Torak était furieux. Cela faisait quelques jours déjà que les membres de la meute étaient sur les nerfs et vigilants, depuis qu'un petit de Requiem avait été attaqué par une fouine. Heureusement, le louveteau s'en était sorti grâce à l'intervention d'un adulte non loin, mais il avait eu beaucoup de chance. L'issue de cette rencontre aurait pu être beaucoup plus tragique, et lorsque son petit frère Éole était revenu avec quelques blessures en disant s'être fait attaquer par le même animal, l'apprenti sentinelle n'avait pas perdu de temps. Après avoir conduit le louveteau chez une guérisseuse, il avait immédiatement pris la fouine en chasse, bien déterminé à l'abattre avant qu'un autre accident n'ait lieu. Après tout c'était son rôle, protéger la meute, alors il s'attellerait à la tâche sans renoncer jusqu'à atteindre son but. Après avoir demandé aux deux petits dans quelle direction était partie la fouine, il avait pris le chemin de la montagne crépusculaire, avançant d'un pas sûr mais silencieux. Tous les sens aux aguets, il avait fini par trouver une piste fiable en trouvant quelques petite crottes à l'odeur horriblement forte, mais reconnaissable, appartenant à la fouine. A partir de là, suivre son itinéraire n'avait pas été bien compliqué. Le mâle avait avancé le museau rivé au sol, lentement mais sûrement, et était arrivé jusqu'à la clairière secrète. Il s'était glissé par l'étroit passage y menant et se tenait désormais au milieu des hautes herbes, alerte. Ses oreilles pivotaient en tous sens, guettant les bruits alentours, tandis qu'il promenait son regard vers l'horizon. Il réfléchit un moment, avant de se remettre en marche, longeant la bordure de la clairière, où s'accumulaient les buissons, ronces, branchages en tous genres. Des multitudes d'endroits idéaux pour un terrier. Puis, au niveau d'un enchevêtrement de ronces, il vit une forme brune s'agiter. Aussitôt et sans se faire repérer, Torak se plaqua au sol, rivant son regard ambré sur l'animal. Long corps élancé, courtes pattes, museau fin et petits yeux noirs malicieux. Aucune doute, c'était sa cible. Avec une grande discrétion, Torak rampa lentement vers le rongeur. Ses muscles en plein développement roulaient sous son pelage immaculé tandis qu'il se rapprochait indéniablement de la fouine. Lorsqu'il fut assez prêt, il se figea et banda ses muscles, se préparant à bondir. D'une puissante impulsion de ses pattes, le jeune loup s'élança vers sa proie d'un grand saut agile, et atterrit sur le rongeur. L'apprenti roula au sol avec l'animal qui se débattait, veillant à éviter ses coups de griffes et ses petits crocs pointus. Le loup planta ses crocs dans le flanc de la fouine et l'envoyant voler plus loin. Il courut vers l'animal qui venait de frapper le sol et referma de nouveau ses mâchoires sur sa gorge cette fois-ci. Torak secoua sa tête en tous sens, et petit à petit l'animal cessa de se débattre pour retomber inerte entre ses crocs. Le loup reprit le chemin du camp, y ramenant la fouine avec une grande fierté.