«J'effleurerais ton âme» Avec Torak Force: 18 / Agilité: 21 / Endurance: 18
Sortant d’une nuit remplis de cauchemar, tu te rappel de la douleur éprouvé le jour où tu avais retrouvé son corps mutilé. La haine embellissait déjà ton regard ambré. Tu te levas, comme si c’était le dernier jour où tes poumons se remplissaient de ce nouvel air pur. Ton corps s’habituait peu à peu, sortant légèrement de la tanière, tu observais le monde de ce regard remplis de colère et de douleur à la fois. C’était la seule chose qui te permettait de survivre, la seule raison qui te poussais à te battre et nourrir les tiens, sans cette motivation que ferais-tu ? Tu ne savais pas, elle n’était plus là pour te guider, plus là pour adoucir t’es prunelles. Tu étais seule, seule jusqu’à la fin de ta vie. Ton cœur était brisé, il ne battait que pour injecter ce liquide qui donner la vie à tous ceux qui foulait la terre.
Tes pattes acceptèrent de te faire sortir de la grotte encore chaude, les corps endormis jonchaient le sol. Tu déposais sur chacun d’eu un regard froid, distant, sans grand intérêt, mais tu savais qu’ils étaient ta famille et que même si tu désirais prendre la vie de ce meurtrier, tu devais veiller sur eux avant tout. Cela était difficile de l’admettre, mais tu n’avais plus de raison de vivre, tu avais fini par te soumettre aux ordres de t’es dirigeants. Tu les écoutais comme si leur voix était d’origine céleste. Tu ne réfléchissais plus, obéissant aveuglément.
Martelant le sol de tes puissantes pattes, tu assassinais des milliers d’insectes à chaque pas effectué. Tu aimais tuer, c’était devenu une véritable passion, voir chaque corps se vider de son sang, leur pupille virant au blanc dans leur dernier souffle. Tu étais devenu un véritable monstre, mais contrairement à certain, tu laissais de la chair sur les cadavres que tu rapportais, bien que cela te fendait le cœur, tu voulais voir ta meute grossir, voir les petits devenir de puissant guerrier, tu voulais voir ta grande famille anéantir chaque ennemi.
Un sourire sadique en coin, tu sillonnais entre les rochers, tout tes sens étaient aux aguets, des feuilles venait de bouger, tu t’accroupissais par réflexe, humant l’air pour découvrir l’étranger qui venait de perturber tes pensées. Après une profonde inspiration, tu reconnus l’odeur l’un des tiens, tu te relevas, observant le visage blanc de celui qui t’avais troublé, toujours avec ce même regard froid et distant, tu ne bougeas pas d’un millimètre. Yeux dans les yeux, comme s’il était une proie que tu désirais réduire en miette. Pourquoi tant de haine dans ton regard ? Parce que le monde t’avait pris ton cœur, tu n’avais plus rien pour le rendre chaleureux, tu étais devenu insensible. Tu voulais que les autres ressentent ta douleur, qu’il comprenne ce que tu avais perdu, mais même ceci ne te suffirait pas, tu le savais parfaitement. Tu désirais tout de même tuer, faire souffrir, parce que tu n’avais plus d’âme.
Torak s'était levé aux aurores, non pas parce qu'il en avait envie, mais parce qu'il se devait de faire ses preuves. Et s'éloigner de sa mère aussi, car elle était d'une humeur massacrante depuis l'union des Sekmet et Navnik pour former les Inkyva. Mais qui disait union, disait nouvelles têtes, et nouveaux apprentis. Et donc plus de loups à battre en terme de prouesses et de bonne conduite. Si il voulait se faire remarquer dans ce grand groupe, il fallait qu'il prenne des initiatives, qu'il se surpasse pour montrer qu'il était le meilleur et le plus appliqué à la tâche ! Alors on le récompenserait de ses efforts et il pourrait affirmer avec fierté qu'il serait une sentinelle hors pair. C'est dans cette optique qu'il avait donc quitté la tanière commune dès que les premières lueurs de l'aube avaient caressé son museau, et s'était rapidement étiré avant d'entreprendre une ronde de surveillance. Bien qu'il ne soit qu'un apprenti, il avait sept mois et était largement capable de se débrouiller seul en cas de problème. Enfin, il l'espérait ... Quoi qu'il en soit, sa patrouille s'était avérée plus compliquée que prévu lorsqu'il s'était rendu compte que même avec le marquage récent de ses aînés, il connaissait à peine les frontières de leurs nouveaux territoires. Alors il avait tout simplement fini par explorer ce qui se présentait à lui, finissant ses découvertes par une grande clairière. Il avait avancé dans les hautes herbes en trottinant, savourant l'air du matin, son pelage blanc détrempé à cause de la rosée qui s'y déposait lors de ses passages dans les feuillages. Finalement, le jeune loup s'autorisa un petit moment de repos bien mérité. Il se laissa tomber lourdement dans l'herbe, et se coucha sur le flanc, appréciant la fraîcheur du sol. De bonne humeur, il entreprit même de se rouler au sol tel un louveteau, achevant de salir son pelage d'habitude d'un blanc immaculé. C'est seulement lorsqu'il se sentit observé que Torak se redressa, ses oreilles légèrement plaquées en arrière et son museau humant les odeurs alentours. Il repéra rapidement celle d'un Inkyva, et fut rassuré en voyant la louve grise de reconnaître une ancienne Sekmet. Sa mère lui avait dit de se méfier des anciens Navnik, même si ils étaient de la même meute désormais. Torak n'y avait de toute façon pas fait attention, considérant que son ami d'enfance Nova était un Navnik. Le jeune apprenti fixa son regard ambré sur la louve, qui, elle, ne le lâchait pas des yeux, une lueur étrange les habitant. «Euh ... Salut ?», lança Torak. Pourquoi est-ce qu'elle le fixait ainsi sans rien dire ?
«J'effleurerais ton âme» Avec Torak Force: 18 / Agilité: 21 / Endurance: 18
Tu l’écoutes, tu ne dis rien pour le moment, tu ne sais pas pourquoi, mais tu veux du sang. Bien, souvent, tu as essayé de retrouver ton toi passé, mais tu n’y parvenais pas. A chaque fois tu revoyais son corps étendu sur le sol, tu n’arrivais pas à faire face au passé, il te hantait comme un fantôme éternel. Tu étais devenue seule, sans amis, sans personne sur qui compter. Tu te faisais passer pour forte alors que tu étais faible depuis toujours. Ta force, c’était elle, mais aujourd’hui tu es seule et tu le resteras jusqu’à ta mort. Plusieurs fois, tu avais tenté de l’invoquer, de faire lâcher ton cœur, mais toujours, il avait résisté. Tu pleurais en cachette la nuit et te montrais dur le matin, tu cachais au fond de toi ta tristesse qui t’envahissait à chaque fois que tu respirais. Tu le regardais toujours avec autant d’intensité, tu n’arrivais pas à montrer un soupçon de gentillesse, tu ne pouvais plus, malgré que tu risquais de t’attirer le courroux des autres, c’étais un fait, mais peut-être qu’eux pourrait soulager ta peine et vider ton sang qui te faisait vivre.
« Bonjour. »
Rien de plus ne pouvait sortir de ta gorge, tu avais fait un effort surpuissant pour rester correct et acceptable. Seulement ton regard refusait de changer, depuis le temps qu’il était présent, tu avais perdu la douceur d’antan. Est-ce que tu regrettais ? Peut-être que oui, peut-être que non, tu étais tout simplement perdu.
Si Torak ne s'attendait pas à avoir une longue discussion avec la louve face à lui, il avait au moins espéré un peu plus que ce simple: «Bonjour. Le silence se fit de nouveau, lourd, pesant dans l'atmosphère étrange qui régnait autour d'eux. La grise ne semblait pas vouloir lâcher l'apprenti des yeux, ce qui le mettait franchement mal à l'aise. Il avait l'impression de n'être qu'une proie aux yeux de la louve, et que le moindre mouvement de sa part déclencherait son instinct et qu'elle lui bondirait dessus. Il espérait simplement qu'elle aurait la présence d'esprit de ne pas aller plus loin que de le fixer, cependant il avait un certain doute. Tout son corps s'était raidi et il n'osait bouger le moindre poil, osant à peine respirer. Jamais auparavant le regard d'un congénère ne l'avait mis autant mal à l'aise, pas même celui désobligeant et réprobateur des quelques jeunes louves à qui il avait fait des avances. Ne sachant quoi faire dans cette situation, il tenta de détendre l'atmosphère en relançant la conversation, tel n'importe quel loup de sa meute l'aurait fait en croisant un autre membre du groupe. -Belle journée, n'est-ce-pas ?», lança-t-il avec un sourire maladroit. Il avait baissé légèrement la tête, ses yeux levés timidement vers la grande louve face à lui. Ses oreilles étaient presque plaquées sur son crâne et sa queue battait faiblement, dans un ultime espoir de paraître aussi inoffensif et amical que possible. On lui avait enseigné que si une situation semblait s'envenimer, mieux valait faire profil bas et paraître faible plutôt que de s'obstiner à vouloir avoir raison ou le dernier mot. Il était temps pour le jeune loup blanc de mettre ses enseignements en pratique.
«J'effleurerais ton âme» Avec Torak Force: 18 / Agilité: 21 / Endurance: 18
Pourquoi ne pouvais-tu pas redevenir normal ? Était-ce si difficile pour toi ? Les autres ne pouvaient pas comprendre… Tu n’en pouvais plus de vivre ainsi, c’était la même routine, le sang, les cicatrices, la mort… Tu ne disais rien à son bonjour, tu venais de te perdre dans tes propres pensées les plus secrètes… Ton corps restait inerte, laissant ta méchanceté envahir l’atmosphère. Puis sa voix frappa tes tympans, tu battis doucement des paupières pour te réveillais de ce passage entre la vie réelle et ton esprit perturbé. Tu tentas de sourire légèrement même si tu n'en avais pas l’habitude, tu ne voulais pas t’attirer le courroux des parents de ce petit être. Tu t’avanças légèrement, dépassant sa tête dans la direction opposée, laissant ta queue frôler son pelage blanc poussiéreux.
« Veux-tu marcher un peu ? »
Tu ne savais pas comment t’y prendre avec les autres canidés, tu avais vraiment du mal, ton instinct de prédateur voulait prendre à chaque fois le dessus. Tu vénérais tes dominants, tu étais prête a donner ta vie pour eux, mais les autres tu n’arrivais pas a communiquer. C’était vraiment difficile pour toi, c’est pour cette raison que tu as choisi de rester seule, pour ne pas faire de mal aux autres, parce que tu n’étais qu’un boulet parmi les êtres vivants. Tu cherchais sans cesse la mort, tu voulais voir son visage et sombrer dans un sommeil éternel, mais à chaque fois, ton cœur survivait…
Le regard légèrement triste tu attendais la réponse du jeune mâle, tu fixais le sol, sans battre une seule fois tes paupières. Tu réfléchissais sans cesse aux mots que tu pouvais employer sans vexer cet être.
La louve prit son temps pour lui répondre, au point que Torak pensait qu'elle ne le ferait jamais. Elle semblait perdue dans ses pensées, ailleurs. Le jeune loup songea à s'éclipser discrètement, mais la crainte de la réaction de la chasseuse l'empêcha de bouger le moindre poil. Il se félicita de sa décision lorsque la louve cligna des yeux pour le regarder de nouveau. Mieux valait ne rien ajouter. Cependant, elle daigna enfin lui répondre. «Veux-tu marcher un peu ?, proposa-t-elle. Tout en prononçant ces mots, elle s'était avancée jusqu'à son niveau, pour le dépasser finalement, laissant sa queue frôler les flancs du jeune mâle. Ce contact le fit frémir, lui procurant une nouvelle vague de peur. Son esprit lui hurlait de ne pas rester là, de trouver une excuse pour lui fausser compagnie et rentrer au camp aussi vite que ses pattes lui permettraient, mais son corps, lui, semblait sourd à ses ordres. La louve se figea et baissa la tête. Torak se tourna vers elle, lentement, sans geste brusque pour ne pas qu'elle prenne le moindre de ses gestes pour une menace ou une provocation. Les yeux de la femelle était rivés sur le sol, et elle semblait tendue, comme si elle craignait quelque chose. Mais quoi ? Sûrement pas Torak, bien que ce dernier soit fier de se musculature il savait tout de même qu'il ne présentait pas le moindre danger. De plus, elle semblait plus forte que lui, alors il ne s'y risquerait pas. -Pour... pourquoi pas ?», bafouilla-t-il, tentant de garder un minimum de contenance face à elle. Il attendit, immobile, craignant qu'elle réagisse mal si il prenait les devants. Après tout, il n'était qu'un apprenti, il se devait d'obéir aux adultes, et non l'inverse.
Devant les paroles du jeune mâle, tu pris les devants, le laissant te suivre. Tu n’étais pas vraiment bavarde, tu aimais la solitude pour une louve vivant en meute. Mais tu savais, tu savais que si tu vivais seule tu serais morte depuis longtemps, tu ne penserais pas à te nourrir, ni même à prendre soin de toi, juste à traquer les proies et l’assassin de ta sœur. Tu voulais le voir mourir, sentir sa vie s’éclipser sous tes crocs, mais cela ne devait pas affecter la vie de la meute. Aujourd’hui tu vivais seulement pour ta reine que tu observais depuis l’ombre des arbres. Elle était la voix des dieux, ta déesse, celle qui guidait tes pas dans l’obscurité.
Tu passais par des chemins peux facile d’accès, tu regardas de temps en temps en arrière pour voir le blanc te suivre comme un petit chien sans dire un mot. L’atmosphère était lourde, tu pouvais lui arracher ses cordes vocales en quelques secondes, l’idée t’avais déjà traversé l’esprit, mais tu ne devais pas faire de mal à l’un des tiens, ta reine ne te le pardonnerait pas. Alors tu continuais à avancer sans rien dire, sans rien faire, laissant le vent porter ton corps pour te conduire vers une petite rivière. Tu t’approchas de l’eau, observant le liquide comme si c’était une source divine. Tu la regardais avec tellement d’intensité, puis ta voix s’éleva pour porter jusqu’aux tympans du mâle.
«As-tu déjà eu envie de mourir ? De savoir la sensation que cela te ferait ? »
Tu parlais à peu de canidés, cela devait se voir tout de suite, tu n’avais pas les mêmes sujets de conversation que les autres… Mais tu n’y prêtais pas attention, tu plongeas une patte dans l’eau, puis une seconde, pour finalement faire pénétrer les deux autres dans la rivière. Tu aimais cette sensation, tu l’aimais parce que c’était la dernière chose qui te rapprochait de ta sœur perdue.
La louve n'ajouta rien, se contentant d'avancer droit devant elle, laissant à Torak le choix de la suivre ou non. Bien que le jeune mâle aurait préféré se trouver à des kilomètres d'ici, il prit la suite de la louve. Il sentait que la contrarier était loin d'être une bonne idée, c'est pourquoi il lui obéissait sans rien dire. Après tout, si il était bien sage et ne faisait rien qui l'irritait, peut-être le laisserait-elle partir plus rapidement ? En tout cas il l'espérait. Tous deux avancèrent un long moment, dans un silence lourd et tendu. Torak avait les yeux rivés sur ses pattes, n'osant fixer la louve trop longtemps. Elle marchait d'un air désinvolte mais sûre d'elle, se dirigeant vers une rivière. L'apprenti s'arrêta non loin, tandis qu'elle brisait le silence. «As-tu déjà eu envie de mourir ? De savoir la sensation que cela te ferait ? Torak se figea. Pourquoi cette question ? Pourquoi lui ? Pourquoi se retrouvait-il ici ? Il voulait fuir mais savait que si l'intention de la louve était de lui faire du mal, il n'irait pas bien loin avant qu'elle ne le rattrape et l'intercepte. Il regrettait soudainement cette petite excursion en solitaire. Il se contenta d'observer la louve qui descendait dans l'eau, sans rien dire, la peur lui nouant l'estomac. Si son lapin de tout à l'heure n'avait pas commencé à être digéré, il serait probablement ressorti par la même voie par laquelle il était entré. Chose qui menaça de se produire lorsque la louve se tourna vers lui, attendant probablement une réponse. Torak se mit à piétiner l'herbe à ses pattes nerveusement. -N ... Non, je n'ai jamais eu envie de savoir ça.», dit-il d'une voix faible. Si il avait eu plus de courage, il aurait dit qu'il adorait la vie et ne voulait certainement pas la voir le quitter si jeune, qu'il aimait courir dans l'herbe et se chamailler avec son frère, mais en ce moment même, aucun mot supplémentaire en voulait sortir de sa gueule.
Tu sentais sa peur, tu aimais cette sensation, la peur chez tes proies, cela t’excitait, faisait monter l’adrénaline. Tu ne pensais pas que tu ferais éprouver ce sentiment chez ce jeune mâle qui ne semblait pas savoir où mettre les pattes. Tu continuais à fixer l’eau sans réel objectif. Tu n’avais plus rien à part la peur pour te motiver à tuer les mammifères. Puis tu tournas de nouveau la tête vers ce petit être si frêle et si juteux… Tes pupilles croisèrent les siennes et tout sembla plus claire.
« As-tu peur de moi ? »
Ce n’était pas la sensation que tu désirais faire ressentir, mais pourtant elle était présente. Est-ce que ta dépression te changeait autant ? Tu ne vivais plus que pour nourrir les tiens, pour servir ta reine, mais tu ne voyais pas si cela te modifiait. Le regard extérieur était peu présent, tu ne parler presque pas avec les autres, seulement quand tu croisais l’un de tes camarades par simple politesse, rien de plus. Tu regardas de nouveau l’eau claire, un soupir sortit de ta gueule, tu ne savais pas comment réagir avec ceux de ton entourage, tu n’arrivais plus à communiquer depuis qu’elle n’était plus là. Ton cœur était lourd, ton corps aussi, avais-tu réellement ta place dans ce monde ?
Torak était toujours aussi mal à l'aise. Après sa réponse, la louve s'était mise à fixer l'eau qui entourait ses pattes, comme si elle y attendait une quelconque révélation. Torak avait parcouru du regard les environs, à la recherche d'une excuse, peu importe laquelle, pour lui fausser compagnie. Il régnait autour de la louve une atmosphère étouffante, lourde, presque irrespirable. Une atmosphère que l'instinct du jeune mâle le poussait à fuir, mais qui l'entravait à la fois, l'empêchant de bouger pour mettre son intention à exécution. «As-tu peur de moi ?, demanda soudainement la louve de la même voix froide. Son intervention fit sursauter Torak malgré lui, et il s'en voulut de se laisser surprendre de la sorte. Il avait probablement l'air idiot maintenant ... Il tourna la tête sur le côté, évitant soigneusement de croiser le regard que la louve avait posé sur lui. Il n'avait d'ailleurs pas besoin de l'observer pour savoir qu'il était aussi effrayant qu'auparavant, voir plus suite à cette nouvelle question. Chacune des interrogations de la louve était plus étrange que la précédente, ce qui n'était rassurant sur aucun point. Torak se demandait si il devait y répondre, mais ne pas donner de réponse à la louve lui semblait être une très mauvaise idée, aussi songea-t-il à celle qu'il allait devoir sortir avant qu'elle ne perde patience. L'apprenti avait toujours préféré l'honnêteté au mensonge, ainsi il répondait toujours franchement en temps normal. Ce qui n'était pas le cas dans cette situation. Si il avouait avoir peur d'elle, la louve s'amuserait-elle avec ses craintes ? Et si il mentait, le remarquerait-elle. Tant de questions qui tournaient dans sa tête quand il prit la parole, prononçant un unique mot qui franchit sa gueule avant même qu'il n'ait le temps d'y réfléchir plus longtemps. -Non.», lâcha-t-il. Il tentait de dissimuler tant bien que mal les légers tremblements qui le secouaient de temps en temps. Il avait menti dans un élan de fierté et probablement de folie. Maintenant, tout ce qu'il espérait c'était que ce mensonge ne lui retomberait pas dessus ...
Le mâle venait de te répondre après plusieurs minutes de réflexion. Comment réagir à cette situation, tu ne pouvais que comprendre ce simple mot « non ». Une négation qui n’en n’était pas réellement une, tu le ressentais, mais tu ne ferais rien. Au final, même ton existence n’était que du vide, tu t’imaginer des choses, des rêves, mais au fond, tu savais que tu te faisais bien plus de mal qu’autre chose. La souffrance, c’était une chose que tu appréciais, que tu aimais faire ressentir aux autres parce qu’elle te détruisait de l’intérieur.
Tournant la tête avec vigueur, tu observais le blanc avec énormément d’intensité, de haine, mais aussi de douleur. Tu ressentais le néant au fond de toi, et tu savais que tu ne pourrais pas remplir ce trou grossissant chaque jour un peu plus. C’était impossible pour toi de le refermer depuis le temps qu’il était ouvert, ton cœur avait fini par comprendre le reste de ta piteuse existence. Il ne te restait plus qu’une chose à faire, la servir, servir ta déesse pour te redonner un os à ronger. Pour vivre un jour de plus sans tomber d’une falaise par accident, car elle était ta seule source de vie.
Yeux dans les yeux, tu pouvais presque apercevoir son âme qui était aussi pur que la lumière du soleil, mais rien n’était aussi parfait.
« Tu mens. »
Ce sont les seuls mots qui s’échappèrent de ta gueule tu continuais à le fier sans vouloir le tuer. Tu savais que cela ne te ferait pas autant de bien que tu voulusses le croire, alors tu ne bougeas pas le moindre poil à son égard. Tu te contentais seulement de le regarder, jusqu’à ce qu’une larme brise ta forteresse. A cet instant, ton monde venait d’être fissurer, tu tournas vivement la tête pour pas qu’il ne voit cette faiblesse, c’était une honte pour toi. Tu repris ton chemin, sans rien dire de plus, puis t’arrêta de nouveau en l’observant du coin de l’œil.
« Je ne te ferais pas de mal, tu peux être honnête. »
Torak n'était pas un bon menteur, et ce n'était pas nouveau. Tout petit déjà il ne parvenait à dissimuler ses bêtises sans que ses parents ne repèrent directement son air espiègle, et aujourd'hui c'était sa peur qu'il n'arrivait pas à cacher derrière un air faussement fort. Et il le sut au moment où la louve se tourna vers lui pour le fixer longuement comme elle en avait l'habitude, ajoutant au malaise de l'apprenti. «Tu mens., lâcha-t-elle lorsqu'il fut sur le point de s'enterrer dans un terrier de lapin. Sa voix fit presque sursauter Torak, confirmant les dires de la louve. -Je ne te ferais pas de mal, tu peux être honnête. Cela, le jeune loup avait beaucoup de mal à le croire. Il ne répondit pas tout de suite, pesant le pour et le contre. Et si elle essayait de le piéger ? Et si il se faisait avoir en disant qu'il a peur ? Ou alors peut-être était-elle comme sa propre mère ? L'air méchant mais gentille à l'intérieur. Enfin, Midona agissait ainsi avec sa famille alors qu'il n'en était pas de même avec les inconnus. Et Torak n'était pas de la famille de la louve face à lui. Alors comment savoir si il pouvait la croire ? -Je ... Je ne connais même pas ton nom., répondit le mâle, essayant subtilement de changer le sujet de conversation. Le mien est Torak, je suis apprenti.» Il espérait que la louve aurait pitié du pauvre petit apprenti innocent et inoffensif qu'il était.
Il était jeune, tu comprenais parfaitement sa position, mais c’était tout de même étrange d’être aussi trouillard avec une telle mère ? Enfin bon, tu n’avais rien à dire, aucun conseil à donner, tu te contentais de vivre, de chasser et c’était tout. Rien de bien extraordinaire, juste le minimum vital pour voir le soleil se lever un jour de plus.
Toi qui pensais que tout était terminé, qu’il te dirait qu’il avait peur, tu venais de te tromper avec magnificence. Tu n’avais jamais pensé à te présenter. C’était une chose qui n’aurait jamais frôler ton esprit, mais il venait de te dire son nom, la moindre des choses était de lui répondre. Prenant ton temps, tu pris une bouffer d’air avant de t’asseoir devant le mâle blanc et d’ouvrir la gueule pour lui répondre.
« Xilven. »
Ce n’était pas une réponse héroïque, mais tu avais pris la peine de le faire. C’était comme un effort surnaturel pour toi, tu devais en être fière, mais à la place de ça, tu gardais la même expression. Un visage neutre, sans la moindre trace de sentiment. Il n’y avait pas à dire, tu te renfermais sur toi-même chaque jour un peu plus. Culpabilisant chaque nuit de ce que tu n’avais pas fait. Peu à peu, tu perdais ta sociabilité jusqu’à ce qu’elle ne devienne qu’un tas de poussière.
Te présenter ? Cela faisait bien longtemps que tu n’avais pas prononcé ton propre nom.
Torak se demanda ce qu'il avait pu faire de mal lorsque la louve se figea sans lui répondre. Elle resta ainsi, silencieuse et ne le lâchant pas des yeux pendant un long moment. L'apprenti ne savait plus quoi faire, quoi dire dans ce silence effrayant. Mais, aussi soudainement que si elle l'avait oublié et venait de s'en rappeler, la louve grise lui dévoila enfin son nom. «Xilven. Rien de plus. Le retour à ce calme que Torak arrivait de moins en moins à comprendre. Si elle lui avait d'abord parut malveillante, il voyait maintenant en Xilven une louve hésitante, à qui on avait probablement jamais laissé sa chance de s'exprimer comme elle le souhaitait sans s'en éloigner par crainte. Au fond, elle lui rappelait un peu sa propre mère. Personne n'osait approcher la puissante Midona et un seul regard glacial de la louve noire suffisait à décourager le plus vaillant des loups. Mais quand on la connaissait, on savait qu'elle n'était pas vraiment comme elle en donnait l'impression. Torak savait toujours qu'elle le protégerait et le réconforterait quand il en aurait besoin, comme elle l'avait toujours fait. Et il savait aussi que lorsqu'ils étaient encore de tout petits louveteaux, Midona affichait toujours ce même large sourire quand lui et Sokka se blottissaient contre elle. Et si Xilven était comme ça elle aussi ? Et si elle avait juste besoin de quelque chose qui la ferait sourire ? Le jeune loup réfléchit à toute allure à ce qu'il pouvait faire. Il savait être hilarant lorsqu'il avait une blague en tête, mais il n'était pas sûr que ça fonctionnerait avec la louve grise. Après tout, même sa mère ne rigolait pas à ses blagues. Peu de personnes comprenaient son humour en fait ... Tant pis pour eux. Torak se détendit quelque peu, ne prenant plus Xilven pour une menace. -Je ... Je suis désolé pour tout à l'heure. Je t'ai prise pour une ennemie. Pardon., bafouilla-t-il en passant nerveusement d'une patte à l'autre. Quel rang occupes-tu dans la meute ?» Une tentative comme une autre de lancer une conversation. Le jeune loup savait qu'elle serait courte cependant. Il ne tarderait pas à retourner auprès de sa famille pour ne pas les inquiéter.
Le petit blanc semblait dé stresser. Tu ne comprenais pas réellement son changement de comportement, mais cela semblait te faire du bien. Comme si tu pouvais redevenir celle que tu étais par le passé, amis cela était impossible, tu le savais bien. Seulement, tu avais une chance et tu ne devais pas la laisser tomber, mais que se passerait-il si, tu attrapais cette patte qui venait de naître en face de toi ? C’était cette peur de l’inconnu qui te faisait reculer.
« Je suis chasseuse et toi ? »
Ta voix était presque faible, tu venais de lui répondre. Pour l première fois, tu semblais t’adresser à quelqu’un avec gentillesse, mais en réalité, tu étais terrorisée. C’était cette peur constante qui t’empêcher de voir la vie, tu préférais vivre dans le passé, vivre en pensant à elle, car elle était celle qui te permettait de vivre et de t’accepter. Ce mâle venait de perturber ce petit élément qui te rendait faible, il venait de fissurer ton bouclier, de loup, tu devenais mouton.
Tournant vivement la tête, tu ne voulais pas qu’il te voit ainsi, personne ne devait voir ta souffrance, c’était vital pour toi. Tu devais être forte pour ta reine, pour être digne d’être à ses côtés et non pas lui faire honte avec ce côté qui ne voulait pas disparaître. Tes pupilles humides, reprenaient peu à peu leur côté agressif, jusqu’à ce qu’il accepte de voir l’illusion que tu faisais naître dans ton cœur.
Ce fut un changement total d'atmosphère. Torak ne savait si il s'agissait de ses paroles ou tout simplement d'autre chose mais il vit avec soulagement que la louve avait laissé cet air effrayant pour un regard plus neutre. Pas de joie cependant dans l'expression de Xilven, ce qui poussa Torak à se poser des questions qu'il jugea cependant trop indiscrètes pour oser les énoncer à voix haute. Pendant ce temps, Xilven répondit à celle qu'il avait posée précédemment. «Je suis chasseuse et toi ? Tandis qu'elle n'était plus la louve menaçante d'il y a quelques instants, elle semblait avoir perdu toute contenance et le jeune mâle s'interrogea davantage lorsqu'il la vit tourner brusquement la tête, évitant soigneusement le regard ambré de l'apprenti. Il renonça alors totalement à son ambition de la comprendre un jour et préféra continuer tant bien que mal la conversation dans le climat instable qui régnait entre eux depuis leur rencontre. -Je suis encore un apprenti. Future sentinelle ! C'est mon père qui m'enseigne tout ce qu'il faut savoir. Tu dois le connaître, il s'appelle Epsilon.», répondit-il avec la même pointe de fierté qu'il avait chaque fois qu'il évoquait son modèle de toujours. Parler de son père à Xilven avait quelque peu redonné confiance à Torak. Maintenant qu'il avait des étoiles plein les yeux en songeant au rôle qu'il exercerait plus tard aux côtés du grand mâle blanc, il était plus détendu et plus sûr de lui. Et puis, si la louve savait que son but serait de protéger la meute plus tard, peut-être lui ferait elle un peu plus confiance ? Il espérait lui arracher au moins quelques paroles, ne serait-ce que pour se faire pardonner d'avoir réagi comme un lapin acculé par un prédateur en lui tombant dessus tout à l'heure. Mais pourtant cela ne semblait pas gagné tandis que Xilven s'enfermait de nouveau dans le silence et que ses traits se muaient en cet air distant qu'elle avait pourtant réussi à mettre de côté quelques instants plus tôt. Torak posa un regard sincère sur elle, une lueur de curiosité mais aussi d'encouragement traversant ses iris.