Meute: Histoire de Dariak - Hurleurs de l'Aube

On raconte qu'à la chute des mondes, lorsque le ciel fit pleuvoir le feu et le métal et que la terre étouffa ses fils et ses filles de verdure, la folie avait frappé les plus braves des loups. Dans une région de toundra brune frappée par les pluies de feu, les loups s'étaient retournés les uns contre les autres, les amis contre les amis, les frères contre les frères. On se battait avec toujours plus de violence pour de moins en moins de nourriture.

Un loup pourtant se dressa face au nouvel ordre établi. Un loup des plus vaillants, fort et intelligent, Harryam dit le Bison du Ciel. Le loup gris à la collerette noire fit face aux errants assoiffés de sang au nom de l'honneur et la survie de sa jeune portée et sa compagne frappée par la faiblesse. Bison du Ciel combattit avec toute la férocité de ses pairs, jamais loup n'avait vu une telle puissance, une telle détermination.

Après des jours de combats sans fléchir, les loups reconnurent en lui un véritable leader. Beaucoup l'approchèrent dans l'espoir de gagner son estime, lui offrant tout bien qu'ils pouvaient posséder. Nourriture, protection et soin. Mais les terres n'étaient pas assez prospères pour y faire vivre ses petits et sa compagne, malgré l'attention de plusieurs guérisseurs dévoués, la mère céda aux mélodies funestes de la mort.

Effondré par la disparition de sa compagne, Harryam décida de prendre l'avenir en main. Il se proclama alpha d'une nouvelle meute, la meute Dariak, ainsi que se nommait sa bien-aimée. Et ainsi naquit les Hurleurs de l'Aube.

On raconte qu'aucune meute n'a plus voyagé dans les landes de cendre et les terres de feu que celle-ci. Les Hurleurs de l'Aube avaient pour habitude de toujours marcher en direction de l'Ouest, sans jamais s'arrêter plus d'une saison sur des terres. Cette mobilité constante faisait des Hurleurs de l'Aube des loups grands et endurants dont la réputation s'étendait au-delà de toute frontière. Honneur, Courage et Protection étaient les mots d'or de ces grands nomades à l'organisation minutieuse et la solidarité indéfectible.

Ainsi, au fil des voyages, les générations du Ciel, descendance d'Harryam, Bison du Ciel, prolongèrent leur tradition nomade, accueillant en leur sein les perdus, les errants, les fragiles, les guerriers nobles et les savants de la flore.

C'est Atriam, Seigneur du Ciel, qui mit fin à la tradition nomade des Dariaks. En effet, l'un des éclaireurs de la meute annonça la découverte d'un étang d'eau pure, la denrée la plus rare et inestimable que l'on puisse trouver. Aussi l'alpha prit la décision la plus importante que la meute ai connu, celle qui aura le plus de conséquences pour leur histoire. Il décida que les Hurleurs de l'Aube cesseraient d'être des errants et des nomades et s'établiraient sur une terre aux abords de l'étang, malgré la présence humaine. Etant la première meute à s'implanter dans les environs, Dariak commença à étendre son influence sur d'immenses terres et tous maraudeurs étaient soient chassés, soient assimilés.

Mais Dariak ne resta pas seule prétendante à l'étang d'eau pure. Si les Hurleurs de l'Aube repoussaient les maraudeurs ou les assimilaient, la donne changea à la venue de nouvelles meutes très différentes. 

Seigneur du Ciel rencontra tout d'abord Empress, Murmure d'Agonie, alpha de la meute Sekmet dit Brasier Blanc, mais la négociation vira rapidement au désastre, et quand Atriam finit par ordonner le départ immédiat de la meute, Empress déclara la guerre, n'hésitant pas à provoquer une meute plus nombreuse que la sienne.

Les Sekmets encore sans terre lancèrent leur assaut dans une terrible bataille qui les opposèrent aux Dariaks. Les Sekmets étaient beaucoup moins nombreux, mais luttèrent comme des diables sous le feu de l'Enfer. Ils étaient féroces, les crocs luisant sous les lueurs du crépuscule, les yeux brûlant du désir de vaincre. Les mâchoires claquèrent, le sang abreuva les sols. Malgré leur petit nombre, les Sekmets tenaient tête aux Dariaks avec force, mais faiblissant, plusieurs commencèrent à s'écrouler sur le champs de bataille.

Atriam, enfant de Bison du Ciel, leur reconnu une certaine bravoure qui n'était pas sans rappeler les talents du fondateur de la meute, Harryam. L'alpha ordonna que l'on mette fin à la bataille rencontra de nouveau Murmure d'Agonie. Un duel fut organisé entre les deux alphas, duel qui dura du crépuscule à l'aube. Sans avoir réellement perdu, Atriam s'inclina face à la louve dont la férocité n'avait d'égal que sa détermination. 

Les Sekmets avaient gagné leur droit d'exister, leur droit de revendiquer une terre.

Atriam avait deux fils, Kiriac, Marcheur du Ciel, et Azan, Immortel du Ciel, deux princes pour le trône des Hurleurs de l'Aube.

La défaite d'Atriam contre l'alpha Sekmet blessait Azan dans sa fierté, accusant son père de répandre une image de faiblesse à leur meute. Estimant l'alpha devenu trop faible pour les diriger, Azan défia son père dans un combat. Sa détermination ne fut malheureusement pas suffisante pour le vaincre, mais Atriam pardonna sa fougue de jeune prince. Humilié, Azan dut reconnaître sa défaite.

Si le jeune prince ne manquait pas de charme, il avait aussi le choix des prétendantes. Il choisit la plus amoureuse pour l'aider dans sa tâche et piéger son père. Adoria, la naïve, dite Larme des Soies.

Une nuit, interrompant l'alpha Seigneur du Ciel dans une chasse solitaire, Adoria le trouva en panique, le prévenant qu'Azan son fils avait été piégé par les hommes, une patte coincée dans une mâchoire de métal. Atriam se précipita dans le piège de son fils qui lui tomba par surprise sur le dos. Il n'était plus histoire de duel à l'amiable, Immortel du Ciel cherchait à tuer son père. Aidé de Larme des Soies, Azan combattit ardemment son père, lui infligeant de terribles blessures.

Mais le fracas de leur combat alerta des chiens des environs. L'écho des balles déchira l'air frais de la nuit. Adoria s'écroula, mortellement blessée. Azan et Atriam s'enfuirent sous l'assaut des hommes et leurs molosses. Malgré tout, le fils tenta d'abattre son père, le faisant tomber dans l'espoir de voir les chiens se jeter sur lui et disparut dans l'ombre de la nuit. Épuisé, blessé, Seigneur du Ciel se laissa glisser dans les eaux sombres du Styx et fut emporté par le courant.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, l'Alpha des Hurleurs de l'Aube était entouré d'un petit groupe de loups. Les guérisseurs s'affairaient à le soigner sous le regard affûté d'un grand loup gris, Toriak, Aile Bleue, Alpha Esobek, Œil de la Lune.

Les deux alphas échangèrent leurs récits, Atriam de la trahison de son fils, Toriak de ses altercations avec les Sekmets qui refusaient catégoriquement leur installation sur des territoires voisins et d'où naissait un terrible conflit entre leurs meutes. Les Esobeks ramenèrent Seigneur du Ciel auprès des siens, qui s'assura en retour de la la bonne implantation de la meute Œil de la Lune dans la région.

Quand au prince traître, personne ne le revit jamais. On raconte que, couvert de honte et de remord, Azan se serait jeté du haut d'une falaise. C'est ce que la légende dit, mais beaucoup pensent le loup attrapé et abattu par les Hommes. Le Prince est seul à connaître la vérité sur sa disparition ...

Malgré la famine, les épidémies, les difficultés causées par les hommes et la météo, les Hurleurs de l'Aube parvenaient toujours à sortir leur épingle du jeu. Chasseurs efficaces, guérisseurs expérimentés, jeunesse prometteuse, Seigneur du Ciel posait un regard optimiste sur l'avenir de la meute, incarnant avec fierté les valeurs de son fondateur. 

Mais héla, volonté seule ne suffit pas à affronter tous les maux de ce monde. La meute souffrit d'un courroux qui le surprit. La Guerre.

Un orage de fer et de feu déferla sur les terres des Hurleurs de l'Aube, éclatant avec la violence de la foudre. Le métal enflammé vola en éclats, déchirant la chair des loups et des louves. Le feu dévora les pelages, les titans de fer que sont les tanks broyèrent toutes vies sur leur passage. Atriam livra bataille contre les hommes, avec ses guerriers, ils tentèrent de détourner leur attention des plus fragiles, mais en vain. Les loups n'étaient pas les cibles, ils n'étaient que de simple dommages collatéraux. Cela n'empêcha pas la meute de se lever face à la guerre, au prix de leur sang, leur chair et leurs vies.

C'est une aube rouge qui se leva sur l'hécatombe nocturne. Sans le savoir, le territoire de la meute était devenu le front des Hommes qui s'affrontèrent avec toute la violence qui caractérise leurs batailles. Le sang des hommes et des loups baignèrent dans le même charnier. 

De la grande meute, un loup cependant avait échappé au carnage par son absence. Kiriac, Marcheur du Ciel, rentra parmi les siens ce jour-là, mais ne retrouva aucun de ceux qu'il chérissait. La nuit avait suffit à balayer tous ses proches, à balayer la meute la plus puissante installée dans la région.

Ainsi disparut Dariak, meute des Hurleurs de l'Aube.