Les intrus [Expédition] - avec Epsilon et Hikari

Finwë & Epsilon & Hikari

Finwë n'aimait pas ça du tout. L'arrivée de nouveaux humains sur les terres ne présageait rien de bon, surtout quand ils bâtissaient des camps comme celui vers lequel elle se dirigeait en ce moment précis. Le bras-droit avançait cependant d'un pas sûr mais silencieux, telle la chasseuse qu'elle était. Elle menait la marche à travers la clairière aux papillons, ne prononçant le moindre mot, concentrée sur son objectif. Elle ne savait ce qu'ils trouveraient là-bas, mais il fallait qu'ils se renseignent un minimum sur ces intrus, qu'ils sachent si ils représentaient une menace.
Plus tôt dans la journée, lorsque la louve grise avait demandé à l'ensemble de la meute deux volontaires pour l'accompagner dans cette expédition périlleuse, Espilon s'était avancé, bientôt suivi de Hikari. Bien évidemment, Finwë avait accepté leur aide avec un grand sourire, mais dans son esprit, son visage était resté de marbre. Un ancien Sekmet. Mais, même si elle ne l'aimait pas, elle ne niait pas qu'il était plus que compétent. Epsilon, sentinelle de la meute, avait déjà fait ses preuves de nombreuses fois et possédait une telle musculature que le bras-droit ne doutait pas un instant qu'il puisse tenir tête aux Champions. De plus, il avait une bonne raison de venir. Sa fille Pandora avait disparu, et les traces des humains avaient été repérées dans les montagnes, ainsi qu'un piège dans lequel un loup s'était visiblement débattu à en juger par les sillons creusés par les griffes dans la terre. Et la possibilité qu'une Inkyva ait été enlevée par les Hommes sur leurs terres était loin de rassurer le bras-droit. Pandora n'était qu'une apprentie d'à peine cinq mois, elle ne pourrait rien faire pour se défendre. Et si les Hommes récidivaient, n'importe lequel d'entre eux pouvait devenir leur cible. Ils devaient agir, et vite. Et Epsilon n'abandonnerait pas, Finwë le savait en tant que parent elle aussi. Hikari, une ancienne Navnik, était un peu plus jeune et manquait d'expérience mais avait beaucoup de volonté. Si les choses tournaient mal, elle savait qu'elle pouvait leur faire confiance pour l'assister et se battre à ses côtés, bien qu'Hikari nécessite plus d'aide. Enfin, si ils le souhaitaient. Elle avait beau essayer, elle ne parvenait toujours pas à accorder sa confiance à ceux qui avaient été leurs proches ennemis auparavant, et pour cela elle ne lâchait pas Epsilon du regard.
Le trio improbable parvint bientôt en bordure du camp. Finwë s'arrêta, aussitôt imitée par les deux autres. Les oreilles pointées vers l'avant, elle guettait la présence d'éventuels ennemis. Rien pour le moment. Il leur faudrait s'approcher davantage pour y voir plus clair.
«Suivez-moi. Et sans un bruit.», ordonna-t-elle.
Puis elle se plaqua au sol et commença à ramper vers le campement.

Finwë & Epsilon & Hikari

Ils y étaient presque, le camp n'était plus qu'à quelques mètres lorsqu'un bruit dans son dos faillit faire sursauter Finwë. La louve se retourna et vit qu'Epsilon fusillait Hikari du regard. La jeune louve affichait un air désolé, qui indiqua qu'elle était à l'origine de leur échec. Mais Finwë n'était pas méchante. Elle savait que l'embarquer avec eux pouvait leur imposer quelques difficultés mais avait tout de même choisi de le faire, aussi était-elle responsable d'Hikari. L'agitation s'éleva dans le camp et le groupe s'éclipsa rapidement sans se faire repérer. Ils se dissimulèrent dans un bosquet à l'abri des regards et attendirent que les Hommes retournent à leurs occupations.
«Bon, nous allons essayer de trouver un autre point d'observation., dit le bras droit. Et Hikari, essaye de ne pas faire de bruit cette fois-ci.»
Elle lança un regard entendu à la louve et un autre plus appuyé à Epsilon. Elle n'aimait pas ces regards meurtriers qu'il adressait à la petite depuis son erreur.
Après cette interruption, tous trois reprirent la direction du camp, plus silencieux et alertes que jamais.

Finwë & Epsilon & Hikari

Cette fois-ci fut la bonne, et lorsqu'ils arrivèrent à proximité du camp, les trois Inkyva se camouflèrent derrière des rochers pour observer l'endroit sans se faire repérer. Des tanières de peau étaient dressées un peu partout, certaines petites, d'autres plus imposantes. Finwë scruta longuement l'ensemble du camp. A sa grande surprise, les Hommes d'ici ne transportaient aucun monstre de fer. Bizarre ... Les humains ne se promenaient jamais sans eux normalement.
«Vous voyez quelque chose ?
La voix fluette d'Hikari tira Finwë de son observation.
-Ils sont assez nombreux, mais leur camp ne ressemble en rien à ceux dont on a l'habitude. Ils n'ont pas de monstres de fer. A moins qu'ils ne les cachent plus loin., exposa le bras droit.
Elle se tourna vers Epsilon, resté silencieux jusque là. Elle pouvait comprendre qu'il soit plus impliqué qu'elles, mais il ne devait pas se laisser submerger par son instinct. La moindre erreur pourrait leur coûter cher.
-Ne t'inquiète pas. Si elle se trouve ici, nous retrouverons ta fille.», dit-elle d'une voix douce.
Elle savait que la sentinelle était loin d'être sensible et qu'elle ne récolterait probablement qu'un regard mauvais de sa part pour sa compassion. Mais elle s'en fichait. Elle tenait aux membres de sa meute, même les anciens Sekmet. Peut-être était-elle en train d'accepter les Inkyva finalement ? Elle n'avait pas le temps d'y réfléchir pour l'instant. Ils devaient en apprendre plus avant d'entrer dans le camp. En voir les occupants pourrait être intéressant, mais pour l'instant l'endroit semblait désert.

Finwë & Epsilon & Hikari

Comme la louve s'y attendait, Epsilon répondit sèchement.
«Je ne m'inquiète pas. Avançons au lieu de discuter., lâcha-t-il.
Le bras droit n'ajouta rien, se contentant d'acquiescer. Elle suivit le mâle, qui avait pris les devants, probablement pour éviter d'avoir à parler. La louve argentée lança un regard rapide à Hikari, s'assurant qu'elle était derrière elle et bien concentrée. Plus ils s'approchaient, plus le danger serait grand. Elle devrait garder un œil sur elle. Ils avancèrent jusqu'aux premières tanières de peau, et s'immobilisèrent lorsqu'ils entendirent enfin les humains. Deux d'entre eux passèrent non loin, et camouflés dans l'ombre de leur tanière, ils purent les observer. Ils étaient chétifs, et démunis de bâtons de feu. Peu après un enfant humain courut dans leur direction, avant d'être interrompu par une femelle qui le souleva dans ses pattes. Des enfants et des femelles ? Finwë jeta un regard à ses compagnons, remarquant chez eux la même perplexité. Les Hommes qui les menaçaient habituellement ne prenaient jamais leurs familles avec eux dans les camps. Se pourrait-il que ceux-ci soient différents ? Si ils étaient inoffensifs, tant mieux. Leur plan n'en serait que plus simple. Mais des aboiements un peu plus loin vinrent contredire les pensées du bras droit. Des chiens. Déchaînés d'après le ton agressif de leurs voix. La louve se demanda à qui ou quoi ils pouvaient bien s'en prendre lorsque son ouïe développée lui permis de distinguer un grognement différent. Un grognement de loup. Et la réaction d'Epsilon, qui se tendit soudainement, confirma ses soupçons. Sa fille. Un cri humain résonna et le calme revint soudainement sur le camp. Certains chiens passèrent non loin de leur position et Finwë retint son souffle. Bien que faméliques, ils étaient nombreux d'après ce qu'elle avait entendu. Au moins une dizaine. Heureusement pour les Inkyva, le vent jouait en leur faveur et les canidés ne se doutèrent de rien.
La louve se redressa quelque peu et se tourna vers les sentinelles.
-N'oubliez pas, nous sommes là pour récolter des informations, rien de plus. Si Pandora est bien là, nous reviendrons au plus vite avec plus de loups pour la sortir d'ici, d'accord ?
Elle fixa Epsilon un long moment. Il ne fallait pas qu'il fasse de connerie. Elle se doutait que ce ne serait pas facile. Elle espérait qu'il avait un minimum de bon sens et lui obéirait sans discuter. Sinon ... Elle ne préférait pas penser à ce qui pourrait leur arriver si ils étaient repérés. Ces humains n'étaient peut-être pas aussi dangereux qu'ils le pensaient, mais ils restaient des humains. Imprévisibles, destructeurs et foncièrement mauvais.
-Allons-y. On reste dans l'ombre, on évite les chiens.», souffla-t-elle.
Elle prit une grande inspiration. Puis, en rampant silencieusement, elle se déplaça jusqu'à une autre tanière de peau.