Belle utopie que celle de nourrir sa meute. Il n'avait pas chômé, personne ne semblait avoir faim, mais les proies supplémentaires, sous la chaleur, avait accueillit insectes et parasites, à moins que ce ne soit la pluie qui eu raison d'elles. Quel gachi... Les chasseurs devaient donc repartir en quête d'autres morceaux de viande, sans fin, pour assurer un avenir à tous ? Etait-ce donc ça, la vie en collectivité ?
Ce jour là, le loup de nuit alla bien plus loin que son territoire. Ses pattes le guidaient, courant a delà de la frontière. Il n'était cependant pas chez les Inkyvas, ce qui lui aurait valu plus d'ennuis qu'aurait pu rapporter sa chasse en positif. La plaine n'offrait pas beaucoup d'abris pour les bestioles, aussi espérait-il pouvoir compter sur sa vitesse et son endurance pour attraper ses proies. S'il y avait un endroit où il n'avait aucune chance de se mettre à couvert pour s'approcher, c'était bien ici.
Le vent était plus fort et portait les odeurs de plus loin que sous les arbres. Mais l'ancien solitaire avait du se plier au cours de son errance à ce type de milieux, qui lui était desormais familier. Il se demandait s'il n'avait pas un peu rouillé, mais la dousse caresse de l'herbe verte lui rapella ses chasses avec toute la précision dont il avait besoin. Lorsqu'il décida finalement de s'arrêter pour guetter le gibier, il ne prenait pas garde à l'odeur lupine. La gueule entre-ouverte, il humait l'air à la recherche d'un rongeur ou d'un oiseau, non d'un potentiel danger, tachant de déterminer sa position.
Il le sentit avant de le voir, ce petit quadrupède pas plus haut que trois pommes de pin. Il reconnaissait sans mal les effluves caractéristiques d'un mulot. Son pelage sombre, si utile pour la chasse nocturne, lui était parfaitement dérisoire. Il se tourna vers la source et s'ellança sans attendre. Tachant d'anticiper les mouvements de l'animal qui regagnait un monticule rocheux, abritant certainement une entrée de galeries sous-terraines, Jimmën couru a sa poursuite.
Même s'il se sentait un peu trop exposé, le plaisir de la liberté le gagna peu à peu. Il avait l'impression de flotter, de dépasser le vent. Il lui semblait que ses pattes ne touchaient le sol que pour rebondir, vers une nouvelle foulée aussi légère que la précédente, frolant à peine les brins. En dressant l'oreille, il distinguait seulement cette douce berceuse. Peut-être aussi qu'il occultait tout le reste. C'était si agréable !
Il parvient avant le mulot au niveau sa délivrance. Jimmën s’imagina la victoire, ses griffes qui s'enfoncèrent dans sa chaire tendre, puis sa gueule qui lui brisa la nuque. Mais tout ça resta dans son esprit, car il délogea un bourdon de la fleur de trèfle qu'il butinait. L'insecte passa dans son champ de vision et il se concentra instantanément dessus. A la lueur du soleil, ses rayures se détachaient comme un pelage d'or sinuant les airs. Le loup était si captivé qu'il ne remarqua pas que sa proie avait prit la fuite par une autre entrée de sa tanière souterraine.