Un épais brouillard flottait autour du jeune loup, limitant violemment son champ de vision. Contraint d'abandonné sa vue pour cet exercice, Al'Akir comptait bien plus sur son odorat et son ouïe. C'était par ailleurs pour cette raison qu'il était venu dans cet endroit. Ses yeux devenus presque inutiles, cela faisait un bon exercice, le forçant à utiliser ses autres sens. Cependant, son but principal aujourd'hui était de trouver une proie à se mettre sous la dent, la faim commençant à faire grogner son estomac.
Ainsi, la truffe au vent et l'oreille plus attentive que jamais, il cherchait la moindre effluve ou le moindre craquement de brindille qui pourrait trahir la présence d'un petit animal. Dans cet épais voile de brume, il était presque certains que les petites proies profitaient de ce brouillard pour se cacher, se sentant plus en sécurité. Avec un peu d'attention et de concentration, Orage Adamantin était persuadé de pouvoir trouver une proie. Se faisant le plus discret et silencieux possible, il avançait lentement, tournant la tête de droite à gauche, guettant également le sol, cherchant à éviter les racines ou autres trous faisant office de piège et risquant de le faire chuter. Plissant parfois les yeux, cherchant tout de même à apercevoir les formes se découpant dans la brume.
S'avançant toujours plus dans ce paysage incertain, le jeune solitaire commençait doucement à désespérer face à l'absence de proie. Et c'est donc résigné et agacé qu'il fit volte face, retournant sur ses pas sans avoir pu trouver quoi que ce soit lors de cette traque. Cela ne servait visiblement à rien de s'acharner pour ce jour.
De retour dans la vallée enfumée, Al'Akir avait l'espoir de trouver de quoi manger en ce nouveau jour. Ne jamais rester sur un échec, voilà une leçon qu'il avait retenu. C'était par ailleurs la raison de son retour dans la même zone que la veille. Une nouvelle fois, il abandonna donc partiellement sa vision pour se concentrer sur ses autres sens. Légèrement plus habitué à l'endroit, il s'autorisa à presser un peu plus le pas, les yeux rivés sur le sol, juste devant ses pattes, essayant d'éviter un maximum les creux ou autres choses dans le même genre susceptible de le faire chuter.
Ses oreilles s'agitaient doucement, cherchant à percevoir le moindre son et sa truffe recherchait d'éventuelles effluves qui annonceraient la présence d'une proie. Lorsqu'il reconnu le parfum d'un lapin, il se lécha les babines avec impatience. Visiblement cette nouvelle journée s'annonçait plus riche que la précédente. Ralentissant son rythme de marche, il se concentra sur l'odeur qui lui parvenait. Plissant les yeux pour essayer d'y voir plus clair dans cette mer de brume, le jeune solitaire distingua partiellement les contours de ce qui semblait être sa proie. Se faisait plus discret que jamais. Fléchissant ses pattes, laissant les herbes plus ou moins hautes chatouiller son ventre et ses flancs, il s'avança, lentement, du petit animal. Alors qu'il jugeait être suffisamment proche, il bondit en avant, coursant la proie terrorisée. Forçant sur ses membres, Al'Akir accéléra jusqu'à pouvoir enfoncer ses crocs dans la nuque du lapin, se délectant de cette sensation de réussite.
Attrapant sa proie dans la gueule, il fit volte face, dans l'optique de retourner dans son antre. Cependant, s'étant aventuré plus loin que précédemment, le murmure d'une rivière lui parvint. C'est donc dans le but de s'y abreuver qu'il s'y rendit. Déposant le petit animal qu'il avait chassé plus tôt sur la rive, il s'y pencha pour laper le précieux liquide. Une fois ceci fait, il redressa la tête, observant le cours d'eau. Il repéra un poisson qui nageait dans la direction du courant, ce dernier ne tarderait plus alors à passer devant lui. Un léger sourire illumina le visage du loup tricolore qui se pencha davantage au dessus de l'eau, une fois que la bête à écaille fut à sa porter, sa patte fendit l'eau, faisant sortir le poisson de l'eau qui retomba non loin, sur la rive. Al'Akir l'attrapa bien vite, mettant fin à sa vie. Il se hâta alors de récupérer le lapin qu'il avait posé plus tôt et repartir pour de bon dans sa tanière. Satisfait de sa chasse.
Nouvelle journée, langue pendante et pas trottinant. Pour une fois, le jeune solitaire était de bonne humeur. D'autant plus qu'en ce jour, le brouillard qui enveloppait la vallée semblait moins épais que ce qu'il avait put voir ses derniers jours. Reprenant ses habitudes, Al'Akir ralentit, jusqu'à être totalement immobile, leva la truffe et laissa les effluves qui l'entourait lui parvenir. Il était de retour non loin du ruisseau où il avait trouvé son poisson la dernière fois, ainsi ses oreilles captait en grande majorité le murmure de l'eau qui s'écrasais contre les rives. Il reprit sa route, appréciant la brise fraîche qui venait se perdre dans sa pelisse.
Un large sourire se dessina sur les babines lorsqu'il trouva la trace d'un petit rongeur. Ce n'était pas la chose la plus... intéressante en terme de proie, mais c'était toujours ça. Il s'avança donc, suivant le chemin tracé par l'odeur de l'animal. Il se mit à ramper sur le sol, jusqu'à voir la petite bête. Il s'avança, bondissant soudainement en avant, mais le mulot prit peur, s'échappant à grande enjambée. Ne lâchant pourtant rien, Orage Adamantin poursuivit le rongeur qui slalomait entre les herbes, fuyant pour rester en vie. Le solitaire bondit sur un rocher qui se trouvait non loin dans l'optique de se propulser en avant pour se rapprocher de sa proie. Il s'élança donc, forçant sur ses pattes pour accélérer l'allure, mais alors qu'il allait refermer ses mâchoires sur l'animal, ce dernier bondit à son tour en avant, se faufilant vivement dans une fissure, hors de porté du loup.
Jurant et frustré, Al'Akir laissa s'échapper un grondement agacé. Il finit pourtant, résigné, à se détourner de la planque du mulot, il ne fallait pas être idiot pour comprendre que l'animal n'allait pas ressortir de si tôt, ainsi, il valait mieux passer à autre chose et tenter sa chance ailleurs. Après un léger soupir, le solitaire tricolore reprit sa route, le pas légèrement plus traînant.
Finalement, le doux sifflement d'un oiseau sembla plus proche que les autres. Voilà qui promettait ! Il laissa donc ses oreilles le guider jusqu'à un arbre où était posté la bête à plume qui chantonnait. Il était là, posé sur une branche relativement basse. Le loup se fit le plus discret possible, observant les alentours, réfléchissant à une façon d'attraper l'oiseau sans que ce dernier ne prenne son envol pour partir hors de porté. Il tourna son regard bleuté vers un gros amas de roches qui se trouvait non loin. Retourna ses yeux vers l'oiseau qui sifflait toujours, insouciant du danger qui le guettait.
Al'Akir contourna l'arbre. Tout allait se jouer sur sa rapidité, il se plaça dos à sa proie, et fonça en avant, le bruit de ses pattes contre l'herbe et la terre firent prendre conscience de sa présence à la bête à plume qui s'envola maladroitement. Le vagabond pressa davantage sa course, bondissant sur le premier rocher qui constituait l'amas de pierre, prenant appuie de ses pattes arrières, il poussa pour se jeter sur un second, faisant crisser ses griffes sur la roche. S'aidant alors de ses membres antérieurs pour se hisser, une fois suffisamment en hauteur, il bondit, gueule ouverte qu'il referma alors sur l'une des pattes du volatile. La réception fut plus délicate, ses pattes avants percutèrent durement le sol et il acheva sa course en une roulade pas vraiment maîtrisé. Il resserra ses crocs sur sa prise, refusant de perdre sa proie. Il se redressa difficilement, abattant une patte sur le corps de l'oiseau, lui permettant de lâcher la prise de sa mâchoire pour finalement venir briser la nuque de l'animal ailé, mettant un terme à sa vie.
Il se redressa avec quelque difficulté, l'oiseau pendant dans sa gueule. Il secoua doucement la tête, remettant ses idées en place et ignorant la légère douleur qui s'était propagé dans une de ses pattes suite à cette atterrissage quelque peu violent.
Ne parvenant pas à trouver le sommeil, Al'Akir avait décider de mettre un terme à ses songes éveillés afin d'aller se mettre quelque chose sous la dent. Retournant à sa zone de chasse fétiche, il avançait d'un pas lent, les membres légèrement engourdis par le manque de repos. Mais réfléchissant à tout et n'importe quoi, il ne parvenait pas à se retrouver entre les pattes de Morphée. Clignant plusieurs fois des paupières, il essaya de rester focaliser sur sa chasse. Pourtant, il ne parvint pas à réprimer un long bâillement qui déforma de façon disgracieuse sa mâchoire. Secouant la tête avec mollesse, il leva la tête, fermant les yeux pour se concentrer sur son odorat.
Le brouillard semblait bien moins épais de nuit, mais il faisait tout de même plus confiance à sa truffe qu'à ses yeux épuisés. Il parvint tout de même à détecter le doux fumet d'un chien de prairie. S'approchant avec lenteur de l'endroit, il l'aperçu bientôt, se léchant les babines, il ne fixa son regard sur le petit animal, focalisant toute sa concentration sur ce dernier. N'apercevant pas la branche qui était devant lui, si bien que dès lors qu'il posa la patte dessus, elle se brisa net dans un bruit sec qui résonna dans le silence de la nuit. Alerté, le rongeur s'échappa à grande foulée, faisant grogner le loup vagabond qui se jeta pourtant à sa poursuite. Chaque pas semblait lui coûter mais il tint bond. Malgré toute sa bonne volonté, il trébucha et manqua de s'étaler sur le sol, laissant le temps à sa proie de se cacher.
Al'Akir poussa un grondement sourd, frustré par son échec. C'est le pas traînant qu'il continua sa route, longeant le petit ruisseau sans rien trouver de plus. Lâchant un nouveau grognement agacé, il décida d'abandonner, guère d'humeur à continuer alors que la fatigue avait visiblement prit possession de son être. Mais serait-il seulement capable de s'assoupir avec une colère de la sorte encré en lui ?
Il avait finalement réussit à s'enfoncer dans le monde des songes, se retrouvant en cette nouvelle matinée, bien plus en forme que lors de la nuit dernière. Les souvenirs amers de sa précédente chasse ancrés dans son esprit, il serra légèrement les crocs. Il n'allait tout de même pas rester sur une telle défaite ! C'est donc d'un pas déterminé qu'il quitta sa cachette, retournant sur les mêmes terres que la veille. L'épais brouillard était bel et bien de retour, rendu plus opaque encore à cause de l'heure peu avancée de la journée.
Il ferma les yeux, utilisant une nouvelle fois sa truffe et ses oreilles pour se repérer et se déplacer. Sa vue n'étant d'aucune utilité. Ses pas étaient lents, prudents, il devait poser ses pattes avec attention sous peine de risquer de se retrouver étaler sur le sol à cause d'une faute d'inattention. Ses sens aux aguets, il pouvait ainsi s'expérimenter à percevoir les sons les plus faibles, les odeurs les plus discrètes. Sa concentration était focalisée sur son environnement. Il devait rester attentif aux craquements, au murmure de l'eau qui courait dans le ruisseau, au souffle du vent qui amenait avec les l'odeurs de la forêt. Se rendant aveugle, il essayait d'exacerber ses autres sens.
Finalement, il sentit flotter vers lui l'odeur d'un lapin. Cette fois ci, il ne le manquerait pas. Il ne pouvait pas se le permettre. Son estomac grogna légèrement alors qu'un rictus se dessinait sur ses lèvres. Il avança à pas feutrés, son ventre frôlait l'herbe sous lui. Il avait rouvert les yeux, et bien qu'ils ne voient pas bien loin, se dessinait une silhouette aux grandes oreilles dans la brume devant lui. Le vent soufflait dans le bon sens, le rongeur avait lui aussi la vision obscurcie par le nuage opaque. Al'Akir observa le sol devant sa truffe, il ne devait pas faire la même erreur que la nuit précédente. Une branche sèche et s'en était fini.
Il fut bientôt à porté de la proie, il bondit en avant, claquant ses mâchoires dans le vide, loupant le petit animal de peu. Grognant légèrement, le loup solitaire s'élança à sa poursuite, ses membres tapant avec force sur le sol. Il souffla un coup, força sur ses muscles pour accélérer, frappant la terre sous ses pattes. Il bondit une nouvelle fois en avant et cette fois-ci ses mâchoires se refermèrent sur la nuque fragile du lapin. Serrant d'avantage, il mit fin à la vie du faible animal. C'est un sourire victorieux étalé sur les lèvres qu'il reprit sa route, sa proie pendant dans la gueule. Rendu de bonne humeur face à cette réussite, il continua son chemin, entendant piailler un petit oiseau, il s'approcha d'un arbre qui bordait la vallée. Il leva la tête pour essayer d'apercevoir la bête à plume. Il crut apercevoir ses contours de dessiner et il s'avança donc. Il laissa tomber sa précédente prise pour contourner le géant sylvestre.
Il posa ses deux pattes sur de grosses racines, mais cela suffit à faire fuir la petite bête. Lâchant un petit bruit d'agacement, Al'Akir se laissa retomber sur ses quatre pattes. Il ré attrapa le lapin et reprit sa route pour rentrer. Cela suffirait bien pour le moment.
Le soir lançait sur les alentours une douce lueur rougeoyante, noyant la vallée brumeuse dans une atmosphère plus qu'agréable. Le calme était plaisant et les couleurs du ciel alors que l'astre diurne commençait à se coucher avec tranquillité rendait le lieu paisible. Al'Akir trouvait le moment adapté pour essayer de trouver une nouvelle proie. Une douce brise balayait le coin, faisant danser la pelisse du vagabond.
Le murmure de l'eau arriva bientôt aux oreilles du loup tandis qu'il avançait d'un pas tranquille dans la vallée. S'approchant du petit ruisseau, le solitaire tricolore se pencha au dessus de la surface agité, observant avec attention l'eau qui courrait. Il avait toujours apprécié ce son. Mais plus intéressant encore, quelques poissons semblait peiner à remonter le courant. Un sourire étalé sur les babines, Al'Akir se pencha d'avantage, prenant appui sur deux roches différentes avec ses pattes, sa queue légèrement relevée pour garder l'équilibre, il fixa le ruisseau sans bouger quelques instants, sa truffe à quelques millimètres seulement de l'eau, prêt à plonger la tête pour y attraper un poisson dès que le moment serait propice.
Il patienta encore quelques instants avant de fendre la surface liquide, claquant de la mâchoire et refermant ses crocs sur le corps visqueux de la bête à écaille. Il le sortit vivement de l'eau, et le jeta d'un mouvement brusque de la tête non loin sur l'herbe sèche de la rive. Il secoua la tête, faisant voltiger les petites gouttes en surplus d'eau de sa fourrure. Il fit donc volte face, scrutant le sol afin de trouver l'endroit où avait atterrit sa proie. Lorsqu'il l'eut trouvé, il s'avança jusqu'à elle pour la saisir entre ses crocs, les faisant percer la chair afin de mettre fin à la vie du poisson. Oh, il aurait fini par mourir à force de ne plus être dans l'eau.. mais il ne voulait pas s'embêter d'une bête qui gesticulerais pendant de longues minutes dans sa gueule !
Il reprit son chemin, cherchant d'autres proies, essayant d'user son odorat, mais ce dernier était totalement brouillé par l'odeur du poisson dans sa gueule. C'est donc résigné qu'il s'éloigna. Il reviendrait le lendemain. Une proie lui suffisait bien amplement pour le moment.
Nouveau jour, nouvelle chance. Le poisson de la veille lui avait suffit, mais l'envie de chasser le reprenait en ce jour. C'était donc plus motivé que jamais qu'il se baladait une nouvelle fois dans la vallée dont il avait bien l'habitude à présent. Il appréciait cet endroit embrumé, calme, serein. Il s'y sentait bien et de nombreuses proies y venaient, lui permettant bien souvent de pouvoir s'en sortir sans mourir de faim. Aujourd'hui, n'était pas différent des autres, il marchait une nouvelle fois, paisiblement, les sens aux aguets.
L'odeur d'un lapin lui arriva bien vite à la truffe. Lui faisant se lécher les babines. Il s'approcha lentement, discrètement avant de bondir sur l'animal. Ses crocs se refermèrent bien vite sur la nuque du petit animal, le sang se répandit dans la gueule du loup solitaire et mit fin à la vie de la proie. Content de sa prise, Al'Akir continua sa route, longeant le ruisseau, inspectant avec attention à la recherche d'un poisson. Mais lorsqu'il en trouva, il ne parvint pas à en attraper, les petites bêtes parvenant à se faufiler entre ses crocs. Agacé, le loup abandonna, cherchant autre chose. Mais ne trouvant rien de plus, il fit demi-tour, retournant dans la tanière qui l'abritait.