Faim. Soif. Fatigue. Peur. Tout se mélange, plus rien ne se distingue. Douze marche. Douze se cache. Où est-il ? Où erre-t-il ? Jusqu'où va-t-il marcher ?
Son regard virevolte à droite. A gauche. Il scrute le ciel, il scrute le sol. Et si un piège l'attendait ? Une de ses pattes le fait particulièrement souffrir. Mais que vaut cette souffrance...?
Il se rappelle leurs caresses. Il se rappelle leurs coups. Leurs mots tantôt suturants, tantôt hurlants. Où sont-ils aujourd'hui ? Douze ne voit pas. Douze ne connait rien d'autre qu'eux. Douze perdu.
Des images lui reviennent perpétuellement, le font tiquer. D'autres loups. Il entend des hurlements. Douze voit des ombres. Parfois elles l'attaque. Alors, Douze fait ce qu'il a toujours fait. Douze plonge à terre, en boule, oreilles tellement plaquées contre la tête qu'on ne les distingue plus. Un morceau de loup, au pelage miteux, à l'âme brisée.
Un matin, Douze se réveille au beau milieu d'une forêt. Perclus de courbatures et la gorge brûlante. Soif. Terriblement.
Le loup se lève. A ses oreilles lui parvient le bruit doux d'un courant. Il suit ce bruit d'un pas claudiquant, le corps ramassé. Douze suit le peu d'instinct qu'il lui reste. Une forte odeur lui parvient. Il ne sait ce que c'est. Elles lui rappellent l'odeur de ses compagnons de chagrin. Quatre. Trois. Mais Douze pas amis. Douze pas savoir.
De l'eau lui lèche les pattes. Il sursaute. Puis il s'accroupit, et boit à petites lampées.
Soudain, un bruit. Un craquement. Douze peur. Douze gronde, puis Douze trouve un arbre, et se refuge derrière, tremblant.
En terres Agmark. Quel magnifique territoire. Enfin, Lexa le pense parce qu'elle fait parti de la meute. De toute façon, elle ne pouvait que trouver ces terres belles. L'eau, les montagnes, les forêts, les royaumes de glace … Ils avaient tout. En plus d'avoir de bons chasseurs, et des alphas puissants. Que demander de mieux ? La louve ne quittait pas les siens. Elle n'en avait aucune envie, ni aucune raison de le faire. Lexa s'était rendue à la forêt d'été. Elle avait soif, et ne pensait qu'au moment où elle se réhydraterait. Il faisait bon ; il y avait quelques nuages, par ci, par là, mais cela ne la dérangeait guère. La femelle continuait d'avancer au cœur du territoire, sereine.
Elle arriva très vite au bord de l'eau. L'onde était vive et les reflets du soleil sur celle-ci lui aveuglait presque la vue. Penchant son museau tout bas, elle lécha une première fois ce liquide si précieux. Une gorgée, puis deux, puis trois. Qu'est-ce que c'était bon ! Rafraîchissant ! Lexa en oubliait tout le reste. Jusqu'à ce que, silencieusement, elle releva la tête. Fixant devant elle, la femelle recula. Que se passait-il ? Dévotion de la Huppe hésitait ; elle avait entendu un bruit, non loin d'elle. Une sorte de petit grognement, puis, un bruit de fouillis. Elle était sur ses terres, elle n'avait rien à craindre. Mais Lexa savait que quelques prédateurs ou autres solitaires pouvaient parfois s'égarer. Voulant être sûre d'elle, la femelle s'approcha du bruit.
Lexa fut surprise lorsqu'elle découvrit un loup, tout tremblant. Plaquant ses oreilles en arrière, la femelle ancra ses pattes dans le sol et se fit menaçante. Qui était-il ? Elle remarqua que le loup n'avait pas l'air bien dangereux. Tremblant comme un chiot, et faible comme il avait l'air, il n'allait certainement pas lui faire grand mal. Mais en tant que guerrière, Lexa se devait d'assurer la sécurité du territoire : les alphas étaient formels, aucun intrus sur le territoire !
« Qui es-tu, solitaire ? Que fais-tu sur les terres Agmark ? » Lança-t-elle, restant prudente à l'égard de ce loup vagabond.
Était-il perdu ? Jouait-il à un jeu ? Se cachait-il derrière un masque ? La love restait prudente, et menaçante. Comme disait sa mère, on n'est jamais trop prudent, surtout lorsqu'on se retrouve face à un de son espèce.
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Ven 3 Aoû - 16:51
Des pas se rapprochent, Douze tremble à chacun d'entre eux. Il sent une odeur, et une jeune louve lui fait soudain face, l'air menaçant mais prudent. Douze la contemple, terrifié.
"Qui es-tu, solitaire ? Que fais-tu sur les terres Agmark ?"
Douze reste muet ce qui semble être des minutes entières. Douze réfléchit. Qu'est-ce que Agmark ? Un clan ? Sont-ils dirigés par des Hommes ? On lui a dit qu'en ces lieux les hommes ne vivaient plus.
Quelle attitude adopter ? Douze ne sait pas. Après avoir déglutit, le loup s'apprête à parler, décidant de jouer la carte de la sincérité. Ses yeux oscillent étrangement entre la louve et le sol, et son oreille droite tique sans arrêt. Signe évident de stress, que Douze ne sait pas cacher. Douze reste collé au tronc d'arbre qu'il s'est trouvé. Arbre me protègera d'un coup de griffe, pense-t-il.
"Je suis Douze, le douzième. Douze perdu. Douze so... solitaire."
Le loup faiblard regarde la louve. Son pelage est brun comme le sien. Beaucoup mieux entretenu. Douze est mauvais juge. Mais Douze a connu des loups. Douze voit les auras. Il sait quand quelqu'un lui veut du mal. Et l'aura de cette louve n'est pas mauvaise, Douze le sent. Mais prudence est mère de sureté. Cette louve a l'air d'avoir une raison de le chasser.
Il regarde autour de lui sans arrêt. Des flashs tentent d'envahir son champ de vision. Ces flashs si familiers et pourtant abhorrés... Des souvenirs violents et doux-amers... Des vagues qui tentent de le submerger, et Douze essaie de lutter contre elles. En cet instant, il y arrive.
Après un long souffle, le loup redresse légèrement les oreilles et tente de fixer son regard dans celui de l'inconnue.
"Agmark ?" demmande-t-il en penchant éloquemment la tête sur le côté.
Douze veut que la louve comprenne son ignorance. Douze ignorant, donc Douze inoffensif.