. Ze... Ze... Jze reztais pas avec les sautres louveteaux. I-Ils zont trop efssités. P-Pardon. Torak eut un peu de mal à le comprendre. Il fallait dire que le zozotement du louveteau était très prononcé ... Cependant, il lui donnait un petit air attendrissant, et Torak se promit de ne rien dire de sa mésaventure à ses parents. Pas la peine de l'enfoncer encore plus, ses excuses étaient sincères si l'on en croyait sa posture et sa mine triste. -Tu... Tu es guerrier?, le questionna d'ailleurs celui-ci d'une petite voix. L'apprenti sourit. Les louveteaux étaient tellement naïfs et impressionnables. Il l'avait vu à de maintes reprises avec ses deux cadets. -Non, je suis apprenti sentinelle. Mon frère, lui, est apprenti guerrier par contre., commença-t-il avec une lueur de fierté dans le regard. Ne t'inquiète pas, je ne raconterai à personne ce qui est arrivé ici. Tu as eu ta dose d'émotions pour la journée je pense, et je suis sûr que tu ne t'éloigneras plus de la meute de si tôt, n'est-ce-pas ? Il lança un regard entendu au louveteau. Il semblait beaucoup plus sage que Pandora, il serait étonnant qu'il refasse la même bêtise comparé à la petite infernale. D'ailleurs ... -Tu es un ami de Pandora, non ? Comment t'appelles-tu ? Moi c'est Torak.» Il était évidant que le louveteau connaissait sa sœur, c'était la seule que Torak avait clairement vu dans son esprit lorsque le louveteau avait dit que les autres étaient trop excités. Elle était une véritable boule de nerf, pas étonnant que ses amis veuillent l'éviter de temps en temps pour avoir un peu de répit.
« Non, je suis apprenti sentinelle. Mon frère, lui, est apprenti guerrier par contre. Ne t'inquiète pas, je ne raconterai à personne ce qui est arrivé ici. Tu as eu ta dose d'émotions pour la journée je pense, et je suis sûr que tu ne t'éloigneras plus de la meute de si tôt, n'est-ce-pas ? » Sentinelle, en même temps, je me suis dit que c'était plus logique que guerrier. Si il était guerrier il serai en train de s'entraîner de son côté, pas à se balader sans but sur le territoire, alors que si il est sentinelle c'est logique. Enfin apprenti encore, pas une vraie sentinelle. Il est que apprenti et il sait déjà combattre un coyote tout seul. Qu'est-ce qu'il faut savoir faire pour être une vraie sentinelle alors? Il doit falloir être vraiment fort. Je ne serais jamais sentinelle, j'ai pensé, et décidé en même temps parce que ça avait l'air franchement fatiguant.
« N-non. » j'ai répondu en murmurant, en me disant que de toute façon j'avais trop peur de retomber sur un coyote pour jamais me dire à nouveau de m'éloigner un peu trop loin d'un adulte qui sait se défendre. « M-Merzi. » De toute façon à qui il va le raconter? Pas Maman parce qu'elle peut pas l'écouter parler et Oné et Neeven ils peuvent pas me disputer, on a le même âge. Et je sais pas où est mon papa comme celui de Pandora, donc il peut pas le lui raconter à lui non plus, et puis si il arrivait à le retrouver quand même il aurai des choses plus importantes à faire que de l'écouter parler de ce que je fais de mal. Mais j'ai quand même eu envie de lui répondre merci.
« Tu es un ami de Pandora, non ? Comment t'appelles-tu ? Moi c'est Torak. » Torak, le grand frère de Pandora. Torak. Torak. J'ai répété le nom plein de fois dans ma tête pour être sûr de m'en souvenir. « Ze m'appelle Assassel » j'ai dit, en me demandant si il va se moquer de mon nom comme le faisait Pandora. « Ze... Oui. Ze zoue avec elle près de la cazcade. E-Elle aime bien a-aller dans l'eau. Enfin ze crois. Elle y est tout le temps. Ze crois qu'elle aime bien nazer. » Peut-être qu'elle veut devenir pêcheuse. Enfin je crois qu'aucun loup dans la meute est pêcheur de toute façon. Il y a des chasseurs, mais pas de pêcheurs. Peut-être qu'elle veut devenir chasseuse qui fait que pêcher alors, mais on a pas assez de points d'eau sur le territoire pour ne faire que pêcher, alors il faudra qu'elle explore jusqu'à en trouver plein et que ça soit assez ou qu'elle chasse autre chose avec. « Elle bouze tout le temps. Quand ze zuis fatigué elle veut encore continuer à zouer. » J'aimerais bien avoir autant d'énergie qu'elle. Je pourrais faire plein de choses, et chasser, et patrouiller sur le territoire et me battre et nager tout le temps. Et vouloir faire chasseur qui fait que pêcher.
Après l'avoir vaguement remercié, le louveteau se présenta après un petit moment de réflexion pendant lequel il sembla perdu dans ses pensées. «Ze m'appelle Assassel., dit-il. C'était donc lui le fameux "Assassel". Torak s'était demandé si Pandora n'avait pas inventé ce nom lorsqu'elle lui en avait parlé, à cause de l'étrangeté de ce dernier, mais il avait ensuite entendu parler d'un louveteau dans la meute appelé Azazel et avait immédiatement fait le rapprochement, surtout maintenant qu'il savait que le concerné avait un problème de prononciation. -Ze... Oui. Ze zoue avec elle près de la cazcade. E-Elle aime bien a-aller dans l'eau. Enfin ze crois. Elle y est tout le temps. Ze crois qu'elle aime bien nazer., reprit le petit. Elle bouze tout le temps. Quand ze zuis fatigué elle veut encore continuer à zouer. Torak sourit à nouveau. Il venait de dresser le portrait exact de sa sœur, bien qu'il ne comprenne pas cette histoire de cascade et d'eau. Pandora, nager ? Elle était bien trop petite, et de toute façon leurs parents avaient interdit aux deux énergumènes de s'approcher de la cascade sans surveillance pour éviter un drame. Après, la petite louve noire avait un don particulier pour enfreindre les règles. L'apprenti songea qu'il essayerait de l'interroger de manière subtile à ce sujet. Il la disputerait si elle avait pris le risque de noyer en jouant dans la cascade mais ne raconterait rien à Epsilon et Midona. Tous deux avaient déjà de nombreuses responsabilités et Torak aimait s'occuper de son petit frère et de sa petite sœur pour les aider un peu. -Je sais qu'elle peut être un peu pénible, mais voilà un petit conseil: si elle t'embête trop, mordille-lui les oreilles, elle déteste ça et te laissera probablement tranquille pour aller bouder plus loin. Je ne suis pas sûr que ça dure longtemps par contre, alors dès qu'elle s'éloigne profites-en pour filer !, chuchota Torak à l'intention d'Azazel. Il aimait bien Azazel. Le petit semblait empreint d'un innocence rare, même chez les louveteaux, et également d'une grande sagesse qui ne demandait qu'à grandir avec le temps. D'ailleurs, en parlant de grandir, une question occupait l'esprit du mâle immaculé. -Au fait, qu'est-ce que tu veux faire pour ton apprentissage ?», s'enquit-il. Il commença à avancer en direction du camp, suivi de près par le louveteau.